Sentimental deadline

Chapitre 2 : Premier contact

Je regrette. Oui, parfois je regrette certaines choses. Mes actes. Mes espoirs. Mes lubies. Je pensais que tous ces regrets viendraient s'écraser contre la lourde muraille entourant l'académie. J'avais tort. Ils sont toujours là, bien décidés à me pourrir la vie jusqu'au bout.

Je marche juste derrière celui que l'on a désigné plus tôt comme mon surveillant et professeur, et dont j'ai finalement appris le nom. Aizawa. C'est joli comme nom, ça fait plus sérieux que son allure.

Il m'emmène devant sa classe justement, la seconde A. Dire que je vais devoir passer des mois avec eux. Je sens que ça va être dur, même sans les avoir encore vu.

Il ouvre la porte, et la vingtaine d'élèves qui chahutait dans la classe se fige immédiatement. Chacun reprend rapidement sa place, et en un quart de seconde on peut entendre les mouches voler. Je lance un regard au professeur après avoir examiné les étudiants du regard. Ça c'est ce qu'on appelle savoir se faire respecter.

- Aujourd'hui léger changement dans le programme. Je vous présente Kanjo Roru, une étudiante d'Ichinomiya. Elle va intégrer votre classe pour les mois à venir, tâchez de bien vous entendre.

Ils ont l'air enthousiasmé par cette idée, ce qui n'est pas du tout mon cas. J'abaisse rapidement la tête et le buste en signe de salutations, et vais m'asseoir à la place que l'on m'a désigné. Il y a déjà quelqu'un à cette table, un jeune garçon avec des cheveux verts en bataille et des tâches de rousseur.

Tandis que les autres élèves arrêtent enfin de me dévisager pour se concentrer sur leur premier cours, il se tourne vers moi en souriant. Il a l'air très gentil. Ai-je oublié de préciser que j'ai un an de moins que les gens de cette classe ? Et oui, mais ça ne m'empêche pas de faire à peu près la même taille que mon camarade de bureau. L'illusion parfaite en somme - -''

Il me tend sa main, je crois qu'il voudrait que je la lui serre en guise de salutations plus directes. Par réflexe je la prends doucement, avant de me rappeler qu'il ne faut pas. Mais il a l'air si sympathique.

- Je m'appelle Izuku, Midoriya Izuku, ravi de faire ta connaissance !

J'observe son expression d'incompréhension alors que je lâche immédiatement sa main et regarde autour de moi.

Tout ce que je peux voir ce sont les élèves qui s'agitent et les longs cheveux du professeur qui retombent sur son visage alors qu'il explique sans grande conviction l'exercice du jour.

Je fais alors un effort pour sourire à ce Izuku, et lui répondre à voix basse.

- Moi de même...

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La journée passe. Les cours ne sont pas bien différents de ce dont j'ai l'habitude, quoiqu'un peu plus difficiles. Je n'ai pas eu plus de contact avec les autres élèves, particulièrement parce que je ne participe pas à la plupart des cours. En même temps, je ne suis pas là pour devenir une héroïne, loin de là.

Alors j'écoute et j'apprends toutes sortes de choses sur mes nouveaux camarades. Leur caractère, leurs ambitions, leurs émotions... tout ce qui pourrait me servir à leur fausser compagnie. Car c'est ce que je veux, m'enfuir. Partir d'ici, et régler le problème par moi-même.

Si j'ai réussi pendant dix années à ne causer de tort à presque personne, alors autant continuer selon mes méthodes. Me laisser chez moi aurait été bien plus simple, mais ils veulent absolument trouver une solution. Ils ne m'écoutent pas, ils ne voient pas que leur remède miracle n'existe pas...

Ce premier jour, je le regrette tout autant que les décisions stupides que j'ai prise, ou que ce réflexe que j'ai eu de serrer la main de ce garçon au lieu de rester à l'écart. Ce n'est que pure chance s'il n'a rien, et ça n'arrivera pas à nouveau. Car la foudre ne manque jamais deux fois sa cible.