Elle.
« Les larmes glissent aussi facilement que les lames sur ma peau. Apportant le même réconfort douloureux, la même plénitude et la même culpabilité. Elles me laissent fragile mais repue de ma peine. Les unes laissent des sillons argentés sur mes joues, les autres décorent mes bras de bracelets scintillants. L'eau se mélange au sang dans un mélange hypnotisant de douleur. »
Je pose mon stylo avec un soupir. Je ne sais pas vraiment si c'est du soulagement ou de la culpabilité. Cela fait des mois que je m'obstine à écrire des textes faisant références au passé. Mais que voulez-vous, il est toujours plus facile d'écrire sur l'horreur plutôt que sur le bonheur. Surtout que j'ai l'impression de ne pas l'avoir connu depuis bien longtemps...
De plus, l'arrivée imprévue de ce garçon m'a plus perturbé que je ne veux bien l'admettre. Après l'avoir laissé en plan, j'ai été voir Théodore. Il m'a affirmé ce que je savais déjà vrai. Ainsi, c'est bel et bien son neveu... A vrai dire, je ne connais toujours pas son nom. J'ai arrêté mon parrain avant qu'il ne puisse me l'apprendre. J'ai toujours trouvé que les prénoms des gens en reflétaient plus sur leur personnalité que ce qu'on croit, quand il est associé à un physique et à la façon dont la personne vous le dit. Donc, si je dois côtoyer cette personne et utiliser son prénom, ce sera lui qui me le dira.
Cependant, je suis légèrement frustrée. Maintenant qu'il est chez son oncle, je ne me sentirais plus aussi à l'aise d'y aller, de peur de le re croiser. Je doute de lui avoir fait une bonne impression. Et je redoute ce que Théodore a bien pu lui dire à mon sujet. Lui a-t-il donné la version de l'Aphrodite renfermée ou celle de la petite fille au passé difficile ? Dans les deux cas, ce n'est qu'une partie de qui je suis réellement.
Soupirant pour de bon de fatigue, je me relève et m'étire. Il est temps que je me prépare pour aller chez mon deuxième chez-moi. Quitte à devoir revoir le garçon, je ne vais pas passer un deuxième soir enfermé dans ma chambre et mes pensées. Je passe un pantalon noir avec un chemiser de la même couleur, légèrement entre- ouvert. Mes bottillons à talon de l'éternelle même couleur, une touche de mascara et je suis prête. Je déteste avoir l'air non apprêtée, et adore ressembler à la déesse des enfers plutôt que celle dont je porte le nom. Un contraste n'a jamais fait de mal et m'apporte beaucoup de satisfaction.
J'attrape mon livre, mon téléphone et je sors pour rejoindre le grand manoir. Mon dieu, puisse mon parrain être seul. Arrivée devant le perron, j'hésite à sonner. Et si je dérangeais ? Après tout, maintenant que son neveu est là, Théodore à une présence et la mienne n'est pas de la meilleure des compagnies... Je ne veux pas lui imposer ma présence, je ne suis pas chez moi en soi. Décidée à retourner dans ma maison, je tourne les talons et je descends les deux premières marches en pierre bleues mais mon nom retentit soudainement dans mon dos.
« Aphrodite ! »
Surprise, je me retourne dans une envolée de cheveux bruns. Les tenant de ma mère, je ne les ai presque jamais coupés depuis sa mort. Il m'arrive à mi-cuisse, ce qui je l'accorde, devient dur à entretenir.
« - Parrain ! Je ne t'avais pas entendu arriver, qu'il y a-t-il ?
- Et bien, je venais voir si tu arrivais mais qu'elle ne fut pas ma surprise en me rendant compte que ma filleule préférée partait comme une voleuse ? » Me rétorqua-t-il d'un ton sarcastique.
« - Alors, déjà, je suis ton unique filleule et ensuite je ne voulais simplement pas déranger, ton neveu est là.
- Ma puce... tu sais bien que tu ne dérangeras jamais voyons, je me fais toujours une joie de t'accueillir dans ce qui est aussi ta maison. Je te l'ai déjà dit mille fois. Rentre maintenant ! Un délicieux repas nous attends et quelques personnes aussi... »
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Le pouvoir des noms.
FantasiaRenfermée, seule et perdue, Aphrodite voit ses convictions et son monde s'effondrés après l'arrivée de Achille, un jeune homme intrigué par le caractère de la jeune fille. Avec Daréios, l'ami de ce dernier, ils grandiront, se découvriront et s'entra...