| Prologue

198 22 7
                                    


Rien. C'était à peu près tout ce que Dazai avait l'impression de faire. Du haut de ses vingt-deux ans, il n'avait ni travail, ni passions, ni amour. Il n'avait que quelques amis qu'il voyait de temps à autres, mais ceux-ci étaient assez pris par le travail.

Le regard rivé vers le plafond blanc de son appartement, il laissa un soupir las franchir la barrière de ses lèvres. C'était son père Mori, qui ne supportant plus de le voir choir sur le canapé du salon de la maison familiale, avait décidé de lui payer un appartement tout en pensant naïvement que celui-ci prendrait son indépendance et déciderait de faire quelque chose de sa vie, ou bien qu'il organiserait des soirées où l'alcool coulerait à flots avec ses amis. La vérité était toute autre.

N'ayant pas changé d'un poil, Dazai se laissait moisir sur le canapé de cuir noir de son appartement. Tout ici était soit noir, soit blanc, à l'exception du parquet d'un bois orangé assez clair, et bien heureusement car sans cela, il serait bien terne.

Son portable sur la table basse vibra, le tirant de ses pensées. Il se relèva sans grande conviction tout de même légèrement interloqué. Il ne recevait jamais d'appel. Un message une fois par semaine de ses amis vérifiant qu'il n'était pas mort -il n'était pas du genre à donner des nouvelles, c'est donc ses amis qui le contactaient- mais jamais rien d'autre. Le nom de Yosano l'alerta d'autant plus. Celle-ci, toujours prise par son travail de juge, était sans doute celle qu'il voyait le moins ces temps-ci. Puis, sa copine lui prenait beaucoup de temps également puisqu'elles profitaient des temps libres de la brune pour se voir. Il ne connaît que son nom, Ozaki Koyo.

Il décrocha sans attendre.

— Dazai, ça fait un bail !

— Ça fait plaisir de t'entendre Akiko. Tu as besoin de quelque chose ?

— Je t'aurais bien contredis pour ne pas passer pour une amie indigne, mais je n'ai pas le temps pour ça, malheureusement.

Osamu, car c'était son nom, fut d'autant plus inquiet. Yosano avait de son côté, bien conscience qu'elle n'avait pas parlé à son ami depuis un moment déjà, et fut prise de remords en se rendant compte qu'elle l'avait appelé dans le seul but d'avoir son aide, bien qu'il s'agisse d'un cas de force majeure.

— Que se passe-t-il donc pour que tu sois aussi inquiète ?

— Disons que je suis sur une affaire en se moment assez compliqué. Un ami de Koyo a eu des problèmes avec son petit ami, et elle l'a encouragé à porter plainte. Il l'a fait et je suis chargé de cette affaire. Elle parlait d'une voix lente, articulant bien chaque mots.

— Ne tourne pas autour du pot Akiko, grinça Dazai entre ses dents, détestant particulièrement qu'on le fasse mariner de la sorte.

— Koyo voulait l'héberger, il ne peut décemment pas rester chez son copain. Le problème et que je n'ai pas le droit de lui adresser la parole puisque je serai la juge du procès qui aura lieu d'ici quelques temps, et il pourrait le perdre par ma faute puisque je pourrai être influencer l'ayant côtoyé, tu vois le genre. Déjà que quand on m'a confié l'affaire, la première question qu'on m'a posée était « Est-ce que vous connaissez Chuuya Nakahara ? » et que c'est seulement car je leur ai dit ne jamais lui avoir parlé, j'ai pu avoir l'affaire. Je dis pas que c'est faux hein, je lui ai jamais parlé. Je me permettrai jamais de mentir là-dessus, d'autant plus si ça peu avoir des répercussions pour lui.

Dazai ne comprenit plus un traitre mot de ce son amie racontait. Il ne l'entendait plus que marmonner dans sa barbe, sans parvenir à trouver un sens à ses paroles.

— On se calme ici. Va droit au but maintenant. Tu sais que je n'aime pas patienter. Et je ne comprends plus rien de ce que tu piailles.

— Pardon, je me perds. Alors... Hum...

Dazai, à présent assis sur le bord de son canapé, se mit à taper du pied.

— Il ne peut pas venir ici, et il n'a nulle part où aller. J'avais d'abord pensé à Ranpo mais celui-ci s'est fait virer de son appartement et vit avec son ami. Tu sais, Edogowa ou quelque chose dans le genre. Puis Kunikida est autant pris par son travail que moi. Alors j'ai pensé que peut-être, tu pourrais l'héberger.

Un silence prit place dans la conversation. Aucun des deux ne dit un mot de plus, avant que Yosano ne reprenne la parole.

— Et puis tu es seul dans ton appartement bien trop grand pour toi ! Il te fera de la compagnie. En plus de ça il a un travail donc tu ne le verras que le soir au pire des cas ! Il partira quand l'affaire sera finie et viendra chez nous, ou alors se prendra un appart' quand il aura assez d'argent ! S'il-te-plaît Osamu !

Dazai se figea. Akiko ne l'appelait jamais par son prénom (personne ne le faisait, d'ailleurs). Il comprit la complexité de la situation, bien que ce soit la première fois qu'il est affaire à ça.

— Bien. J'accepte.

— Pour de vrai ? En fait non, ne réponds pas. Tu n'as plus le choix.

Osamu sourit à sa remarque et laissa son dos se reposa contre le dossier.

— Merci Dazai. Vraiment. Je préviens Koyo par message et elle le préviendra. Je te dirai quand est-ce que tu peux passer le prendre.

— Car je dois venir le chercher en plus ? se plaint Dazai, plus sur le ton de la plaisanterie qu'avec un réel sérieux.

— Il n'a pas de voiture. Ou plus. Enfin, je préfère ne pas trop en dire. C'est à lui de décider.

Le châtain prêta attention aux paroles de la brune. Il y avait quelque chose de grave entre son futur colocataire et son copain. Après réflexion, si il avait porté plainte, c'était logique.

— Bon, et bien désolé mais je vais devoir te laisser. Je suis en plein boulot et c'est mon assistante qui m'a prévenu alors je suis dépêchée d'en parler à Koyo puis de t'appeler et je suis en retard donc...

— Pas de soucis !

— Oui, pardon, je me perds encore. Je te rappelle une autre fois. Ranpo t'enverras sûrement un message bientôt pour savoir si tu vas bien. C'est sa semaine si je me trompe pas.

La dernière phrase avait été soufflait si doucement qu'il n'était sans doute pas censé l'entendre.

— Vous avez un planning pour savoir qui doit m'envoyer un message ?

Yosano étouffa un rire nerveux de l'autre côté de l'appareil.

— Salut Dazai, à une prochaine !

— Akiko, je t'interdis de raccrocher ! Akiko ! Akiko ?

Trop tard. Le bip signalant que l'appel était fini retentit, et Dazai jeta sans précaution son téléphone à sa place initiale, c'est-à-dire sur la table basse. Il se rallongea sur son canapé, dans la même position qu'il y a quelques minutes, et ferma les yeux.

Les semaines à venir s'annonçaient chargées, et différentes.

To the beat of the music Où les histoires vivent. Découvrez maintenant