Chapitre 7

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Un jour comme les autres commençait pour lui. En traversant les longs couloirs de l'entreprise, encore vides à cette heure-ci, il ne se préparait aucunement à la journée qu'il allait passer. Il arriva au 37ème étage et fit une halte chez sa secrétaire, une femme blonde d'une trentaine d'années.

- Bonjour Monsieur ! dit-elle d'une voix stridente.
- Bonjour Karolina. Vous avez quelque chose pour moi ?
- Oui, on a reçu une réponse des investisseurs canadiens et les rapports des experts comptables.

Elle lui tendit un dossier jaune vif et un second vert foncé. Il les attrapa d'une main sans prêter plus d'attention à la secrétaire. Il s'en alla vers son bureau tandis que la blonde revenait à la charge.

- Monsieur, j'ai oublié celui-ci ! Iris Rubiane me l'a confié un peu plus tôt ce matin. Elle m'a dit que c'était concernant le projet du secteur des finances.
- Eh bien, ils sont rapides ! dit-il en prenant le dossier de dernière minute.
- Que se passe-t-il au secteur des finances ?
- Oh, rien de bien important... dit-il d'un air détaché en se détournant, près à s'en aller
- Mais je...

Il fit volte-face, déjà agacé par l'insistance de sa secrétaire qu'il trouvait bien trop curieuse.

- Rien de bien important, conclut-il avec un regard réprobateur.

Il s'en retourna alors vers son bureau. À peine y était-il installé qu'il observa la pile de documents qui l'attendait sur son bureau. Il ne savait pas par où commencer et le seul fait de songer à une journée exclusivement consacrée à la paperasse lui donnait mal à la tête. Cependant, un dossier parmi les autres attira son attention. Il était rouge, rouge vif. Comme si la personne qui y avait glisser les documents voulait qu'il soit particulièrement visible. Il saisit le dossier et en lu l'intitulé. Il s'agissait du projet tant attendu.

Depuis plusieurs semaines, son chiffre d'affaire était légèrement décadent. Après une petite enquête, il se rendit compte des absences récurrentes et prolongées de nombreux employés. Il devait y remédier. S'il restait passif, il ne ferait que perdre son temps et son argent. Payer des employés qui ne font rien, une idée plus qu'impensable. Pour éviter de courir à sa propre perte, il chargea quelques employés dont le métier était précisément de trouver une solution à ce genre de problèmes. Il attendait leurs retours avec impatience.

Il l'ouvrit et en lu le contenu. Au fil des pages, son expression changea. Il passa d'une mine concentrée à un sourire, en passant par un air hésitant. Finalement, il en fut convaincu : le plan de rénovation qui lui était proposé lui paraissait réaliste et efficace.

- Veuillez excuser mon retard, Monsieur. Je suis vraiment désolée ! dit une jeune femme en entrant en trombe dans le bureau sans même avoir pris la peine de frapper.

Elle était un peu mouillée et peinait à refermer son parapluie. En le secouant, elle avait éparpiller de l'eau partout sur le sol. Il l'observa avec agacement et soupira en regardant la flaque qui s'étendait autour d'elle.

- Quel est le nouveau motif de votre retard, Kimberly ?

Gênée, elle baissa les yeux.

- Euh... je... je devais amener ma mère chez le médecin... vous savez... pour son dos, dit-elle en bégayant.
- Votre mère ? Le mois dernier vous vous êtes absentée en plein milieu de la journée en me disant que votre mère était décédée d'une crise cardiaque.

Kimberly, clouée sur place ne savait pas quoi répliquer, prise à son propre piège.

- Elle a ressuscité, c'est une bonne nouvelle ! dit-il sarcastique. Maintenant faites moi le plaisir de rejoindre votre bureau et d'arriver à l'heure le matin.

Elle s'en alla, tête baissée, sans dire un mot.

Il se laissa aller en arrière sur son siège en se passant une main sur le front. Quelques fois, il avait pour seul souhait qu'elle disparaisse de sa vie. Il la trouvait tantôt hautaine, tantôt arrogante. À certains moments de la journée, elle basculait vers l'autre extrême. Elle devenait collante, riait fort et niaisement. Elle avait le don de l'énerver.

Pourquoi ne la renvoyait-il pas ? Parce qu'il n'avait aucun motif. Elle était insupportable avec lui mais elle l'était avec tout le monde. Il avait eu vent des problèmes qu'elle et Karolina infligeaient aux autres employés. Il avait même reçu plusieurs plaintes, qui se sont réglées à l'amiable. Mais il n'avait rien d'autres contre elle. D'ailleurs, elle avait le mérite de bien travailler. Mis à part ses retards intempestifs, elle était une assistante efficace. Il ne pouvait donc pas se permettre de la mettre à la porte.

Il se remit au travail et passa une matinée des plus banales. Vers dix heures, Kimberly vint le prévenir qu'il avait un rendez-vous une demi-heure plus tard. À dix heures trente, il s'y rendit donc.

Pendant ce temps là, au 34ème étage, l'excitation mêlée à la panique échauffait les esprits. Tout devait être parfait pour l'arrivée du patron. L'expression sur le visage des employés était à elle-même l'alerte de l'arrivée de ce dernier.

Il était grand, imposant, charismatique, les gens s'écartaient sur son passage. Des "Bonjour, Monsieur !" fusaient de part et d'autre. Salutations auxquelles il ne répondait que par de brefs signes de tête.

Les gens avec qui il avait rendez-vous l'attendaient avec impatience et anxiété. Lorsqu'il entra dans la salle de réunion, tous se tinrent droits et prirent un air encore plus professionnel. Sarah chuchota à Arya une parole qui se voulait encourageante.

- Allez, c'est parti !

Un peu moins de deux heures plus tard, la réunion pris fin. Le projet était exposé en détail et un budget avait été déterminé. Il ne leur restait plus qu'à l'appliquer.

Après avoir déjeuner ensemble dans un restaurant, Sarah et Elisyan s'en retournèrent vers l'imposant building. Elles longèrent les couloirs en discutant joyeusement. Alors qu'elles traversaient un couloir désert, elles entendirent deux voix masculines qui les suivaient. Lorsqu'elles se retournèrent, qu'elle ne fut pas leur surprise de se retrouver nez-à-nez avec le fameux Monsieur Anderson et... qui était-ce ?

Il était brun et avait des yeux noisette. Il était un peu plus petit que leur patron mais n'en paraissait pas intimidé. Il arborait un sourire rayonnant qui s'accentua lorsqu'il remarqua que les deux jeunes femmes l'observaient. Voyant que son interlocuteur s'était détourné de leur conversation, Monsieur Anderson fit de même.

- Bonjour Mesdemoiselles, lança l'inconnu d'une voix qui se voulait séduisante.
- B... Bonjour, balbutia maladroitement Elisyan.
- Pardonnez-nous Monsieur. Nous ne voulions pas interrompre votre conversation, s'excusa Sarah en tirant son amie par le bras.

Elisyan la suivi en osant quelques regards en arrière. Lorsqu'elles furent assez éloignées, elles s'échangèrent un de ces regards que seules les femmes peuvent comprendre. Une fois devant les portes de l'ascenseur, elles se mirent à rire. Un de ces rires que seules les femmes peuvent comprendre.

The Boss ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant