Chapitre 6 - First Date

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             ~ Christina Aguilera - Get mine, get yours ~

Stéphanie — 5 September 2013 — Los Angeles

Au prime abord, ses traits m'ont paru familier et je l'ai donc reconnu. Mais face à sa réaction, que je qualifie de virulente, je n'ai, au final, remarqué qu'un gars d'au moins une vingtaine de centimètres de plus que moi en train de vociférer son mécontentement. Et mon courroux a libéré une diatribe difficile à arrêter. Puis, il s'est calmé et j'ai dû en faire de même. Chemin faisant, nous avons fait plus ample connaissance autour d'une bière. Et il en est venu à me demander de venir panser ses plaies. C'est curieux comme demande, mais cela m'a plongé dans un certain engouement parce que je ne peux nier qu'il me plaît vraiment : son sourire, ses billes  hypnotiques et ce timbre de voix. Cela semble ridicule, mais lorsque je suis sous le charme, tout me séduit.

Et quand je suis rentrée chez moi, l'adrénaline coursait encore dans mes veines. Au point que je n'avais en tête que cette entrevue et qu'il m'était difficile de trouver le sommeil. J'ai donc préparé ma tenue pour le lendemain, organisé mon itinéraire de Downtown jusqu'à Highland-park et vérifié mon matériel rassemblé dans une trousse très fonctionnelle. Et j'ai fini par m'endormir vers les 4 heures du matin.

Quelques heures plus tard, les miaulements de Soa m'ont tirée du lit vers les 10 heures pour que je me recouche une demi-heure plus tard. Ayant oubliée la programmation de mon réveil, je me lève à 14h.

Bordel !

D'un bond, je file sous la douche, enfile un jean troué, un teeshirt moulant et des baskets. Un trait de liner sur les yeux, les cheveux noués en queue de cheval et je fonce vers la machine à café.

Il est déjà 15h.

Il faut que j'y aille. Pas le temps pour un cappuccino.
Je charge mon matériel et sors au pas de course pour attraper le bus 182. Trouver des places pour se garer relèvent parfois du défi, alors je m'abstiens donc d'y aller en voiture.

Écouteurs vissés aux oreilles, la voix de Christina Aguilera
me fait patienter tranquillement. Mais les arrêts fréquents du bus, couplés à sa lenteur légendaire, mettent mes nerfs à rude épreuve.

Can you put your hands on my waistline?
Want your skin up against mine
Move my hips to the baseline.
Let me get mine, you get yours.

Le bruit des sirènes provenant de la rue perce à travers la musique. Des voitures de police équipées de leur gyrophare nous dépassent, slalomant au milieu des autres véhicules et laissant le trafic routier en arrêt pour quelques minutes.

Quand ça veut pas.

Avant, je me dévissais le cou jusqu'à apercevoir peut-être quelque chose. Mais à présent, je fais comme les autres, j'oriente juste la tête dans la direction prise par les flics, et blasée, je laisse échapper un soupir. Il s'agit souvent d'une course poursuite ou d'une voiture en feu sur l'autoroute. Un grand classique de Los Angeles auquel je me suis accoutumée.

Coincée entre un gars transpirant, un autre à l'haleine éthylique et la vitre du bus, je rage intérieurement. Au bout d'une vingtaine de minutes, on se remet en marche et la station Ave 43 & Figueroa apparaît enfin. À l'ouverture des portes, une masse de monde se propulse vers la sortie. Je réussis enfin à m'extirper de la limace ambulante et longe rapidement la rue jusqu'au domicile de Chris.

Essoufflée à moitié, je toque à sa porte. Il ne tarde pas à m'ouvrir, affichant un grand sourire.

— Hey. Tout va bien ? demande-t-il, surpris de mon état.
— Salut, oui, rassure-toi. Tout va bien.
— OK.

Heart holds a gunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant