Chapitre 15 : Dream... maybe ?

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Un rêve.. alors ce n'était que ça... non, plutôt un cauchemar. Un horrible cauchemar.

Pourquoi me poursuit-elle jusqu'ici.. jusque dans mes rêves ?

Autour de moi, pas l'ombre d'un être vivant. Mais les meubles de la chambre, et la fenêtre jusque là disparus sont retournés à leur place initiale.

Je me lève précipitamment, bien que chancelante, il est clair que je ne passerai pas une seconde de plus dans cet endroit. Loin d'une course, ce dont je suis incapable, je progresse lentement jusqu'à la porte arrière du bâtiment.

Ne me demandez pas comment, mais je réussi à sortir sans croiser la moindre personne.

Je peux finalement prendre un grand bol d'air frais. Vous n'imaginez pas le plaisir que ça procure, après je ne sais combien de temps à dormir, enfermée dans une chambre. Ça non plus, je le supporte pas.

Je passe une main sur ma nuque et fais craquer mon cou une fois, puis deux. Mes pleurs et mon stress ce sont évanouis dans la foulée. Dire que c'était tout ce qu'il me fallait. Je laisse entendre un long bâillement, mon corps n'est plus aussi douloureux, seulement un peu par endroit. Mes jambes, mon ventre, mon cou.

....

Attendez... mon cou ? Mais.. j'avais pas mal au cou quand je me suis réveillée la première fois.... si ?

La main sur ma nuque fait le tour de mon cou, qui est effectivement légèrement douloureux.


... ça veut dire.. que c'était pour de vrai ?
Elle était vraiment là ? Je ne l'ai pas rêvée ?!

J-je... j'aurai pu mourir....

Je dois en avoir le cœur net. Si elle est venue après plus de douze ans d'absence, pour me tuer qui plus est, je dois savoir.

Tant pis si on m'engueule pour être sortie de ma chambre, je suis plus à ça près.
Cette fois-ci je cours, il doit bien rester quelqu'un dans cette fichue infirmerie. Mais bordel pourquoi c'est si grand ??

Je passe en coup de vent devant une porte grande ouverte, à l'intérieur se trouve l'un des 1A, couvert de bandage à tel point que seule sa chevelure verte et une partie de son visage sont visibles.
Mais plus important, il y a quelqu'un à son chevet, et pas n'importe qui. Le blond tout rachitique qui était à ma réunion d'entrée.

Je racle ma gorge pour attirer son attention, il sursaute et se retourne d'un coup ce qui me fait reculer.

Je lui explique la situation, mon rêve et ma théorie. Il relève mon menton et sort tout calmement comme si de rien n'était.

- Tu as des marques rouges sur la gorge. Ce n'était pas un rêve, Roru-shojo. Mais tu devrais retourner dans ta chambre, tu as besoin de repos


Je vire sa main directement, plaçant les miennes sur mon cou. Non. Non. C'est pas possible. J'avais pas déjà suffisamment de problèmes ?... pourquoi...

Je secoue la tête. Restes calme Kanjo, restes calme. Tout va bien se passer...

- Est-ce que vous l'avez vu... où est-elle...

C'est plus un chuchotement qu'une réelle question. Lorsqu'il me demande de répéter, je me ressaisi et mon ton redevient plus neutre.

- Une dame habillée en blanc, avec un très grand chapeau de paille sur la tête. Vous ne l'auriez pas vu passer ?

Après une courte réflexion, il me répond négativement. Je vais jusqu'à planter mes ongles dans ma paume à force de serrer les poings pour garder mon calme.

Je le remercie, et avant même qu'il puisse dire quoi que ce soit de plus, m'en vais. Honnêtement, je ne sais pas où je vais, mais j'y vais.

Machinalement, je suis revenue vers ma chambre. Mon objectif restes inchangé : feindre le bien-être jusqu'à ce qu'on me laisse m'en aller. En attendant, je dois passer sous silence mes craintes.

Reprenant un sourire plus faux qu'il ne l'a jamais été, je retourne m'asseoir sur le lit, priant pour être assez convaincante...




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Une semaine entière passe avant qu'on m'autorise à sortir de nouveau. Et encore, si je n'avais pas profité des moments où je devais me reposer pour faire de l'exercice, ça aurait bien prit deux semaines de plus.

J'avais hâte de sortir c'est vrai, mais ce qui m'avait le plus manqué était la petite routine d'entraînement avec Mic. J'en avais prit le goût mais pas l'habitude, donc le jour de ma sortie, il est la toute première personne que je suis allée voir.

J'ai réussi à passer outre les récents événements, du moins en apparence. Tous sont persuadés que je vais bien... quels crétins, j'en serait presque fière de les avoir dupés.


À mon retour au bâtiment des apprentis, le héros vocal m'attend devant la porte. Je lui offre un vrai sourire, un des premiers depuis que je suis ici.

- Bonjour monsieur

- Hello Roru-chan !

Il a l'air content de me voir aussi. Avant de faire notre footing matinal, je lui demande la permission d'aller à l'internat, ce à quoi il acquiesce avec entrain. C'est vraiment quelqu'un de bien...

Je m'empresse d'aller dans ma vraie chambre et ouvre une petite boîte. J'en sors un foulard bleu marine à points blancs brodé à mon nom : 𝒦𝒜𝒩𝒥𝒪
Chaque lettre est écrit d'une couleur différente, respectivement en rouge, noir, brun, vert, et bleu clair.
Mes doigts passent sur cette fameuse broderie, et mes yeux s'y perdent un instant.

Je l'attache à mon bras gauche et ressort en vitesse pour rejoindre mon entraîneur.



Je suis toujours aussi essoufflée en arrivant. Quelle galère, j'ai pas évolué d'un kopeck. Bon, c'est vrai que le séjour à l'infirmerie n'a pas aidé, mais quand même ! Il va vraiment falloir que je m'endurcisse.

Sentir à nouveau le léger vent de ce lieu surplombant la ville, regarder de haut l'académie et tout le quartier. M'entraîner, même si c'est dur, avec quelqu'un qui m'accepte et cherche à me comprendre, Je veux pouvoir le faire plus souvent. Bien plus.

Dans ces moments-là, l'envie de sourire me revient. L'envie de vivre. L'impression d'être enfin libre.

Sentimental deadlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant