La fin?

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Quelques mois plus tard, je me réveille toujours chez Andrew, ayant désormais pris mes marques et trouver un équilibre dans cette colocation qui s'avérait plus compliqué qu'il n'en paraît aujourd'hui. Notre relation n'a pas changé malgré que l'on continue les taquineries, et c'est plutôt bon signe.

Je me lève de bonne humeur et m'en vais chercher le journal dans la boîte aux lettres, petite habitude française que j'ai désormais intégré dans ma routine.

Je le ramène dans la cuisine et croise Andrew, qui me fait mes œufs brouillés comme chaque matin. Ouiii, je sais, on a trouvé un sacré bon équilibre...

Je pose le journal et commence à le lire en buvant ma tasse de café, lorsqu'elle me tombe littéralement des mains.

« Elsa ? Tu vas bien ? »

L'oppression de ma cage thoracique m'empêche de bien respirer, et je n'arrive plus à parler, ni à penser. Ce que je lis à la une du journal me fait l'effet d'une balle en plein cœur. Le choc fait petit à petit place à une énorme tristesse, et une larme vient s'échapper de mon œil.

« Elsa ! Qu'est-ce qu'il se passe ? »

J'entends de nouveau la voix d'Andrew et dois faire un effort monstre pour détourner le regard de la photo dans laquelle Paul et une femme s'affichent bras-dessus bras-dessous, sous un gros titre « Le rédacteur de ses dames à une nouvelle fois frappé, avec une beauté venu de France cette fois-ci. »

Je déchire le journal de toutes mes forces, sans penser au bordel que je suis en train de mettre dans la cuisine. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer et suis dans tous mes états, incontrôlable.

Je sens des bras me tenir fermement, contrastant avec la douceur des mots que l'on me chuchote dans l'oreille. Malheureusement, je suis dans ma bulle de cauchemar et j'ai du mal à m'en défaire. Je me débats, pleurs, le repousse, mais la force d'Andrew finit par m'immobiliser complètement, et j'arrête petit à petit de me défendre.

Mes muscles se détendent, et je reprends peu à peu contact avec la réalité. Il m'enlace alors plus fort et j'accepte cet élan de sympathie le lui rendant moi aussi. Je le sers aussi fort que je le peux, mes larmes n'arrêtant malgré tout pas de couler sur mes joues déjà humides.

Je me rends compte de cette soudaine proximité mais ne m'en éloigne pas, cette fois-ci. J'ai besoin de son soutien et de ses bras, aujourd'hui. Nous avons réellement créé des liens lui et moi, durant ces quelques mois, des liens de respect et d'amitié très fusionnel, et j'aurai accepté personne d'autre pour me réconforter.

Il se défait de mon étreinte, je grimace légèrement, puis il me dirige vers le canapé. Il me dit de m'assoir, et je le vois arriver quelques minutes plus tard un plaid dans les mains, plusieurs DVD, et quelques douceurs. Parfait...

« On prend notre mâtinée, aujourd'hui. Je m'occupe de tout, d'accord ? »

Je lâche une autre larme, cette fois-ci une larme de reconnaissance envers Andrew, qui n'a jamais cesser de m'épauler depuis que je suis arrivée à Paris.

J'hoche la tête et je le vois s'éloigner, l'entendant vaguement passer un appel.

Il restait seulement trois petites semaines... Je suis censée repartir sur New-York dans trois petites semaines et il me fait ça, maintenant ? Alors à quoi bon rentrer ?

J'attendais mon retour avec une telle impatience que le choc m'anéantit complètement. En y repensant, j'adore ma vie ici. Les gens sont top, l'entreprise est incroyable, Andrew est incroyable... Rentrer sur New-York juste pour me rappeler ma rupture à chaque coin de rue me paraît insurmontable.

Que vais-je faire ?

Andrew revient alors dans le salon, et prends place à mes côtés. Un silence s'installe mais il décide le rompre rapidement.

« Alors comme ça, tu es avec Paul ? »

« Étais. », je lui rappelle, avec amertume.

« Pardon. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu ne m'as jamais parlé de ton couple. »

Je lui explique alors notre rencontre, nos aventures, notre break. Quand je pensais ne plus pouvoir l'étonner plus, ses sourcils et ses yeux me prouvent le contraire. Oui, ce n'est pas une histoire banale...

A la fin de mon discours, j'attends une réaction de sa part, qui ne vient pas.

« Andrew ? T'es encore là ? »

Il lève la tête vers moi et me regarde droit dans les yeux :

« Wow. On dirait une histoire tout juste sortie d'un film. »

J'étais bien d'accord... et c'était plutôt un bon film, jusque-là.

« Elsa, », il reprend soudainement, « Tu devrais quand même rentrer sur New-York et lui demander des explications, une fois ton contrat ici terminé. La manière dont tu me racontes votre histoire, ce mec est fou amoureux de toi. Tu sais aussi bien que moi comment sont les journaux, ils peuvent raconter n'importe quoi. Ne tire pas de conclusions trop hâtives. »

« Il se doute que je vais tomber dessus ! Pourquoi ne m'a-t-il pas prévenu dans ce cas, hein ? »

« Je ne sais pas... »

Ce n'est pas la réponse que je veux entendre, malheureusement, et elle me conforte dans ce que je sais déjà. Il a tourné la page. Comment ai-je pu croire qu'il n'allait pas trouver meilleure femme que moi, en six mois ? Naïveté, tu me tiens.

On passe alors la matinée ensemble, et il arrive par moment à me faire arrêter de pleurer, voir me faire sourire. Nous retournons au boulot l'après-midi et je décide, comme à mon habitude, de fuir mes sentiments en me concentrant cœur et âme dans mon travail.

C'est ce que je fais les trois prochaines semaines, ne m'accordant que très peu de répit, sachant que les moments ou je n'ai rien sous la main sont les moments ou je pense à lui, et ou mon cœur se brise chaque fois un peu plus.

Andrew me ramasse à la petite cuillère chaque weekend, et je le lui rends en faisant toutes les tâches ingrates de l'appartement, ce qui m'occupe également.

Je n'arrive plus à dormir la nuit et nous commençons à prendre l'habitude de dormir ensemble, bras dans les bras. Malgré l'attirance infaillible que nous avions l'un envers l'autre, nous sommes préoccupé par nos couples respectifs, que nous avons tout deux espoir de sauver. Cette relation amicale fusionnelle que nous avons est la seule chose à laquelle nous nous rattachons dorénavant.

Je ne sais pas encore si j'ai perdu Paul pour de bon, mais j'aurai au moins découvert une amitié incroyable.


...Avant-dernier épisode......;)

Ce patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant