Les Royaumes d'Avaria

poussière de pétales de fleur

Callan Codorin pressait le pas dans un long couloir vide. Vêtu d'une armure légèrement salie et tenant à la main son casque sous le bras, il s'avançait sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait. Il était grand, la carrure imposante et les mains abimées par de nombreuses coupures. Ses yeux verts étaient fixés devant lui, sérieux, mais c'est le tressautement à sa paupière droite qui trahissait son énervement. Après quelques minutes de marche, il s'arrêta devant une porte en bois rouge et serra fort les dents tout en agrippant un peu plus fort son casque contre lui. Un rictus lui échappa lorsqu'il entendit une voix chantonner derrière la porte et il leva les yeux au ciel :

« Andra. ». Menaça-t-il, la voix tremblante d'impatience.

Il entendit un grand bruit, comme si la personne à l'intérieur venait de renverser un placard entier. L'air excédé, il recula d'un pas en croisant les bras sur sa poitrine. Quelques secondes plus tard, la porte grinça légèrement, découvrant la mine coupable d'une jeune fille à la chevelure brune. Elle lui fit un sourire gêné, cachant quelque chose derrière son dos :

« Callan ? ». Dit-elle, feignant l'ignorance face à la mauvaise humeur de l'homme en face d'elle.

« - Tu sais pertinemment que tu n'as pas le droit d'être ici. La bibliothèque n'est autorisée qu'une fois par semaine. ». Soupira Callan, agacée par l'air de la jeune fille.

« - Je m'ennuyais. ». Expliqua seulement Andra en refermant la porte derrière elle.

Elle secouait la tête, faisant remuer ses longues mèches bouclées, une moue vexée sur son visage qui avait rougi de culpabilité. Dans un soupir, elle releva les yeux vers l'homme qui était plus vieux qu'elle de quelques années, les yeux sombres :

« Je suis quand même de la famille royale. ». Fit-elle remarquer, un sourcil levé.

« - Justement, et c'est mon devoir de grand frère de te faire obéir aux règles. ». Sourit Callan, fière de son effet.

Il agita devant ses yeux une petite pochette en tissu gris, d'où il sortit les clés de la pièce. Un air arrogant sur le visage, Callan verrouilla la porte et repartit, la démarche plus lente, presque dansante. Andra tira la langue en le voyant se déhancher :

« - La réunion est dans un quart d'heure, mini sœur, tu ferais mieux d'aller te changer. ». Ajouta Callan sans se tourner vers elle.

La jeune fille lui fit les gros yeux et se mordit la langue pour ne pas l'insulter. Elle tourna ensuite les talons et s'élança à grands pas dans les couloirs, agacée. Des escaliers se présentèrent bientôt à elle et elle les gravit en marmonnant toujours, faisant peu attention aux regards amusés des serviteurs qu'elle rencontrait. Andra tourna ensuite à gauche et s'engouffra dans un énième couloir qui la mena à une unique porte gravée de son prénom. La porte s'ouvrit d'elle-même lorsque la jeune princesse en fut à proximité et se referma dès qu'elle pénétra dans sa chambre.

La pièce était spacieuse, illuminée par une grande fenêtre. Les murs étaient en bois clair, tout comme le sol et le plafond, qui était décoré de poutres, elles-mêmes recouvertes de fleurs et de lierre. Un immense lit à baldaquin trônait contre le mur de droite, et une coiffeuse contre le mur de gauche. Les draps, les oreillers et rideaux étaient tous fait de soies de différents verts, ainsi que de toiles tissées d'or et d'argent qui brillaient au soleil.

La jeune fille regarda à peine sa chambre et se dirigea immédiatement vers le centre de la pièce où se trouvait un tapis en peau d'ours qu'elle souleva pour découvrir une petite trappe dans le parquet. Après avoir jeté un regard vers la porte, elle ouvrit le battant et jeta à l'intérieur le petit livre bleu foncé qu'elle avait dérobé à la bibliothèque. Le battant donnait sur un trou rectangulaire peu profond, déjà presque plein à craquer de romans et de journaux. Dans un petit soupir, Andra recouvrit la trappe et se releva pour se diriger vers la fenêtre. Là, elle s'assit sur une petite banquette qui se trouvait sur le rebord et regarda le lac qui s'étendait sous elle.