Chapitre 3 : Parce qu'ils le sont

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Les hommes sont stupides. Trop curieux pour fuir le danger, trop grégaire pour préférer être discret plutôt que de suivre le troupeau. La seule chose capable de les rendre courageux, c'est lorsqu'ils doivent protéger ceux qu'ils aiment. Courageux, et odieux aussi. L'homme est odieux, il se justifie par l'amour, mais il est prêt à tout pour servir son intérêt.

La peur, c'est elle qui rend l'humain encore plus ignoble. Elle fait faire n'importe quoi, même le pire. Elle nous empêche de réfléchir. Et le nouveau, l'inconnu, l'étrange, c'est de là que vient cette peur. L'homme a peur de la différence, au lieu d'essayer de la comprendre il la dissèque, la rejette, l'extermine. Et dans ce cas là, l'altruisme n'existe pas, il est proscrit. C'est ce que je pensais.

Après mon premier jour, on m'a emmené dans un internat, que je partage avec les élèves de la classe héroïque. Ils m'ont tous accueilli avec beaucoup de gentillesse. Cette politesse que l'ont a toujours envers ceux que l'on rencontre, et que l'on veut se faire bien voir. De l'hypocrisie en somme.

On m'a installé dans une chambre au rez-de-chaussée, ce qui m'arrange plutôt bien. Je n'ai pas trouvé de réel inconvénient à cet endroit. Hormis le fait, bien sûr, que c'était juste un moyen de plus de me garder à l'œil.

En parlant de ça, le professeur ne me quitte jamais des yeux. À chaque fois que j'interagis avec une autre personne, il est là, et il observe le moindre de mes gestes.

Il a sans doute raison de le faire. Il serait dommage qu'il arrive quelque chose à l'un de ses élèves, même si je doute qu'il puisse empêcher quoi que ce soit.

Je m'étale sur mon lit après cette journée interminable. Y'a pas à dire, c'est confortable. Mais je ne veux pas de tout ça.

Je m'allonge sur le dos, mes yeux passent du plafond à la fenêtre dont les volets sont restés ouverts. La Lune éclaire la végétation entourant le bâtiment de sa douce lumière. C'est si agréable à regarder.

Il ne me reste plus qu'à attendre. Attendre que la nuit soit bien entamée, et que tout le monde soit endormi. Cela prend du temps, mais je suis patiente.

Après un très long moment, je coupe ma vision en posant le dos de mon avant-bras sur mes yeux. Cette journée m'a épuisée, c'est vrai. Mais je ne dois pas rester ici une seconde de plus. Mes parents me manquent déjà... et puis pourquoi je me conformerais à ce qu'ils veulent, s'ils ne prennent même pas la peine de m'écouter ?

Un soupir de lassitude passe la barrière de mes lèvres. En restant ici je met simplement en danger ces pauvres élèves...

- 🎵Loin dans l'infini, s'étendent, les grands prés marécageux 🎶

Ça, c'est le chant des marais, une chanson qui me vient de mon père qui a des origines françaises. Et il faut avouer que grâce à ses chansons je parle plutôt bien la langue de Molière. Celle-ci en l'occurrence a beau être triste, j'aime la chanter et la fredonner. Elle parle de souffrance, de malheur, mais sa conclusion redonne toujours espoir, et foi en l'avenir.

- 🎶 Pas un seul oiseau ne chante.. dans les arbres secs, et creux...

Tout en chantonnant, je me relève et attrape un sac à dos. J'y entrepose tout ce qui pourrait me servir à m'en aller. Une lampe torche, de la corde, un opinel, et plein d'autres choses.

Est-ce que j'avais préparé tout ça dans ma valise expressément pour pouvoir repartir ? Évidemment. J'avais prévu de m'en aller avant même d'arriver dans ce fichu endroit. Je veux m'évader, il n'y a que ça pour faire comprendre aux adultes que je ne suis pas juste le réceptacle inoffensif d'un danger bien plus grand. J'existe aussi, j'ai des sentiments, et je ne resterais pas dans leur prison.

Des sentiments....

Une fois mon sac près, j'enfile une tenue entièrement noire, des bottes jusqu'au bonnet. On dirait un peu une braqueuse de banque comme ça, c'est drôle.

Il ne me reste plus qu'à y aller. Je met mon sac sur le dos et le règle pour qu'il tienne bien en place. J'ouvre la fenêtre sans un bruit, heureusement pour moi elle ne grince pas ou quoi que ce soit. Je saute et me retrouve sur le gazon de l'internat, à observer les lieux pour me trouver un itinéraire de fuite.

Mais les hommes sont si stupides. En essayant de m'échapper, je me met sûrement en danger. L'homme a peur de ce qu'il ne connaît pas. Et ce qui lui fait peur fini bien souvent réduit en poussière. C'est comme ça.
Si j'échoue, ils me tueront certainement. Je le sais, et pourtant je m'y risque. À quoi bon vivre enchaîné, quand on pourrait être libre et sans soucis ?

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Tiens tiens, vous êtes toujours là vous ? Ça veut dire que ça vous plaît ? Si c'est le cas tant mieux !

Juste pour vous dire que les paroles écrites comme ça sont celles de notre chère Kanjo lorsqu'elle parle français, le reste du temps elle parle en japonais.

Bref, je vous laisse à votre lecture, la suite arrive très bientôt !!! ( parce que j'ai trop d'inspiration en ce moment c'est fou ! )

Sentimental deadlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant