31. Une ouverture de dernière minute

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Pendant les deux heures qui suivirent, je guettai un signal de mon amie. N'importe quelle nouvelle sur une éventuelle échappatoire à la soirée vide qui s'annonçait. 

Mais rien...

Il commençait à se faire tard et je jetais de plus en plus régulièrement un coup d'œil aux éclairs bleus posés sur mon lit. C'est comme si les murs de ma chambre étaient beaucoup trop proches tout à coups, et que l'espace ne pouvait plus contenir assez d'oxygène... Je me sentais suffoquer ! 

Il était impensable que je reste une seconde de plus ici !

Est-ce que je pouvais me servir de cette excuse pour le contacter ? Pour lui demander où aller ce soir ? Même seule...

« Sais-tu où je pourrais sortir ce soir ? » Lui avais-je finalement écrit. 

« Si tu parles de soirée, je pense qu'il n'y a pas grand-chose pour le moment. »

« Dans ce cas, est-ce que je peux passer chez toi ? J'ai quelque chose qui t'appartient et qui m'encombre un peu... »

« Je ne suis pas chez moi »

Drice dû interpréter mon manque de réponse pour un mouvement d'humeur (ce que c'était d'ailleurs !), parce qu'il se sentit obligé de rajouter :

« Je mixe avec des amis dans un endroit un peu paumé... et je n'ai pas trop envie de te mêler à ça »

Que voulait-il dire par paumé ? Ma curiosité était piquée. Mon orgueil également. Estimait-il que je fusse trop fragile pour avoir ma place parmi eux ? Ou avait-il trop honte de moi pour vouloir me présenter à ses potes ?

Alors que je fulminais de plus en plus, mon téléphone sonna.

- Amara ?! m'exclamais-je avec beaucoup trop d'emphase. Alors ? tu as trouvé quelque chose ??

- Wow, calmos poulette ! Tu as l'air au bord de la crise de nerfs...

- C'est presque ça. Si tu me dis que tu n'as flairé aucun coup, je pense que je vais péter une case.

- Ok, bon, je n'ai rien de très concret mais il semblerait qu'une rave improvisée se déroule dans un squat des quartiers nord.

- C'est vague comme théorie... me lamentais-je.

- Je n'ai pas d'adresse mais j'ai les coordonnées gps, si tu veux ?

- Evidemment que je veux ! sursautais-je. Et tu as eu le tuyau par qui ?

- Une connaissance qui mixe un peu et qui connait tous les coups tordus... Mais je te préviens, ce n'est pas spécialement un quartier sûr. Franchement, je serais toi, je resterais chez moi.

- Ca veut dire que tu ne comptes pas m'accompagner ?

- Pas cette fois, non. Mes parents ont organisé un repas avec de la famille et je ne peux pas m'échapper.

- C'est vraiment nul... commentais-je.

- Comme tu dis approuva mon amie. Mais bon, je me réserve pour la prochaine soirée d'un peu plus grande envergure. La Garden party de vendredi prochain, par exemple... En attendant, je pense que je vais apprécier pouvoir dormir un peu !

Amara m'avait envoyé les références géographiques de la présupposée fête et j'avais fait une rapide recherche sur le net pour essayer de me repérer. 

D'ici, si je prenais d'abord le bus, je n'aurais plus qu'un bon quart d'heure de marche, ce qui était jouable.

J'enfilai une combi-short en viscose beige rosé, des baskets noires et un gros sweat à capuche kaki ; saisis un petit sac banane en cuir argenté et y plaçai les pilules, un reste de beuh ainsi qu'un peu de monnaie. 

Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant