Chapitre 20

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"Je suis celle que l'on ne voit pas, je suis celle qu'on n'entend pas, je suis cahchée au bord des larmes, je suis la reine des drames" Pomme

Harry

Lorsque je reviens, il fait nuit, il doit être vers 20 heures. Il fallait tout de même que je rentre, peut-être pas pour moi mais, au moins pour ma mère. Et puis, je n’ai pas le droit de commencer à penser comme mon père. Je n’ai pas le droit de penser qu’elle ne va jamais se réveiller, tout simplement car cela n’est pas vrai. N’est-ce pas ? 

Je rentre ma moto dans le garage. Je relève la tête, ma mère m'attendait. Elle est assise sur les marches qui mènent à la salle, avec entre ses mains une tasse de thé. Je m'avance vers elle, et lui donne un bisou sur la joue. Elle me sourit alors tendrement en passant sa main sur ma joue. 

Je la regarde et je vois bien que tout comme moi, son sommeil n'est plus aussi calme qu'auparavant. 

Je vois aussi son regard divaguer derrière moi, se posant sur ma moto. 

-Oh tu l'as récupérée. 

-Oui maman, elle a été réparée... Enfin... 

J'y aperçois ces ombres au fond de ses yeux, similaires à celles qui étaient présentes le jour où elle m'a vu dans ce lit d'hôpital.

-Harry, tu sais que je suis là, je serais toujours là, tu peux me parler. 

Je sais qu'elle aurait envie que je lui parle de ce que j'ai sur le cœur, de ce qui me fait réellement mal. Je sais que pour elle je devrais en parler, briser le silence sur ce qui se passe au sein de notre famille. Mais je n'y arrive pas, c'est comme ci, mon cerveau avait enfermé mon cœur à double tours. C’est comme-si, on m’avait cousu la bouche. 

Et comme parfois, un geste vaut mieux que mille paroles, je m’avance alors vers elle, et je l'enlace fortement, me laissant aller dans ses bras réconfortants. Mais ce moment vire au drame lorsque nous sursautons tous les deux à l’entente de la voix de mon père, furieux, encore… 

-Je peux savoir où tu étais parti ? Tu étais censé venir me voir dans mon bureau après avoir ramené ton ami. 

-J'ai reçu un appel du garage, je suis allé chercher ma moto avant qu'il ne ferme. 

-C'était donc plus important que de venir me voir ?

-Pour moi, oui, c’était bien plus important. 

-Harold ! 

Je me recule brusquement de ma mère et en serrant les dents. 

-Ne m'appelle pas comme ça papa, tu sais très bien pourquoi. 

-J'appelle mon fils comme je veux ! C'est bon tu as récupéré ta moto, tu es content ! Alors qu'est ce que ça te fait d'en refaire, Harold ?! 

-Marc ! Laisse Harry tranquille ! 

-Non, t'inquiètes pas maman, tout va bien. N'est-ce pas papa ? Qu'est ce que tu veux savoir hein ? Que je ressens la même liberté qu'avant en faisant de la moto? Que je me sens vivant quand j’en fait ? Mmmh, c’est ça que tu veux savoir ?  Et bien la réponse est oui ! Putain mais quel dommage, ton fils va continuer à rouler avec la chose qui a mit ta fille dans le coma ! 

Ma mère tente de me calmer en posant sa main sur mon bras, et tentant de capter mon regard, mais je ne regarde que celui qui déverse un flot de haine contre moi et lui. 
Celui qui est à l'origine de ma colère qui ne fait que de me bouffer de plus en plus. Il est là devant moi, me regardant avec dégoût, et c'est comme-si je n'étais pas son fils, c'est comme-si j'étais seulement ce chauffard qui nous avait écrasé moi et ma sœur. 

Run With Your FearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant