Monsieur grincheux... miss forceuse

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Aleksandar Vuk Ivan PETROVIĆ

Milan a sans doute raison. Je ne devrais pas fouiner ainsi dans la vie de Kyra. Je devrais essayer d'arrêter de me comporter en papa poule. Il faut bien que je la laisse faire ses propres expériences. C'est ainsi qu'elle apprendra. Elle est majeur. Et si vraiment elle a un copain je le saurais au moment venu. Elle viendra me le présenter un jour ce qui est sur.

Mais je suis son frère. En tant que tel je dois veiller sur lui. C'est un peu difficile pour moi d'accepter le fait qu'elle ait grandit. A mes yeux elle est restée ce petit enfant fragile qui s'accrochait à mes jambes pour ne pas que je la laisse quand je devais sortir. Quand on a perdu nos parents lors de ce tragique accident, Kyra était encore toute petite. A 5 ans, on ne comprend pas grand chose de la vie. La mort n'a pas trop de sens dans nos quotidiens. On se dit juste que l'on ne reverra pas l'être aimé et que ce dernier est monté au ciel sans bien assimiler l'ampleur de la chose.

Plus tard, on constate que l'on est un peu différent des autres enfants sur certains points. On se demande pourquoi les leurs ne sont pas montés au ciel eux aussi car. On ne comprend pas bien pourquoi les autres enfants ont leurs parents avec eux et pas nous. A ce moment, les explications reçues ne tiennent plus la route.

Et, quant à moi, à 19 ans j'étais devenu père d'une jolie petite fille alors que j'étais encore étudiant. En plus de cela, j'étais aussi sa mère. Je devais tout faire pour la mettre à l'aise et qu'elle soit épanouie. Pour ce faire, j'ai dû grandir plus vite que la normale. C'est grâce à elle si je n'ai pas sombré après la mort de nos parents. Car je savais que dorénavant je devrais être fort pour elle. Depuis longtemps ça n'a toujours été que nous trois. Elle, Milan et moi.

Tout naturellement, elle est devenue mon unique raison d'être dans cette vie. Elle, c'est ma force et aussi ma faiblesse. Quand j'ai commencé à faire ce que je fais, j'ai dû l'exilé afin de la protéger. Je ne voulais pas qu'elle soit la cible de mes détracteurs. Elle n'avait que 9 ans à l'époque et moi 23. Ce fut une séparation tellement douloureuse. Néanmoins, le fait que ce soit pour son bien m'a un peu conforté. Je savais aussi que je pouvais aller la voir de temps à autres si l'envie m'en prenait.

Kyra, c'est ma première fille, si quelqu'un doit m'aimer, il doit obligatoirement l'aimer elle aussi. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas pris de femme dans ma vie. Peu d'entre elles accepteront de s'occuper d'une enfant qui n'est pas le fruit de leurs entrailles. Alors que pour moi, cela reste une condition sine qua non. Quand on m'accepte dans sa vie, c'est tout un package, on doit aussi accepter ma sœur, mon premier enfant.

Elle a grandi maintenant et je le sais. A cet âge, on fait forcément des bêtises. L'important c'est d'apprendre de ses erreurs. C'est aussi une façon pour elle de murir. Il faudrait peut être que je comprenne cela et lâcher un peu prise. Je devrais plus me concentrer sur moi maintenant et la laisser s'assumer. S'il y a un problème, je pourrais facilement intervenir. Toutefois, cela reste difficile à faire. C'est mon bébé.

Quoique j'ai l'impression que ma réticence me concerne plus qu'elle ne concerne ma sœur. Kyra est quelqu'un de réfléchi. J'ai peut être peur qu'elle s'attache à un autre et m'oublie. Que je perde ma place de numéro 1 dans sa vie. Avant toutes choses, ça a toujours été nous deux contre le monde. J'ai été son père, sa mère, son frère, son boss, son protecteur... C'est moi son tout quoique aidé par Milan.

Je me touche le front.
- Lâche prise Alex, lâche prise. Laisse le temps à la petite de faire ses propres expériences.

Je respire fortement et ferme le dossier ouvert devant moi. C'est l'heure de ma pause déjeuner. Je récupère mes clés et je m'en vais toquer à la porte du bureau de Milan.

A la vie, à la mort : oui je le veux (Tome 1: Sa punition, devenir ma femme)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant