ͼɧɑρɨʈɽε 8

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Le calme de la nuit retomba sur cette portion de route appartement non fréquentée. La quiétude s'accompagnait du chant du vent, qui m'effleurait le visage, et de celui des insectes tapis dans la végétation.

Le souffle toujours erratique, je fermai les yeux, m'efforçant de vider mon esprit. J'étais à nouveau hors de danger. Mais pour combien de temps ?

— Ça va, Aël ? s'enquit Haslow.

Incapable de lever le pouce, j'émis un grognement pour prouver que je n'avais pas trépassé.

— On dirait que ta partie de cache-cache angélique t'a bien vanné ! Mon pauvre.

Ugh... Était-il même possible d'espérer du répit avec un tel abruti dans les parages ?

Il me restait tout juste la force d'ouvrir les yeux tandis que leurs pas se rapprochaient. Haslow marchait lentement, en se tenant les côtes. J'eus le loisir de la voir se hisser sur ses pieds pour flanquer à Paxton une bonne claque derrière la tête.

— Aïeuh ! Sérieux ? ronchonna la victime, qui se retourna dans un sursaut et se frotta le crâne comme si elle souffrait le martyre.

J'esquissai un sourire moqueur alors que Haslow lui passait un bon savon.

— On en est là à cause de toi ! On dirait que tu relâches de plus en plus ta vigilance. Par excès de confiance, ou par bêtise ? Je l'ignore, mais ça aurait pu très mal tourner. Dis-moi comment tu comptes passer Exécuteur si tu te gourres même dans tes symboles de protection ?

— Le job est plus ciblé, m'man, marmonna-t-il en levant les yeux au ciel. À chaque mission, je saurais ce que je traque et je me préparerai en fonction. Là, c'était de l'impro totale. C'est pas comme si j'avais pu vérifier l'agencement correct d'un sceau de dissimulation en despi¹ sur Wikipédia. D'ailleurs, si vous n'étiez pas dans les parages j'en aurais même pas eu besoin. Je les aurais dégagés en deux-deux ces fils de...

— Cesse de jurer ! Et ta bien piètre excuse souligne exactement ce que je pointe du doigt, à savoir que tu ne pourras pas toujours compter sur ton don inné. Tu devras redoubler de minutie si tu veux vraiment changer de faction. Être prêt aux imprévus en tout temps, encore plus que maintenant.

Je fronçai des sourcils en écoutant leur dispute déroutante. L'inquiétude de Haslow transpirait dans ses mots. Elle était donc bien la mère de Paxton. Mince alors, la pauvre... Mais quel pouvait bien être le don inné de cet idiot ? La goujaterie ?

Et puis, c'était quoi cette histoire de faction ou même d'exécuteur ?

— Bon, allez, reprit la sorcière. L'expulsion ne fera pas effet bien longtemps. Je vais tracer de vrais cercles de dissimulation. Toi, aide Aël à remonter en voiture avant que je te rappelle qu'avoir vingt-quatre ans n'est pas gage de ne plus recevoir une bonne correction.

Paxton finit par ricaner bêtement. Sa mère ébouriffa ses cheveux – déjà en bataille –, avant de se diriger vers le véhicule bien amoché. Le fils acheva son avancée jusqu'à moi et s'accroupit à mes côtés. Sous cet angle, il avait presque l'air sympa.

— Tu peux te lever, ou je dois te porter ?

Contre toute attente, il tendit la main. Je dégageai immédiatement mon bras.

— Ne me touche pas !

J'en avais plus qu'assez des contacts humains. Et pour un bon moment ! Il y avait d'abord eut le type qui m'avait brûlé le bras. Puis la vision d'horreur générée par celui-là à l'hôpital. Et, cinq minutes à peine auparavant, ces satanés Anges essayaient de me liquéfier le cerveau !

Illégitime Néphilim 1 : AëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant