Lui.
« -On est d'accord qu'il s'est passé un truc à la Harry Potter là ? J'ai pas rêvé hein les gars ?
-Pour la dixième fois Daréios, non tu n'as pas rêvé, soupire Aphrodite.
- Mais c'était quoi alors ?! J'ai soudainement eu l'impression que la vie me paraissait plus claire, plus vivante. Comme si je me réveillais d'un long rêve. »
Je jette alors un coup d'œil à la jeune fille, voulant comprendre ce qu'elle avait ressentie. Elle a dû avoir la même idée car je croise son regard plein de questionnement. Et elle hoche doucement la tête à mon intention. Daréios à complètement raison et c'est ça qui m'inquiète.
« - Je ne veux pas créer des hypothèses douteuses hein mais... Achille ? Ce phénomène, il s'est passé quand exactement ?
- Comment ça ? Tu étais là non ? je lui réponds, perturbé.
- Ce que je veux dire c'est est ce que tu avais déjà acheté le livre ou pas encore ? Je sais que ça parait fou, mais j'ai l'impression que tout s'est produit au moment même où l'on a eu ce livre en main. Et je ne sais pas, depuis tout à l'heure je me sens attiré vers lui, j'ai failli te l'arracher des mains !
- Le livre ? Maintenant que tu le dis c'est vrai que ce coup de vent est arrivé presque immédiatement après le payement. »
Et pourquoi je le sers si fort contre moi ? Comme si j'avais peur qu'on me le vole ?
« - Donc, si je reprends, vous pensez tous les deux que ce livre est la raison de ce bordel ?
- A peu près oui. Après ce sont mes simples remarques et tout ceci est sûrement un grand hasard.
- Mais il parle de quoi votre livre si précieux en fait ? »
Confus, j'ouvre ma bouche avant de la refermer. C'est vrai ça, de quoi il parle ce livre ? Aph' et moi nous nous sommes jeté dessus mais nous n'avons même pas lu la quatrième de couverture.
« - Encore une très bonne question. Je lis pourtant toujours les résumés. Il vient du rayon mythologique mais il n'y a ni titre ni couverture explicite.
- Pas de résumé non plus d'ailleurs, je rajoute après avoir observé le roman.
- Vous me laissez regarder ? J'ai l'impression d'être entouré de deux dragons qui ne veulent pas partager leur trésor. »
Et sans plus attendre une quelconque permission, Daréios me le vole des mains. Il l'observe sous toutes ses coutures et ses yeux ont l'air émerveillés. Je ne l'avais jamais vu comme ça, et encore moins devant un livre.
« - Daréios ? Tu as trouvé un truc ? le coupe l'adolescente.
- Hein, quoi ? Ah oui pardon, j'ai pas fait gaffe. Il n'y a rien à l'extérieur, plus qu'à espérer que l'intérieur nous aide un petit peu plus. »
« Alter Ego. Alterius non sit, qui potest esse sui. Eritis sicut dii. »
J'ai à peine eu le temps d'entendre le dernier mot qu'à nouveau le monde sembla tourner plus vite. Angoissé, je tourne ma tête à gauche et à droite, espérant voir Daréios et Aphrodite.
À mes côtés, ils semblent tout aussi perdus que moi. Le vent commence à se lever, des bourrasque de plus en plus violentes nous entourent, nous poussent les uns contre les autres. J'entends des cris venir de toutes part sans pouvoir les distinguer. Appartiennent-ils à mes amis ou à d'autres personnes ? La Terre se met elle aussi à trembler, nous forçant à nous tenir. J'aperçois le visage de Aphrodite près de moi, ses lèvres bougent mais sa voix se fait emportée par le bruit environnant. Le ciel gronde, le Déluge s'abat, chaque élément semble se déchainer contre nous. Daréios s'accroche à mon bras et ses yeux sont emplis de terreur.
La poussière nous recouvre dans un voile meurtrier et dans un moment de désespoir nous fermons les yeux, serrés dans une étreinte d'adieu. Un éclair noir s'abat sur notre trio dans une représentation de l'enfer. Et nous crions ensemble dans ce que nous pensons être notre dernier instant.
Ω Ω Ω Ω Ω
Elle.
Je me réveille sous un bruit incessant de marteau. Je vois flou et ma tête me donne l'impression de peser des tonnes. Tout en me relevant j'essaye de voir où je suis et de me rappeler des derniers événements. Mes souvenirs sont très vagues et je me remémore uniquement de notre tour en ville à trois et de notre passage à la librairie. Après tout est très indistinct, des bribes de moments sans son et en accélérer.
De ce que je vois, je suis seule dans une pièce dorée et blanche décorée par des dizaines de petits éléments rouges. La chambre, appelons-la comme ça, me fait penser à une chambre d'hôtel luxueuse. Il n'y pas de fenêtres, simplement un mobilier épuré mais duquel se dégage une ancienneté. Je vois également trois portes et pour finir le lit que lequel je suis assise.
Ma tête encore douloureuse, j'essaye de doucement me lever. Je n'ai que le temps de faire un pas que je m'écroule en avant, ma chute heureusement amortie par un épais tapis qui semble être fait en... poils dorés ? Toujours affalée par terre sans pouvoir bouger plus que mes orteils et mes mains je me fait sortir de mes pensées par le claquement d'une porte. J'essaie de tourner ma tête vers les bruits de pas mais j'abandonne rapidement avec un grognement de mécontentement. Enfin, j'aperçois les chaussures de l'inconnu. Des sortes de sandales en cuire ouvertes et lacées jusqu'au milieu du mollet. Ainsi qu'une très jolie paire d'ailes dorées accrochées au talon. Des ailes ?
Mais où est-ce que je suis tombée ?
« - Déjà réveillée mademoiselle ? Cela ne fait que deux jours pourtant, d'habitude ils prennent au moins cinq à six jours pour ne serait-ce qu'ouvrir les yeux.
- Ils ? Qu'est-ce que j'ai ? Et où est-ce que je suis ? Qui êtes-vous ? Et aidez-moi à me relever bon sang, je ne vais pas parler à vos chaussures !
- Ah oui pardon, j'oublie souvent vos principes à vous. »
Et sans plus tarder je sens deux mains passer sous mes aisselles et me soulever jusqu'au lit. Où je m'écrase de nouveau. Je profite de ma position pour observer l'inconnu. Je lui donnerai la vingtaine, il est totalement imberbe et à de longs cheveux blonds bouclés. Je devine une forte musculature et ses yeux bleus me fixe avec curiosité. Il est habillé normalement si ce n'est ses sandales ailées et un bâton sculpté qu'il semble garder dans sa poche de jeans. Je sors de ma contemplation lorsque je le sens tapoter sur mon front.
« - Eh ! Que faites-vous ?
- Ah, vous n'êtes pas morte ! soupire-t'il d'un air soulagé. Vous me fixiez avec des grands yeux et vous ne bougiez plus, j'ai cru que vous faisiez un arrêt cardiaque.
- Évidemment que je ne suis pas morte... Mais où est-ce que je suis à la fin !?
- Pfff ceux-là, toujours à poser mille question sans importances. Vous lui demanderez à lui hein, je sais jamais ce que je peux dire moi. On me mets au courant de rien et quand il y a des morts ça me retombe
dessus... rajoute-t'il en bougonnant et alors qu'il sort de la pièce.
- Mais... Revenez ! »
Il ne revient pas. Pourquoi il l'aurait fait après tout. Je soupire. Dans quoi je suis encore tombée ? Puis, à la puissance d'une gifle, les garçon me reviennent en tête.
« - Et merde... »
Je prends mon visage entre mes mains tout en me maudissant de les avoir oublier pendant un court instant. J'étais juste tellement prise par les évènements qu'ils sont passés au second plan. Sont-ils ici aussi ? Déjà réveillés ? Étaient-ils ne serait-ce que endormis. Pourquoi je n'ai pas posé cette question en premier ? Après tout ils ne l'auraient sûrement pas fait non plus, si ?
Ω Ω Ω Ω Ω
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Le pouvoir des noms.
FantasyRenfermée, seule et perdue, Aphrodite voit ses convictions et son monde s'effondrés après l'arrivée de Achille, un jeune homme intrigué par le caractère de la jeune fille. Avec Daréios, l'ami de ce dernier, ils grandiront, se découvriront et s'entra...