Chapitre 19

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~Harry~

"Je m'enfonce complètement, je donnerais tout ce que j'ai contre une machine à remonter le temps" Gringe

-‎Mon grand père t'aurait sûrement dit que lorsque deux étoiles se rencontrent, il n'y a pas d'explication. 

-Alors soyons des étoiles qui se rencontrent. Sans explication. 

Je ne saurais dire ce qui m'a pris, je me suis juste laissé guider. Je me suis laissé aller, pour la première fois, depuis que ma sœur n'est plus là. Comme j'aimais le faire auparavant, se laisser aller, le plus vite possible et respirer cette liberté. Etrangement, j'ai ressenti une chaleur réconfortante quand Louis m'a regardé, presque ému par notre discussion. J'avais l'impression d'être enfin compris. Je me retenais si fort de me rapprocher de lui, je ne voulais pas l'effrayer. Mais, il y avait comme un aimant dans ma poitrine qui cherchait à se rapprocher de celle de Louis. 

Sauf que j'ai bien vu son regard lorsque nous nous sommes dirigés vers ma maison. J'ai vu à quel point il était inquiet, et soucieux de ce qui pourrait arriver. Et comme je lui ai dit, je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa vie mais j'ai l'impression que tout lui fait peur, qu'il se méfie de tout. J'ai bien l'impression qu'il a perdu toute confiance autant pour lui que pour les autres. Et je me demande bien pourquoi... 

Louis est en train de prendre trop de place dans ma tête bordélique et, pourtant, mon coeur continue tout de même de vouloir se rapprocher de lui. Mais bizarrement je n'ai pas envie que ça ne cesse car je suis moins en apnée quand il est à côté de moi. Je ressens moins son absence au creux de mon cœur. Mon esprit est moins embué par son coma, par les reproches incessants de mon père et la tristesse de ma mère. 

Nous sommes toujours dans cette cabane, sur le dos, nos épaules se frôlent et nos pensées virevoltent au son du vent. Puis, soudainement, c'est la voix de Louis qui se mêle au son des feuilles. 

- Je pense que tu l'as compris mais c'est mon grand-père qui était à l'hôpital ce matin... Et je sais bien qu'il est malade, mais je ne pensais pas que tout allait s'accélérer d'un coup.

Il ferme les yeux, violemment, comme pour empêcher les larmes de couler, en même temps que certains souvenirs refont surface. Il se met alors à respirer un peu plus fort et rapidement. Il cherche ses mots, alors je le laisse prendre son temps. Je le regarde avec attention, le laissant faire le tri dans toutes ses pensées.

- Je... J'ai... J'ai dû lui faire un massage cardiaque... J'ai cru qu'il allait mourir là, juste devant moi. Et le pire dans tout ça, c’est que je ne pouvais rien faire. 

J'ai l'impression qu'un nœud se place au fond de ma gorge, empêchant n'importe quel son de sortir. Je n'ai pas le temps de trouvé les morts, qu'il continue de me raconter ce qu'il se passe, alors que je suis incapable de lui répondre. 

-Il a la maladie d'Alzheimer, et je ne sais pas comment gérer cette maladie, les pertes de mémoire, les oublies de médicaments, les phrases répétitives et les mots oubliés... Et, en plus de tout ça, il faut qu'on lui diagnostique la maladie de Parkinson... Comme si tout ça, ce n'était pas assez... 

Il tourne à son tour sa tête vers moi. Je peux y voir des larmes au coin de ses yeux qui menacent de tomber, rendant ses yeux encore plus bleus, un bleu colérique et triste. Mais je n'aime pas ce bleu, il est triste, beaucoup trop triste...

-J'ai tellement peur Harry...

Je ne sais pas quoi lui répondre, je n'arrive toujours pas à trouver les bons mots, alors que pour moi-même, je ne les trouve pas. Alors, encore une fois, tout en gardant mon regard dans le sien, je me laisse aller. Je laisse glisser ma main pour prendre délicatement la sienne. Il baisse alors les yeux vers nos doigts entremêlés, fixant nos mains d'un regard profond. Puis je chuchote, comme effrayé de l'avouer trop haut. 

Run With Your FearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant