Chapitre 7

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De retour chez moi je me laisse tomber sur mon lit. Je contemple le plafond, laissant mon regard errer, sans but précis. Puis je suis soudainement pris d'un accès de colère, et je me lève d'un bond. Je hurle et je donne un violent coup de poing dans le mûr. "Quel con!", je crie. La paroi est épaisse et solide. Personne n'a dû m'entendre et aucun dégât n'est apparent sur le mûr. Je me rassoit sur lit, pas vraiment calmé, et je pense au sourire de Tiffany. Curieusement, mon rythme cardiaque se calme et je me sent appaisé. Je regarde couler je sang de mes phalanges. Lentement. Doucement. Comme s'il prenait son temps. Que rien ne pressait. Les anciennes blessures n'étaient que des croûtes que j'ai dû réouvrir. Je contemple mes mains. Longs doigts. Peau relativement sèche. Croûtes à moitié séchées pour certaines, et cicatrices diverses. Puis je repense aux mains de Tiffany. Différentes, mais pourtant curieusement semblables aux miennes: blessées. Mais elle, elle se mange les cuticules, s'arrache les peaux autour des ongles. Les main en sang. Ou croûtées. À longueur de journée.
Je me décide à me lever et à me laver les mains. Je pose un bandage sur mes phalanges droites. Mon regard tombe par hasard sur la pendule. 2h30 du matin. Je me rends compte qu'il aurait très bien pu être 7 heure du soir, ça n'aurait rien changé. Je n'ai plus aucune notion du temps, la soirée a été riche en émotions.
Je me met à réfléchir. À la manière dont je vais revoir Tiffany. Il le faut. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme un besoin. Je veux repasser du temps avec elle, entendre sa voix douce et calme me dire des choses qu'elle seule comprend. Elle a l'air si... Intelligente. Mais pas l'intelligence d'Einstein, celle qui vous permet de percer le secret d'Enigma, ou celui du linéaire B... Mais plutôt celle de Sherlock Holmes... Cette intelligence si simple... Logique... Sherlock est franc, et quand il vous regarde, il vous scanne, et en un instant, sait tout de vous. Il se comprend et réfléchit différemment. Comme s'il prenait toujours le problème sous un angle différent de nous. Il essaye toujours d'avoir tout en main, d'avoir de l'avance. Il ne dit rien au hasard, et sait toujours comment se comporter. Quoi dire. Quoi faire. Comment les autres vont réagir. Il le sait toujours. Il anticipe. Il est dans son monde. Ors, c'est exactement à lui que j'assimile Tiffany. Elle est dans son monde, avec son intelligence, sa voix douce et ses doigts abîmés.

Quand j'étais petit, moi aussi je réfléchissais différemment. Mais ça ne plaisait pas vraiment aux autres. Et je n'ai pas eu le courage de m'assumer. Je le regrette. J'avais des bonnes notes partout, même si ce n'était jamais assez bien pour mon père. Moi, ce que j'aimais vraiment, c'était les maquettes. Je construisais pleins de choses. Parfois à partir de rien, parfois j'avais assez d'argent pour m'acheter un kit. J'adorais tout, des avions aux bâteaux, en passant par les figurines ninjas et par les tanks. Le fait de se concentrer, je partais dans ma bulle, avec ma concentration et mes maquettes... Mon père évidemment n'aimais pas, alors j'étais obligé de cacher mes traveaux sous une latte du parquet... Et après mes devoirs, le repas et les corvées, je m'enfermais dans ma chambre et je construisais... Des fois l'été, j'allais me trouver un coin tranquille, dans la campagne ou sur une colline, et je m'installais, avec mes maquettes.

De retour dans ma chambre, je me couche sur mon lit, les bras croisés derrière ma tête, et j'observe les étoiles par la fenêtre... Mes paupières sont si lourdes...

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⏰ Dernière mise à jour : May 08, 2015 ⏰

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