Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE II]

13. Dans la pénombre

Qu'étais-je censée faire ? Et lui, quelle idée avait-il sur la question ? Allait-on dormir là tous les deux,... à sentir nos présences distantes, tels deux chiens de faïence ? 

Non. 

J'avais besoin de sentir son contact à mes côté. Cette chaleur rassurante...

Je me redressai dans les coussins moelleux et me rapprochai de lui pour poser ma tête sur son épaule. Dans l'obscurité, je sentais sa respiration régulière et essayai de calquer mon souffle sur le sien. 

Pourtant ce qui aurait dû me calmer me rendait de plus en plus nerveuse. 

A chaque inspiration, je sentais une sorte de trouble parcourir mon corps. Est-ce que Drice sentait également cette tension ? Elle me semblait si palpable qu'elle emplissait l'air autour de nous comme une sorte d'aura. Comme une énergie bienveillante, quoique beaucoup trop puissante... Comme deux aimants... Je ne parvenais pas à lutter contre cette force. 

Je me penchai au-dessus de lui pour éteindre la dernière lumière restée allumée. Comme si l'obscurité pouvait, à présent, tout rendre légitime...

Je repris place à ses côtés mais en me serrant un peu plus contre lui, ramenant la couverture par-dessus son corps. Il ne broncha pas. Les sens en alerte, j'étais à l'écoute du moindre signe qui m'aurait permis de me diriger... 

Je l'entendais toujours respirer. Plus rapidement, cette fois. Si seulement, j'avais pu savoir ce qui se passait dans sa tête... Suffisait-il de lui demander ? Mais je ne parvenais plus à m'exprimer avec des mots... Je ne connaissais plus que la conduite instinctive qui dirigeait à présent mon corps et mon esprit, comme si j'avançais en pilote automatique, soumise à une force qui se jouait bien de trouver une raison aux choses...

Son cœur battait. Peut-être un peu trop rapidement... Je levai une paume que je posai sur sa poitrine, comme pour calmer cette course folle, dans laquelle je voulais malgré tout me laisser entraîner. Je senti ses doigts sur les miens. Voulait-il m'encourager à continuer ou, au contraire, arrêter mon geste ?

Lentement, avec une extrême précaution, il emprisonna ma main dans la sienne et la détacha de son torse. Nous restâmes un instant là, suspendus dans les airs... Attendant, je ne savais trop quoi. 

Comme une douce torture... Je ne parvenais pas à penser à autre-chose qu'à son corps, assis contre le mien. Je voulais juste qu'il relâche son étreinte, qu'il m'embrasse et pose ses doigts sur moi, là où la décence ne l'aurait normalement pas permis. Après tout, je n'étais plus que très légèrement vêtue... Assaillie par des images trop réalistes, je fondais, littéralement.

Tremblante, je relevais la tête à la recherche d'un quelconque soutien. Mais, dans le noir, je ne pouvais plus rien distinguer de son regard, si apaisant d'ordinaire. N'y tenant plus, je me hissai de quelques centimètres et rencontrai enfin mon objectif.

Drice réagit à mon baiser en serrant plus fort mes doigts et en s'inclinant légèrement vers moi. Je dégageai doucement ma main captive et passai le bras au-dessus de ses cuisses, pour m'appuyer sur l'accoudoir à côté de lui. Dans cette position, mon visage se retrouvait face au sien. J'entrouvris les lèvres, prête à aller plus loin.

- Charlie... murmura-t-il avec une voix rauque.

Je glissais ma main libre dans sa nuque. Le contact avec sa peau, douce et chaude à la racine des cheveux, lui arracha un bref gémissement.

- ... doucement, jeune fille.

Il se détacha de moi et me pris par les épaules pour m'éviter de perdre l'équilibre suite à ce changement de position.

- Il est tard et la fatigue n'est pas bonne conseillère... Il faut que tu te reposes maintenant.

- Mais ... Je... balbutiai-je, honteuse de m'être ainsi emportée.

- Chut... m'intima-t-il en ajustant la couverture et en s'allongeant contre moi. Là... tu vois. Comme ça....

Le timbre de sa voix, chaude et sereine eu un effet immédiat et ses paroles résonnèrent tel un envoutement. 

Je me rendis compte que j'étais effectivement complètement vidée, à bout de force... Et ne tardai pas à sombrer dans un profond sommeil.