I. La Guerrière et le Dévot

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    « Tu vois Paul, l'artisanat est une noble vocation. Si tu acceptais de suivre la voie que je t'ai tracée, si tu reprenais la forge, alors tu comprendrais. Regarde cette lame en alérite. Tu dois être comme elle. Imperturbable, résistant, légèrement flexible mais surtout fin et subtil en tout. Cette arme est le prolongement de celui qui la manie, elle doit lui ressembler, partager ses traits, son caractère. Tu n'es bien entendu pas fait pour les combats à la hache mon fils » 

Les rires lointains et tonitruants de son père lorsqu'il avait prononcé ces paroles résonnaient encore dans son esprit alors que Paul se levait, après une autre nuit fort désagréable passée à ressasser les mêmes événements. Encore. Et encore. Déjà quatre ans que ses parents avaient été victimes d'un raid des Khazkiz et avaient péri sous ses yeux, traumatisme qu'il lui avait fallu surmonter le plus rapidement possible, alors que la froide réalité de son monde s'était imposée à lui et que la nécessité d'échapper à la « protection » de la pègre locale était devenue un impératif. Le nez plissé par les relents nauséabonds des bas quartiers, seul refuge offrant encore quelques planques à peu près intouchables, et se relevant d'un mouvement fluide tout en saisissant Pourfendeur, sa lame runique en alérite, il était temps de bouger et de trouver un nouveau havre de tranquillité d'ici la prochaine nuit.

des bruits de pas... 4 personnes... armées.... odeur d'égouts

Oui, pas de doute, définitivement des brutes du clan Kass Kran pour faire si peu attention à la finesse et à l'esthétique. Au moins avec eux la dissimulation ne serait même pas nécessaire, étant donnée leur incroyable incapacité à viser même à courte distance. Ils pourraient même rater un mastodonte dans un canyon. L'échappatoire ? Courir. Juste courir. Vite. Après tout, même face à une telle incompétence, le sens commun tendrait à suggérer d'être prudent face à un déluge de projectiles de 50 mm dans une rue étroite.

« Paul, je sais où tu te caches ! Viens ici que je te bute ! Fallait pas refuser une offre aussi généreuse que celle du patron »

Le sourire carié de Fatboi, l'homme de main du patron, transparaissait dans ses paroles. Il ne manquait plus que ça, adieu l'effet de surprise alors.

« Je te préviens gamin, si tu sors pas sans broncher d'ici 5 secondes, te plains pas si tu finis en passoire dans les affaires de cuisine du patron !

Merde, pas vraiment le choix maintenant

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vraiment pas d'autre solution ?

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Arrrgh même pas de conduit d'aération ou de sortie de secours ?

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-Ok ok les gars, on se calme »

Sortant précautionneusement de son abri de fortune, les mains en l'air, Paul s'avança lentement, en terrain découvert, pour faire face aux quatre golgoths. Deux mètres de haut, cent kilos de muscles, et des trognes franchement antipathiques pour des capacités intellectuelles limitées. Typique du recrutement standard du clan.

« Ben voilà, tu peux être raisonnable quand tu veux »

La voix de Fatboi avait toujours fortement agacé Paul, mais dans ce contexte précis il avait encore plus de mal à Controller sa haine envers ce tas de chair sans cervelle. Ce qui n'empêcha pas le colosse de poursuivre

« Voilà le marché. Tu as une épée qui vaut cher. Très cher. Le patron la veut. Tu piges ?

Tu

La

L'héritier des AbyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant