If this was the end.

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Si je mourrais, qu'en adviendra-t-il ?

Aujourd'hui je crois que je suis morte. Enfin si j'étais réellement morte je ne pense pas que je serais là. Par « là » je veux dire cet endroit froid et sombre où je me trouve, je ne sais pas encore exactement ce que c'est. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il fait très froid, de plus en plus je crois, je ne suis pas certaine parce que je suis sensée être morte donc je ne sais plus tellement ce qui est vrai et ce qui est faux. Je m'excuse d'avance je crois que tout ça risque d'être un peu brouillon, si vous ne comprenez pas tout, attendez la fin. D'ici là : « trust the process ».

Reprenons depuis le début. De ce que j'arrive à me souvenir la dernière fois que j'ai ouvert les yeux j'étais dans un camion de pompier et un jeune homme me demandait mon nom tout en m'indiquant de garder les yeux ouverts. Ensuite plus rien. A en juger par l'endroit où je me trouve je n'ai pas dû garder les yeux ouvert... Et maintenant je suis sûrement morte. Attendant que l'ange de l'au-delà vienne me chercher pour m'emmener là où je dois trouver la paix. C'est bien ça non ? Il va arriver dans son bateau et m'emmener avec lui. Oh mais attendez une seconde ! Je n'ai pas de quoi payer mon passage ! Personne n'a pensé à me laisser une pièce ! Comment je vais faire ? Je ne veux pas rester bloquer ici pour l'éternité. Bon calmons-nous. Si je me concentre sur quelque chose de concret j'arriverais peut-être à ne pas paniquer. Essayons de voir ce qu'il y a autour de moi : ma main droite touche quelque chose de long et ferme, on dirait un bout de bois, et au bout... quelque chose d'humide, comme des algues... Beurk. Ne pas paniquer. Ne pas paniquer. L'histoire. Où en étais-je dans l'histoire. Le pompier. Avant ça c'est un peu flou. Je crois que je rentrais chez moi, j'avais passé l'après-midi avec mes amis. On a fait les magasins et j'avais acheté une nouvelle robe, je me demandais laquelle j'allais mettre à mon anniversaire parce que j'en avais déjà une chez moi que j'avais prévu de mettre, mais maintenant j'hésitais.

Futile. C'est futile ça Chloé ! Les détails essentiels, c'est ça qu'on veut. Avant ça, que s'est-il passé ? Concentre toi !

D'accord, d'accord. Bon, avant de les rejoindre j'étais seule chez moi. Je réfléchissais, comme chaque fois que je me retrouve seule, au sens de ma vie, à ce que je vaut et à qui je suis. Suis-je une bonne personne ? Suis-je réellement aimé ? Désirée ? Si j'étais morte est-ce que cela changerait vraiment quelque chose ?

Oui, c'est ça, continue.

C'est cette question qui me trotte dans la tête depuis des années. Parfois elle s'estompe et j'oublie presque son existence, mais elle revient, encore et toujours, inlassablement. J'ai cru m'en être débarrassée, j'ai appris à m'aimer réellement, à vivre avec moi même, à être heureuse seule. J'ai appris des nombreuses déceptions que j'ai vécu, je me suis relevée et j'ai recommencé, encore et encore. Je savais que ça ne s'arrêterait jamais, que même lorsque je croyais que tout allais bien, que j'étais heureuse, quelque chose allait arriver et ce cercle vicieux aller recommencer, mais que cette fois et les prochaines je serais plus forte, que ça m'atteindrais moins. Malheureusement je me trompais et finalement je trouve toujours un moyen pour sombrer encore plus loin encore plus douloureusement. Parce que oui, je le sais, je l'ai compris depuis longtemps : je suis ma pire ennemie. Je m'entraîne toute seule dans ces ténèbres. Finalement le point positif c'est que je suis plus forte que moi-même puisque je m'en sors toute seule. Enfin bon voilà où j'en étais ce jour-là. A me tourmenter encore et toujours, à en revenir à l'éternel question et à imaginer de nombreuses morts différentes, à me dire que de toute façon je ne me suiciderais jamais, j'ai bien trop peur, mais qu'un malheureux accident de voiture est vite arrivé et que ce ne serait pas si grave que ça. Bien évidemment je pense à ma famille, à la douleur que ça leur ferais de me savoir morte, au traumatisme que je laisserais à mes sœurs, au vide que je creuserais au fond de leurs coeurs à tous. Enfin bref je sais au fond de moi que bien des gens serais triste si je venais à mourir, mais malgré tout je n'arrive pas à m'enlever cette idée de la tête, que peut-être ça ne serait pas si mal, que peut-être je ne manquerais pas à tant de monde que ça, que peut-être tout serait plus simple pour tout le monde. Donc voilà où j'en suis, je pense que mon vœux s'est réalisé.

Bon déjà une bonne chose de faite, tu sais la raison pour laquelle tu te retrouve ici aujourd'hui. Maintenant il s'agirait de sortir d'ici avant de finir congeler et de mourir une deuxième fois dans la même journée. Et je crois avoir deviner où on se trouve. Tu dis avoir toucher un bâton avec quelque chose de mouillée au bout ?

Oui.

J'ai trouvé un truc rond contre un mur, essaye de pousser à cet endroit.

Wow, ça bouge. Ah ! Trop de lumière, ça brûle les yeux.

Retourne toi, regarde où on était. Un placard à balais, j'en étais sûr. Mais pourquoi faisait-il si froid ? On est en été.

Aucune idée, peut-être que je suis vraiment morte, quand on meurt il est souvent dit que notre corps refroidit dû au sang qui ne circule plus.

Tu n'es pas morte, je ne pense pas et tu le sais aussi. Regarde, qu'est-ce qu'on fait dans ta fac ?

La fac... Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venue ici. J'avais presque oublié à quoi ça ressemblait. Mais elle est fermée à cette période de l'année. On est sensée être en été, il n'y a plus cours depuis longtemps.

Oui mais les rattrapages ?

En distanciel.

Ah, bon alors sortons, évitons qu'on nous trouve ici, ils vont sûrement croire qu'on est venue voler quelque chose.

Oui sortons, mais pour aller où...?

Songes d'une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant