ͼɧɑρɨʈɽε ¹1

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— Aël, réveille-toi, chéri.e.

Arf... Était-ce déjà le matin ?

Parce que moi, je n'étais pas du matin. Pas du tout. Je roulai alors sur le côté en émettant un grognement peu charmant et m'emmaillotai dans ma couverture afin d'échapper à l'alarme humaine : mon père.

— Papa ? hoquetai-je d'un coup.

Je me redressai brusquement, arrachai presque mon bandeau de nuit de mes yeux et battis des paupières pour accélérer ma mise au point. Je constatai alors que j'étais bien chez moi, avec mon père, qui se dirigeait tranquillement vers la large fenêtre donnant sur la rue en contrebas.

Comme à son habitude, il ouvrit les rideaux d'un coup sec. Je levai une main pour contrer le soleil. Déjà éclatant, il baigna ma chambre d'une lumière tiède immaculée.

— Allez, debout, insista mon père en revenant vers moi.

— Papa, répétai-je, abasourdi.e.

Je me souvenais parfaitement des événements... de mon cauchemar ?

Mon désarroi suite aux attaques des Anges, le sort jeté à papa, la présence réconfortante de Haslow, les autres que j'avais rencontrés au Manoir, ou même mes blessures... Tout cela n'avait donc été qu'un mauvais rêve ? Le simple fruit de mon imagination apparemment très fertile ?

Ça avait pourtant eut l'air si... réel !

La joie se diffusa toutefois dans mes veines telle une drogue euphorisante. L'esprit à nouveau serein, je me laissai retomber en arrière et glissai la main dans mes cheveux avec un soupir de soulagement.

Mon père ri doucement de mon attitude flemmarde, je n'avais jamais autant apprécié entendre sa voix. Assis au bord du lit, il m'asticota de l'index.

— Je sais que tu as passé une nuit difficile, trésor, mais ne traîne pas. Une personne très importante t'attend au salon.

— Comment ça... Qui est-ce ? m'intriguai-je, sourcils froncés.

Papa me sembla un instant mitigé, puis il m'adressa un léger sourire avant de se pencher pour m'embrasser le front.

— Tu le sauras quand tu descendras. Allez, debout et paré.e à briller !

À mon tour d'afficher un rictus amusé. J'appréciais lorsque mes proches ou ma clientèle s'appropriaient mon mantra. Je le suivis distraitement du regard en me demandant qui pouvait bien nous rendre visite à une heure si matinale.

Peu après que mon père soit sorti de ma chambre, je me décidai à m'extirper du lit avec un bâillement capable de me décrocher la mâchoire et me dirigeai vers la salle de bains. Une vingtaine de minutes plus tard je descendis au salon, rempli.e de mon peps après-douche et affublé.e de mon gilet en mousseline préféré. Long et vaporeux, il se refermait parfaitement sur mon crop top et mon short. L'été s'était toujours révélé ma saison préférée et avec moi, estival équivalait à nombril à l'air ! Sauf que les débuts de matinées s'avéraient parfois frisquets.

Le vacarme de mes sandales dans l'escalier cessa quand j'arrivai au rez-de-chaussée. À en croire les éclats de rire, mes pas bruyants n'impactèrent nullement l'ambiance. Un sourire enjoué placardé aux lèvres, j'avançai jusqu'au fauteuil, pressé.e de savoir qui tenait si bonne compagnie à papa. J'aperçus vite une femme assise à ses côtés. L'angoisse me frappa soudain en plein ventre. La rousse était de profil. Ainsi, je ne vis pas son visage mais interrompis pourtant mon élan.

Les images de mon rêve s'imposèrent. Je revis ces gens s'attaquer à moi sans relâche, j'entendis à nouveau leurs voix réclamer ma mort. Mon rythme cardiaque accéléra tant je redoutais un nouvel assaut. Je reculai machinalement de quelques pas, au moment même où l'inconnue se tourna vers moi. Elle saisit mon être tout entier de ses yeux clairs, aussi intenses que les leurs. Mais alors que je m'attendais au pire, un sourire radieux fleurit sur ses lèvres joliment rosées. Il releva les pommettes d'un visage fin assez jeune.

Illégitime Néphilim 1 : AëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant