| Chapitre 6

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Confortablement installé sur le canapé vert de la salle de pause, Chuuya appuya sur la touche « entrée » du clavier. Un soupir de satisfaction passa entre ses lèvres et son dos rencontra le dossier alors qu'il s'étirait.

Akutagawa s'approche de lui, une tasse de café dans chaque main. Il était midi et quart et les deux collègues étaient en pause.

— C'est bon. On cherche actuellement un nouvel employé.

— C'est étrange, ajouta Ryunosuke en posant une tasse sur la table basse à côté de l'ordinateur encore allumé, portant ensuite son propre mug à ses lèvres.

— Je te le fais pas dire.

Ça avait toujours été eux. Juste Chuuya et Ryu, gérant de leur petite boutique, ensemble. Une troisième personne signifiait beaucoup pour eux. C'était un pas de plus dans « le monde des grands ». Être l'employeur, faire passer des entretiens d'embauche, voilà ce qui les attendait.

— On a mûrit.

Un sourire nostalgique prit place sur les lèvres de plus âgé. Mûrir. Grandir. Voilà quelque chose qu'il n'était pas près à vivre. Et pourtant, ça avait déjà commencé. Il voulait continuer à s'amuser dans l'innocence la plus totale, sans penser à l'avenir. Dire que l'école lui manquait serait mentir. Mais il y avait tout de même cette partie du lycée qui le rendait nostalgique. Les heures de trou où il se rendait avec ses amis à la supérette à quelques rues de là pour s'acheter des sandwichs. Les professeurs qui sortaient par les yeux de tout le monde. Les histoires de cœur qui ne finissait jamais.

Ça lui manquait un peu.

Il voulait continuer de boire des coups entre amis. À danser sur la piste jusqu'à ne plus sentir ses jambes. À regarder ses amis draguer des filles dont on ne se souvenait plus le lendemain. À boire des verres jusqu'à ne plus pouvoir se souvenirs de la veille.

Se souvenir.

Un peu plus d'une semaine était passée depuis son rendez-vous avec Mori. Il avait appris que Dazai était venu le chercher, et s'en était un peu voulu. Il avait aussi voulu lui arracher les yeux lorsqu'il s'était moqué de son état apparemment lamentable.

— Chuuya ? Tu m'écoutes au moins ?

Le rouquin sortit de ses pensées et regarda incrédule son ami qui soupira avec amusement.

— C'est dingue quand même, cette manière que tu as d'être totalement coupé du monde. Tu pensais à quoi ?

— À l'avenir.

— Arrête, ricana Akutagawa. On dirait un vieux.

— C'est toi qui a dit qu'on mûrissait.

— Pas à ce point !

Ils rirent de bon cœur, Chuuya récupérant son café en éteignant l'ordinateur. L'annonce était postée, il ne restait qu'à attendre une réponse.

— Tu disais quoi, en faite ?

— Cette aprem' risque d'être assez chargée, et je te rappelle que je finis plus tôt. Je vais chercher Gin chez une vieille amie à elle.

— Je sais, tu me l'as dit hier. Je ferais la fermeture, pas de soucis.

— Nickel !

Ryunosuke se releva, s'apprêtant à quitter l'arrière boutique, il lança un dernier regard à Chuuya avant d'ajouter :

— C'est quand même bien pratique que tu ais récupéré ta moto.

***

Il y avait du vent. Et il faisait froid. Ou peut-être n'était-il juste plus assez habitué à la température extérieure.

To the beat of the music Où les histoires vivent. Découvrez maintenant