CHAPITRE 24 : "APPELEZ-MOI MICHAEL"

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« Monsieur Sawyer,

Je m'excuse du retard de cette lettre que vous devez attendre depuis des années. Comme vous devez vous en douter, mon esprit a été beaucoup trop accaparé. J'en manque même à mes devoirs en ne prenant jamais de vos nouvelles. Mais c'était trop risqué. D'ailleurs, je suis convaincu que c'est la même chose pour vous.

Je ne vous ai pourtant jamais oublié. Tant par cette promesse que vous m'avez faite, que par les souvenirs de cette époque légère et insouciante où je travaillais pour vous.

Si vous recevez cette lettre, qui, je l'espère, arrivera au plus vite entre vos mains, vous devez probablement vous réjouir. Je vous avoue que, de mon côté, ce sentiment ne m'habite pas encore.

Je suis en chemin, mais tout peut encore arriver. Je ne suis certain de rien. Tout est là, avec moi, mais ... tout peut disparaître. Je peux disparaître ...

Monsieur Sawyer, si vous saviez comme je souhaiterais être en votre compagnie, dans votre salon, ces fichus papier en main, avec l'espoir de pouvoir profiter de cette si grande salle de bain et me laver de toute cette histoire. La police ne semble pas être encore à nos trousses, mais c'est justement ce qui me fait le plus peur. Je pense qu'un pire mal nous attend non loin de nous.

Depuis quelques mois nous avons dû nous arrêter pour des raisons de sécurité, même si j'espère secrètement que nous puissions bientôt reprendre la route. Où que nous soyons, nous couvrons un grand danger, à l'arrêt comme sur les routes.

Et oui, vous avez bien compris, je ne suis pas seul. J'ose espérer que votre magnanimité et notre amitié sauront être présents, car oui, vous risquerez d'être surpris. Circonstances atténuantes. Saviez-vous que Monsieur Millenda est le père d'un enfant ? Il vient d'avoir treize ans et il est avec moi. Tout comme Naya et Esteban. Oui. Circonstances atténuantes.

Si Le Seigneur me fait miséricorde et me permet de passer le seuil de votre porte, je vous demanderai toute votre indulgence et peut-être un matelas supplémentaire pour pouvoir accueillir tous ces jeunes oiseaux tombés du nid. Ils n'ont pas dormi dans des draps propres depuis des années. Vous comprendrez bien assez vite, mais ... Je suis persuadé que vous avez déjà tout compris.

Pardonnez-moi encore pour toutes ces péripéties, je sais que je vous en rajoute alors que vous avez suffisamment souffert de votre côté. J'espère sincèrement que tous ces événements n'entacheront pas notre amitié. Je vous remercie d'avoir été la seule personne à m'écouter, et à me considérer comme un ami, et non un majordome.

Prenez soin de vous, Monsieur Sawyer.

Luìs. »


« Même après toutes ces années, cette tête de mule continue de m'appeler Monsieur Sawyer ! »


Michael ricane nerveusement, devant cette lettre qu'il a lu et relu avec excitation et appréhension. Michael s'assoit en secouant sa tête, sa main gauche sur le front, son sourire enfantin ne le quittant plus ;


« Il pense encore que je le dérange, dix ans après avoir quitté le domicile. Aaaah Luìs, Luìs, Luìs ... »


Comment Luìs peut-il encore s'excuser ? Il a toutes les raisons du monde de vouloir venir ici ... Michael est prêt. Tous les dossiers d'archives sont annotés, bien rangés dans un coin de sa grande bibliothèque. Michael a fait de longues recherches, comme à son habitude. Il n'a pourtant pas ces précieuses informations que lui et son cher Luìs attendent depuis fort longtemps. L'excitation est à son paroxysme. Pourtant, comme Luìs le souligne, tout peut encore arriver. Mais Michael ne désespère jamais. Ce n'est pas dans ses habitudes.

Le Loup et la RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant