Chapitre vingt-quatre

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Lorsque Ron arriva devant la salle de potion où il effectuerait sa retenue, ce matin-là, Blaise patientait déjà. Voyant arriver le roux, il lui sourit jusqu'aux oreilles. Derrière son sourire se cachaient des idées bien plus perfides, et ses yeux reflétaient une malice qui inspirait une grande méfiance, pourtant le Gryffondor sentit son cœur se réchauffer contre son gré.

Il s'efforça de le fusiller du regard, avant de se rabattre sur une solution qui lui coûtait bien moins d'efforts : l'ignorance. Il pesta et se tourna en direction de la porte, dans l'attente du professeur McGonagall. Si certes, il nourrissait des ressentiments à l'égard de la vieille femme pour la situation saugrenue dans laquelle elle l'avait mis, il ne souhaitait rien plus au monde que de la voir traverser le couloir, en cet instant précis.

Rares étaient les choses qui le mettaient aussi mal à l'aise que la présence du Serpentard à deux mètres de lui. D'autant plus avec ce rictus stupide collé au visage, qui pouvait laisser croire à son esprit détraqué qu'il était repentant. Ce qui était absurde, et pourtant, il ne se faisait pas à cette idée.

Cherchant coûte que coûte un moyen de s'occuper l'esprit et de se focaliser sur autre chose que cette présence, Ron s'intéressa aux gravures qui paraient la porte en bois menant à l'entrée de la salle de classe. Quelques coups de baguette, et il devenait bien simple d'inscrire n'importe quoi sur les matières qui le permettaient.

Des élèves, de tout âge, de tous temps, faisaient ici l'éloge de leur maison, leur équipe de Quidditch ou leur idole du monde sorcier. D'autres encore exprimaient leur amour, marquaient leur haine, avouaient leurs péchés. Pas un seul des messages n'était adressé au roux, et il s'en réjouissait : il ne désirait en rien que quoi que ce soit de lui demeure sur cette porte branlante pour les décennies à venir. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres lorsqu'il remarqua qu'un groupe de Gryffondor avaient exprimé les assentiments qu'ils ressentaient vis-à-vis de Severus Rogue. Cette gravure était moins prononcée que les autres, et le jeune homme comprit que quelqu'un avait tenté de l'estomper, en vain, comme si elle était protégée d'un sort très puissant.

Son sourire s'accentua lorsqu'il imagina un Severus Rogue de vingt ans plus jeune, accroupi dans une position disgracieuse et tentant désespérément de faire disparaître ces âneries. Il se surprit à penser qu'il aurait alors pu ressenti une once de compassion à son égard. Puis il réalisa qu'il faisait fausse route et aurait très certainement jubilé d'un tel spectacle.

– Ravie de vous voir si souriants en la compagnie l'un de l'autre, Messieurs, intervint McGonagall derrière eux, faisant sursauter le roux qui n'avait pas perçu sa présence.

Immédiatement, son visage se tordit d'une grimace alors que le rouge parait ses joues. Il fulminait à l'idée que sa professeure puisse envisager que son sourire ait quoi que ce soit à voir avec le Serpentard, lui donnant ainsi raison vis-à-vis de son coup de folie. Il s'abstint cependant de répliquer, remarquant la mine rabougrie du Serpentard.

Le Gryffondor s'amusa de voir que l'autre ne semblait pas non plus jubiler de l'idée que la directrice le pense prêt à se lier d'amitié avec lui. Ni l'un ni l'autre ne la contredirent, pour le simple plaisir d'embarrasser l'autre.

– Bien, poursuivit-elle en ouvrant la grande porte, pénétrant d'un pas lourd dans la salle, vous allez bien gentiment me récurer tous les chaudrons contenus dans cette salle.

Le sang de Ron battit furieusement dans ses tempes lorsqu'il réalisa les heures de travail que cela représenterait, avec la quarantaine de chaudrons qui les attendaient déjà. Il s'apprêtait à répliquer, quand la vieille femme fit un pas vers lui pour se saisir de sa baguette, avant de faire la même du côté de Blaise.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant