prologue

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Connaissez vous cette étrange force qui vous obsède ? Cette passion qui attire, enivre puis vous possède ? Ces étincelles qui accèdent à vos yeux, à votre cœur et se dissimulent à votre esprit ?

Connaissez vous ces images belles et rebelles qui apparaissent là où on ne les attend pas, et qui disparaissent aussitôt ? Ces éclairs aimants de fascination que la mémoire ne retient pas ?

Ces fulgurances dont l'esprit ne conserve ni la grandeur, ni la beauté, ni la puissance. Nous laissant insatisfaits, dans la nostalgie d'un paradis entrevu et d'une chanson jamais entendue...

D'ailleurs, c'est quand on se fait le serment de les retrouver ou d'en transcrire les sensations,
Quand on a l'ambition de les transmettre à l'humanité ou de les partager pour l'éternité,...que commence l'enfer.

Mais quel enfer ?

Et bien, cet enfer où on plonge vivant !

Ces visions qui surgissent de nul part et qui viennent nous chercher jusque dans le sommeil !

Ces voix inintelligibles qui, à nos oreilles désolées, chantent nos passions inavouables !

Ces mots prononcés qui résonnent en nous et  un écho du paradis !

Ces paroles qui saturent l'air et susurrent nos rêves secrets !

Ces images muettes qui, dans leur rayonnement, troublent le silence !

Cet enfer, c'est la misère du destin créateur, la détresse de l'artiste, dans son dévouement de héros, c'est l'abîme de l'insomnie.

C'est la poursuite d'une idée ou d'une vision jusqu'à l'obsession, ces insomnies qui défient toutes les somnifères,...la page blanche qui, dans sa pureté et sa vierge nudité, attend une caresse de la plume.

Cet enfer, c'est cet inconfort permanent, cette malchance d'être harcelé, assiégé par la poésie qu'il y a en toute chose, qui déborde toute chose et qui couvre tout de sa lumière aveuglante.

C'est la poésie qu'il y a dans le soleil qui brille, dans le roulis des  feuillages d'une forêt touffue, qui poésie qui nous harcèle devant, qui nous harcèle derrière, qui harcèle à gauche, qui nous harcèle à droite... Et qui me libère que si, par écrit, j'appose, dans la virginité d'une page, les lots de ses murmures, de ses éclosions et des ses floraisons.

Cet enfer, c'est la passion d'un idéal sans promesse et sans relief, la compassion éprouvée à la promenade des femmes solitaires, la maladresse de ne pas avoir su offrir sa main à celle qui a su donner le plus beau sourire, le regret de la voir s'éloigner, emportée par l'éternité, sans l'avoir laissée soupçonner cette tendresse d'un instant

Cet enfer, c'est ce mystère de l'existence...

C'est, dans la nuit profonde, cette douce clarté des étoiles,
Cette douce clarté impénétrable,
Cette envie,
Cette envie balbutiante dont on ne parle pas la langue,
Cette appétence insatiable et insaisissable,
Cette aspiration indicible,
Cette mélancolie,
Cette nostalgie tenace d'un bonheur impossible,
Cette malédiction d'envier les simples d'esprit et les têtes infertiles,
Cette malédiction d'envier l'humanité heureuse...

Cet enfer, c'est cette privation de plaisir qu'on s'inflige en tyran, sans jugement et sans renoncement,
Cette manie de ne rien apprécier et de remettre le bonheur au futur, de rêver au futur, à l'avenir, au point d'en oublier le présent,
Cet art de ne pas savourer les moments merveilleux et de ne pas profiter des lieux où des activités, toujours cette défiance des passe-temps du monde,
Ce mépris des divertissements et des convenances insipides,
Cette gêne des jours de fête,
Cette horreur des cérémonies où on est attendu,
Et où l'on s'ennuie avant d'y être
Et d'où l'on repart à peine arrivé,

Ennuyé, peu serein, envahi d'une sorte d'angoisse,
Comme l'impression d'y perdre son temps,
Comme si une force invisible, inexorable, nous en chassait,
Lancinante et impitoyable,
Cet inconfort, ce malaise
Cette froideur, cette distance du monde,
Cet ennui quand la fête bat son plein,
Cette raideur quand les gens autour s'électrisent jusqu'à l'extase.

Mais cet enfer,
C'est aussi une inquiétude des beaux jours,
Cette inquiétude des beaux jours d'été,
Cette frustration de voir le ciel bleu dans sa solitude,
De savoir que d'autres cœurs sont allègres sous le soleil et profitent de ses rayons chaleureux sur la plage,
Cette tristesse de ne pas pouvoir en jouir, de ne pas avoir la sérénité de s'asseoir à l'ombre douce d'un arbre, en compagnie de sa solitude et de contempler le beau ciel bleu.

Le contempler à travers des feuillages tamisant, comme un ruissellement d'or,
Quelques rayons de soleil, et de se dire :

‘‘ La vie est sublime ’’

Ouais, c'est peut être ça qu'on appelle une prison dorée.

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Ceci est donc la suite direct de ‘‘ Ce n'est pas trop tard !? ’’

Si vous êtes nouveau, vous pouvez continuer votre lecture mais je vous conseille de lire la première partie pour mieux comprendre l'histoire même si ce n'est pas obligatoire !

Sur ce... Je vous laisse

Ce n'est pas trop tard !? ( Partie 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant