Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE II]

10. Quelque-part...

Drice répondit en douceur à mon baiser.

- Que veux-tu faire ? Me demanda-t-il subitement, mettant fin à cette connexion physique, un peu trop intime.

- Euh, je ... Je ne sais pas ?

- Veux- tu qu'on essaie de retrouver tes amies ? Ou est-ce que tu préfères que je te raccompagne chez toi ?

Je réfléchis. 

En réalité, je n'avais pas spécialement envie de continuer la soirée ici. 

J'avais trop peur de recroiser Jon et je n'arriverais de toute façon pas à me lâcher sur le dancefloor. 

D'un autre côté, je n'avais pas non plus envie de rentrer... Mes parents savaient que je devais passer la nuit chez des amies et je ne tenais pas à subir un interrogatoire sur le pourquoi du comment dès demain au réveil. 

Et puis, je n'avais pas envie de rester seule... J'aurais voulu rester là, avec lui, jusqu'au matin.

- Je n'ai pas tellement envie de danser... avouai-je.

- Je te ramène alors ?

- ... mais je n'ai pas envie de rentrer non plus.

Drice posa sur moi un regard interrogateur. 

Profond. 

Comme s'il me sondait à la recherche de réponses qui l'auraient satisfait. 

C'était trop dur pour moi et je détournai les yeux.

- Donc ... ? Où veux-tu aller ?

- N'importe où... Quelque part ?

***

Il se leva et me tendit la main.

- C'est d'accord. Allez viens, je t'emmène.

Il me conduisit vers son scooter - garé dans la rue à l'extérieur du parc - et me tendit son casque. C'était la seconde fois.

Nous roulâmes pendant un temps qui sembla s'étirer sur une éternité. 

Drice conduisait avec souplesse mais gardait les gaz enfoncés. Nous devions certainement être au-delà de la vitesse maximale autorisée. 

J'avais été obligée d'enrouler mes bras autour de sa taille et je sentais la tiédeur de sa peau à travers le coton de son t-shirt. Je me sentais vivante, perchée sur cet engin dont je n'aurais pas imaginé qu'il fut capable d'aller si vite. 

Les lumières des grands axes défilaient à toute allure et je sentais le vent souffler en rafales tourbillonnantes autour de nous. Les pans de mon gilet battaient furieusement les airs et les poils de mes bras s'étaient hérissé, en réponse au rafraichissement de la température. Où était-ce la présence du conducteur ? Je me pressai un peu plus contre lui pour profiter de sa chaleur réconfortante.

Drice engagea le scooter sur un pont et nous passâmes au-dessus d'une grande étendue d'eau. Plus loin, la route finissait et il emprunta un chemin de pierres qui conduisait au sommet d'une petite colline, où il mit pied à terre.

- Voilà ...

Je descendis à mon tour, légèrement tremblante après une telle course. J'ôtai mon casque et me tournai vers le pilote avec un air interrogateur.

- Nous y sommes... précisa-t-il comme s'il avait saisi le fond de ma pensée.

- Où ?

- Nous sommes quelque-part... C'est bien là que tu voulais aller, non ?