Chapitre neuf

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— Merci d'avoir fait ça.

Une légère brise souleva les cheveux en bataille d'Harry, qui s'installa près de Draco, les jambes pendant dans le vide.

— Je ne l'ai pas fait pour toi, répliqua-t-il, les yeux toujours braqués vers l'horizon et ses nuages noirâtres dans la nuit.

— Oh, je t'en prie, Malfoy, nous avons dépassé ça.

Draco haussa les épaules, réfléchissant toujours. Le regardant en biais, Harry s'interrogea sur sa présence ici. Le Serpentard semblait y passer pas mal de temps, observant le ciel dans un silence qu'il jugeait reposant, mais qui aurait pu paraître pesant, aux yeux de quelqu'un qui n'aurait pas vécu l'animosité qui animait leurs conversations quelques pauvres mois auparavant.

— Comment fais-tu pour rester à côté de moi ?

Harry l'interrogea du regard, mais Draco fixait toujours le vague, une pointe de mélancolie dans les yeux. Cependant, cela n'interpella pas le brun : il commençait à douter de l'avoir déjà vu sans cette lueur. Ce qu'elle signifiait, il n'en avait pas la moindre idée. Mais il ne prendrait pas le risque de brûler des étapes en le lui demandant.

— Qu'est-ce que tu entends par là ? souffla-t-il pour toute réponse, repoussant inconsciemment le moment où il serait supposé lui avouer la vérité.

— Tu le sais parfaitement. Londubat bave littéralement dès que Parkinson entre dans un périmètre de moins de dix mètres de lui. Quant à Weasley, le regard qu'il adresse à Zabini montre qu'il est incapable de maîtriser sa haine... ni l'autre chose qu'il ressent. Toi, tu agis comme si de rien n'était. Pourtant, j'ai cru comprendre que c'était censé empirer avec le temps.

— Qu'est-ce que tu as compris d'autre ? préféra s'assurer Harry, déviant la question implicite de Draco, qui, loin d'être dupe, lui adressa un regard lourd de sens.

— Tu préfères vraiment que ce soit moi qui le dise à haute voix ?

Le survivant se détacha de lui, pour observer les arbres qui dansaient sous le vent environnant. À en croire les prévisions, la neige les recouvrirait sous peu. Harry aimerait bien être protégé du monde d'un manteau de sable blanc, de temps à autre, lui aussi.

Il hocha néanmoins la tête, et Draco soupira.

— Si Weasley, Thomas, Londubat et Finnigan sont incapables de se contenir, ce n'est pas le cas de Patil, ni de Granger. Ce qu'elles ont en commun est évident : elles sortent toutes les deux avec la personne visée par le philtre. Toi, bien que tu aies eu du mal à y faire face les premiers jours, sembles aujourd'hui vivre la situation bien mieux que Weasley et les autres. Je me suis demandé ce qui pouvait bien te mettre dans le même cas que les deux Gryffondor qui agissent normalement. À l'origine, on pourrait penser que leurs sentiments se seraient stabilisés comme en ayant eu accès à ce qu'elles désiraient, et cette théorie tenait la route, jusqu'à ton cas.

— Fine analyse, Malfoy, s'amusa Harry, buvant les mots du blond tel un mantra qu'il aurait à retenir par cœur.

Draco sourit en coin sans humilité, et cette fois-ci, son rival ne leva pas les yeux au ciel, bien trop concentré sur sa respiration. Il ne l'aurait avoué sous aucune torture que ce soit, mais il redoutait jusqu'où l'autre avait décidé de pousser le vice.

— Certes, tu ne sors pas avec moi, nous sommes bien placés pour le savoir, mais nous avons fait une trêve. Nous entretenons des liens... cordiaux. Contrairement aux quatre autres, littéralement en guerre avec les Serpentard visés, acheva Draco.

Harry souffla de soulagement le plus discrètement possible. Il ne savait pas ce qu'il s'était imaginé, mais fort heureusement, le Serpentard n'évoquerait pas l'idée loufoque qui lui avait traversé l'esprit contre son gré, le matin même, en se faisant la même réflexion.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant