Les poumons aussi oppressés que s'il avait porté l'un des corsets de sa sœur Henriette, Jeremiah s'éveilla, le visage à l'ombre d'un arbre.
Il reposait sur une terre humide, suffisamment tassée pour que son dos y repose sans douleur et, le corps assez en pente pour avoir l'impression que ce qui le gênait au creux de la gorge ne pourrait jamais en sortir.
Il tenta de tousser avant d'abandonner lorsque son crâne se mit à pulser et la douleur à irradier dans tous les os de son bras droit.
- Vous devriez rester couché encore un peu. Myria s'est occupée de votre bras mais vous êtes encore bien blanc, ce ne serait pas bon pour votre organisme si vous vous évanouissiez de nouveau.
Jeremiah se retint de répondre à l'homme dans la fin de la vingtaine qui le surplombait, qu'il n'avait jamais été plus coloré que les faïences encore vierges de toute peinture que son frère ainé, Ovide, collectionnait.
Il acquiesça donc, le plus doucement possible afin que la migraine qui s'était installée derrière ses yeux ne lui en tienne pas rigueur.
L'homme lui offrit un sourire avant de s'éloigner, laissant à Jeremiah tout le loisir d'observer le capharnaüm qui régnait sur la plage.
De ce qu'il pouvait voir, en plus celui qui venait de lui parler et de lui, deux hommes ainsi que deux femmes aux vêtements déchirés s'activaient sur l'étendue sableuse à récupérer tous les débris qui tombaient sous leur main.
Du coin de l'œil, il aperçut la grande malle en bois massif qui s'était autrefois trouvée dans sa cabine et que son père lui avait légué, en souvenir de mon premier voyage en mer sur mon premier bateau, lui avait-il dit.
De ce qu'il pouvait voir, le cuir qui recouvrait les charnières avait subis quelques dégâts avec l'eau salée et il manquait plusieurs des incrustations dorées que sa mère avait fait ajouter avant son départ.
Ce n'était qu'une malle mais elle lui fit réaliser la chance qu'ils avaient tous d'avoir survécus à cette nuit-là.
Et surtout en si bon état général.
Le vent se leva de nouveau, sifflant dans les arbres, et malgré un ciel dépourvu de nuages, ils eurent tous pour reflexe de porter leur regard sur l'océan.
Était-ce toujours l'océan d'ailleurs ?
Ou avaient-ils échoué sur une île dans l'une des mers qui le jouxtait ?
Jeremiah n'en savait rien, il n'était pas réveillé depuis assez longtemps pour avoir pu apercevoir le mouvement d'une éventuelle marée.
Et l'eau était encore trop agitée à la suite de la tempête pour pouvoir se faire une idée plus précise.
Il était loin d'être un expert, il connaissait les différents courants ainsi que les vents, oui, or comme il n'était pas amené à tenir la barre, il n'avait pas vraiment approfondi ses connaissances sur le sujet.
Il en savait bien plus sur les différentes pièces qui composaient un navire, il se passionnait sur toutes les sortes d'embarcations qui pouvaient naviguer depuis qu'il était en âge de lire.
Les autres naufragés, eux, devaient savoir sur quelle étendue d'eau ils se trouvaient mais, Jeremiah sentait que pour le moment, il ne ferait pas plus de deux pas avant que sa face ne rencontre la terre humide.
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Phoe
Fiction Historique1634. Un navire marchand. Une tempête. Jeremiah, fils cadet d'un riche marchand voulait faire ses preuves, montrer que malgré l'abandon de sa fiancée pour un homme avec un titre bien que moins fortuné, il n'était pas impotent et un poids pour sa fam...