Pomf était statique, perdu au milieu de l'agitation des originels, C'était à peine s'il était capable de savoir où il se trouvait. Qu'était-il en train de se passer ? A en juger par la réaction d'Yraamu, il ne s'agissait certainement pas d'un séisme ordinaire. Alors que Mélanie se précipitait hors de la pièce, Hugo saisit Pomf par les épaules et fixa son regard au fond du sien :
« - Je craignais que cela n'arrive, mais vous avez probablement été suivi. C'est après toi qu'ils en ont Paul. A présent nous sommes tous embarqués sur le même navire, alors dépêche-toi de nous suivre, nous retournons à la salle d'armes ».
Ayant prononcé ses mots, il s'élança à la suite de Mélanie et d'Yraamu. Alors qu'ils progressaient dans leur course, les parois de la montagne, qui auparavant lui semblaient rassurantes, lui donnaient la désagréable sensation de se trouver dans un gigantesque tombeau de pierre. Cependant, le chemin qu'ils empruntait lui était légèrement familier, il était donc partiellement capable de s'orienter après seulement un trajet ?
S'il survivait, cela serait potentiellement utile. Parvenant finalement à l'arène, chacun se précipita dans une alcôve différente, en retirant tout un attirail personnel. Parmi les différentes armes et protections, Paul parvint à distinguer le sceptre qu'Hugo avait utilisé lors de leur affrontement, de même que le bouclier et l'épée de Mélanie. Yraamu quant à lui, ne prit qu'un seul objet. Une grande hache à double tranchant qui lui rappelait vaguement quelque chose. Un sentiment de déjà vu indescriptible.
Il n'avait cependant pas le temps de s'y attarder, car bientôt tous revinrent vers lui, et Mélanie lui tendit une armure légère, lui intimant de la revêtir au plus vite, ainsi que *Pourfendeur*, qui disposait à présent d'un nouveau fourreau en cuir et qu'il se passa à la ceinture.
« -A toi de jouer Yraamu !
-Je sais, je sais, pas besoin de me le rappeler Mélanie, préparez-vous ! Ils sont encore à l'extérieur, mais il leur faudra peu de temps pour enfoncer la porte principale, nous devons agir rapidement et neutraliser tous les assaillants que nous trouverons. Si un seul d'entre eux s'échappe, nous serons totalement découverts. Cramponnez-vous ça risque de secouer ! »
Renversant sa prise sur son arme et psalmodiant des litanies presque inaudible, Yraamu vint la cogner lourdement sur le sol, de façon régulière, puis il tira un flacon de sa poche et en répandit le contenu autour de lui, créant un ensemble à la fois complexe et chaotique de formes géométriques.
Une odeur de vinaigre vint chatouiller le nez de Pomf, quelques instants avant qu'Yraamu n'abatte une dernière fois sa hache, dont l'acier rougissait à vue d'œil, comme si un forgeron invisible la chauffait à blanc. Des runes incrustées à sa surface, et jusqu'alors invisibles probablement du fait de l'usure du temps, s'illuminèrent d'un bleu intense. Par réflexe, Pomf porta la main à sa rapière, la sentant vibrer en harmonie avec la prière d'Yraamu tandis que le monde se mettait à tournoyer autour d'eux.
La lumière disparut d'un seul coup, remplacée par un néant surnaturel. Pomf eut à peine le temps de percevoir une voix lointaine lui criant de se préparer que dans un flash de lumière il se retrouva tout à coup de nouveau dans le monde réel, au pied du mont Dyskorda, et faisant face à des assaillants bien tangibles. Il ne leur restait que quelques instants avant que leur présence ne soit découverte, le processus de téléportation semblant n'avoir produit aucun son.
Observant ses adversaires, la vision qu'avait Pomf lui glaçait le sang. Devant lui se dressaient des ombres, vêtues de longues gabardines noires et miteuses, couvertes de poussière et témoignant d'une longue errance. Là où auraient dû se trouver des visages, seuls étaient visibles deux éclats de rubis, enflammés d'une lueur malsaine. Ils avaient donc pris la peine de se dissimuler. Pomf avait déjà croisé des êtres de leur espèce auparavant. Il s'en souviendrait toute sa vie. A portée de main, sa vengeance l'attendait.
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L'héritier des Abysses
FantasyDans un monde ravagé par une catastrophe d'origine inconnue, seules subsistent des cités états, séparées des étendues dévastées et refermées sur elles mêmes. Les nobles, vivant dans l'opulence au sein des quartiers riches, ne se montrent jamais aux...