Chapitre 8 : Nanaba

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                             Hange avançait dans les longs couloirs froids et lugubres composant l'aile de l'hôpital dédiée aux sangs impures.

Elle sentait la présence du soldat devenir de plus en plus pesante à mesure que le nombre de témoin diminuait. D'un rapide coup d'œil, elle constatait qu'aucun personnel soignant n'était présent aux côtés des parias blessés, nécessitant des soins. Les mahrs laissaient les soldats eldiens livrés à eux même, alors que ceux-ci avait, loyalement où non, offert leur vie, leur corps et leur santé au profit de l'armée qui tentait de coloniser les autres territoires voisins.

Sa rage n'avait de cesse de monter à mesure que les cadavres et autres estropiés s'accumulaient dans la pièce.

Octave la tira par le bras, forçant ainsi ses yeux à quitter ce tableau d'horreur pour reprendre la marche qui lui était forcée.
Ils arrivèrent tous deux face à une immense porte blanche vitrée : pas question de laisser des eldiens s'entretenir seul à seul en l'absence d'une surveillance mahr.

« Voilà le plus estropier. Remet le sur pieds. Vous autres démons êtes tombés comme des mouches pendant le dernier assaut. Plus vite rétabli, plus vite ce soldat pourra reprendre du service » s'égosilla l'homme comme pour intimider la jeune femme de son statut de militaire.
« Vous voulez que je le soigne uniquement pour le renvoyer servir de chair à canon sur le champ de bataille ?   Répondit-elle sans tenter de dissimuler son amertume,

- Fait ce qu'on te dit. Vous nous devez bien ça après tous les crimes que vos ancêtres ont commis. Mieux vaut la mort d'une centaine de soldats eldiens que celle d'un militaire mahr !

Hange fut prise d'un élan de dégoût, si fort que sa bile semblait remonter le long de son œsophage. Elle méprisait au plus au point ce genre de discours. Mais si elle voulait offrir une chance à ce soldat de s'en sortir, elle n'avait d'autre choix que d'acquiescer en faisant profil bas.

Elle pénétra dans la pièce, constatant avec étonnement que le fameux soldat en question était une femme aux courts cheveux blonds. Elle semblait souffrir, atrocement, tentant de dissimuler ses grimaces de douleurs des yeux des inconnus qui venaient d'entrer.

Elle eut un mouvement rapide quand la brune s'approcha de son corps, hurlant de toutes ses forces : « Ne me touchez pas ! ».

Elle repoussa violement Hange, qui fut impressionnée de la force encore présente dans les muscles de la jeune soldate pourtant si affaiblie.
En signe de bonne foi, Hange tapota son brassard, témoin de son appartenance au peuple eldien, afin de montrer à la jeune femme dans quel camps elle se trouvait. Ce geste eu pour effet de calmer un temps soit peu les ardeurs de la blonde, qui retomba telle une masse sans vie sur son lit de fortune, laissant échapper bien malgré elle, un soupire de douleur.

Hange remarqua des perles de sueur couler le long du front de la jeune femme. Les tissus blancs recouvrant son abdomen étaient imbibés de sang frais, témoignant d'une importante hémorragie.

La scientifique en herbe questionna Octave sur les raisons de ce saignement abondant.
« Cette idiote s'est prise un éclat d'obus dans le ventre, d'où son rapatriement immédiat. Dépêches toi de la recoudre ».

                         Hange se pencha sur le corps de la blonde, défaisant avec délicatesse l'épais manteau blanc que portait traditionnellement les soldats eldiens.

Elle constatait en un coup d'œil l'ampleur des dégâts. « Si cette soldate avait reçu les soins adéquat immédiatement, elle n'aurait pas à frôler la mort. Il suffisait de la recoudre voilà tout. Et maintenant je vais devoir soigner la fièvre causée par l'infection qui s'est propagée. N'était-il pas plus judicieux de la soigner dès son arrivée ?

Eldia'S Creed : Les Ailes de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant