VII. Vision

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    Une odeur de soufre emplissait la pièce, et une brume jaunâtre se répandait dans les coursives. De larges piliers taillés dans le granite soutenaient une immense voute souterraine. La structure ressemblait étrangement à un temple troglodyte, et les silhouettes encapuchonnées rassemblées en son sein renforçaient l'atmosphère... religieuse du lieu. D'imposantes statues de bronze, le regard tendre et les mains jointes, cerclaient la pièce, gardiens silencieux de l'assemblée. Le long d'un mur anormalement lisse, un trône démesuré gravé de motifs ésotériques attendait, vide, un héritier à sa mesure.

D'un même geste, tous les membres se levèrent et, entonnant un hymne aux sonorités gutturales ils fixèrent leur regard sur les étranges motifs qui, peu à peu, se détachaient sous leurs pieds. D'étranges entrelacs aussi lumineux que captivants veinaient l'intégralité du sol, s'étendant jusqu'aux murs et aux colonnes mêmes. Alors, les lumières se mirent à danser, sortant de la pierre de laquelle elles étaient nées, et se concentraient en un même point, flottant dans l'air. Soudain, un filet de vapeur sortit de la bouche des chantres, et l'hymne se tut d'un coup alors que ces derniers s'écroulaient, en silence. Gisant inertes sur le sol froid, ils n'assistèrent pas à la naissance de la créature qui s'était nourrie de leur vie pour exister et se matérialiser. 

Recroquevillée sur elle-même et enveloppée de flammes en guise de chevelure, une jeune femme d'une beauté éclatante et presque effrayante semblait plongée dans un profond sommeil. Cependant, après quelques instants seulement, ses premières respirations vinrent réchauffer l'atmosphère froide et glauque, et, redressant la tête, elle ouvrit les yeux. Des yeux d'un vert aussi profond que les abysses et pourtant aussi vif et éclatant que les épines d'un sapin au beau milieu d'une plaine enneigée.

Rien ne laissait suggérer que cet être n'était apparu que quelques minutes auparavant. Alors qu'elle se levait, ses gestes empreints d'une grâce surnaturelle elle remarqua le trône, vide. Calmement, solennellement, elle vint s'y asseoir avec confiance. Comme si le matériau qui le constituait était malléable, le trône vint s'adapter à la morphologie de sa nouvelle occupante, se traduisant par un changement brutal de dimensions. Dans un fracas rauque, les statues commencèrent à s'éveiller, sortant de leurs alcôves, et en arrachant une vaste partie par la même occasion. La plus grande d'entre elles, dont les membres étincelants reflétaient la lueur des flemmes de la jeune femme, se plaçant devant cette dernière, s'agenouilla et, inclinant la tête, fit résonner sa voix caverneuse, qui semblait provenir des entrailles mêmes de la terre :

« Ordonnez princesse, et nous obéirons. Que votre volonté seule gouverne ce monde, vos serviteurs s'engagent à vous servir. Du brasier éternel est né ce monde, et dans ces flammes il se consumera. Pendant des millénaires nous attendions votre retour pour réaliser l'ultime consécration

-Qu'en est-il des colonnes de puissance ? Dans cette voix légère et élégante, une autorité ferme était pourtant bien présente.

-Ces groupes d'humains que vous aviez chargé de saboter les colonnes avant de plonger dans votre léthargie se sont crus, dans leur folie, investis d'une mission divine. Ils œuvrent sans relâche à votre projet, et ignorent encore qu'ils ne font que précipiter leur chute. »

A ces paroles, un sourire carnassier vint tordre les traits nobles de la princesse

« -Bien, Je ferai regretter à Yraamu et toute sa lignée les actes de son ancêtre et le sceau que celui-ci m'a imposé. »


« - atchooooum

- un grand gaillard comme toi peut donc bien s'enrhumer de temps à autres ?

- cesse tes sarcasmes Hugo, il semblerait plutôt que quelqu'un soit en train de parler de moi, ça te frustre que je sois plus populaire que toi peut-être ? »  répliqua Yraamu.

L'héritier des AbyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant