Je n'avais pas vingt ans et je me prenais pour Calamity Jane. Il y a un âge pour tout, mais je mentirais en cachant que je n'ai pas aimé cette période d'impétuosité , d'impériosité : tout dans l'urgence tout, sans scrupule.Il était presque 22h00, je m'étais rendue au clos de Lauriers, une petite citée fragile avec ses tours a demi abandonnées, c'était un quartier autrefois tranquille mais qui depuis cinq ans n'avait pas échapper à la montée de la petite et moyenne délinquance. Depuis peu le vandalisme avait explosé, les montées se barricadaient, les halls d'entrée étaient bondés de 11h à 14h et de 17h à 22H, on trouvait an peu près tout ce qui se bicravait, se fumait, se sniffait s'injectait... Comme partout l'argent avait modifié les ambitions.
j'avais un petit ami toxico et petit dealer et plus ambitieuse qu'amoureuse, je m'efforçais de récupérer son nessby, j'avais une voiture qu'il n'avait pas et suis allée là où on nous attendait. Ce que je faisais n'était pas joli, doublé mon propre mec, mais fallait voir ce qu'il m'avait fait endurer, la came vous enlève toute culpabilité, et au-delà même du bien et du mal, annihile toute affection. Je n'avais pas besoin d'aimer j'avais besoin de drep.... Il m'avait laissé de nombreuse fois en manque, me faisant croire qu'il vivait la même chose .... Alors qu'il bénéficiait de 16 mg de subutex par jour (dosage légal maximal) me donner 4 mg par jours n'aurait pas changer ses sensations mais m'aurait éviter à moi sueurs froide diarrhées , vomissements, tremblement idées suicidaires....... « oh bébé si je pouvais faire quelque chose » , putain connard me donner 1/5eme de ton traitement aurait surement suffit a me tenir débout, mais monsieur refusait que j'aille voire le même généraliste que lui. Un seul médecin dans ma petite ville avait alors les couilles de prescrire du subutex on était en 96 année de la mise sur le marché de cette molécule. Le pire c'est que maintenant on en trouve partout...mais hier comme alors question rabla, c'était chacun pour sa gueule ..........Je n'étais pas totalement inconsciente, je savais le pathétisme qu'évoquait mon couple et ce que chacun de nous deux faisait à l'autre.
Lors d'une vente chez des connaissances, j'eu une espèce de coup de foudre pour Malik un algérien que je voyais pour la première fois et qui sortait de centre de détention. Ce keum, c'était un piège à K.sos féminine dans mon style (je dis K.sos mais dans le sens « sur le fil de la marginalité je n'ai jamais été fascinée ou attirée par l'argent), un type mystérieux avec une aura dissuasive, grand mince pas très musclé, mais nerveux... et les deux attributs physiques que j'ai depuis complètement fétichisé: des fossettes qui se creusaient dans ces imperceptibles sourires et une pomme d'Adam très marquée et qui je l'avais remarqué trahissait ses quelques accès fébriles. Je n'ai pas su pourquoi mais l'attirance était visiblement réciproque. Rien d' une envolée lyrique à faire sur notre rencontre, il sortait du placard, des années sans avoir vu une femme.... J'étais la seule dans une assemblée exclusivement masculine, le temps a suffisamment passé pour dire que j'étais une jolie jeune fille , désirable, pas vulgaire, pas consciente du tout que je pouvais générer quelques émois, pas du tout marquée par mes conso....j'étais une meuf mignonne et j'avais l'attitude d'un pote de toujours, ce qui faisait qu'on me portait une confiance naturelle quasi systématique. Et j'étais fiable sinon je n'aurais pas fais long feu, j'étais respectée, protégée. J'avais un statut très privilégié qui fait que selon que ça les arrangeait ou pas, j'étais une demoiselle ou un vieux poto... Mais personne à cette époque de près ou de loin ne se serait avisé de mal me parler ou pire me menacer... Je n'avais pas conscience de cet avantage, et n'en ai donc jamais abusé.
Bref, en 3 jours, Malik et moi avons fait connaissance, sous prétexte de byz... Il m'avait pris sous son aile. Je ne m'étais pas emmourachée mais étais attirée par ce type, cet arabe dans le sens intriguée, curieuse, presque fascinée ... Mais je ne souhaitais pas tout connaitre, par exemple je n'ai jamais voulu savoir pourquoi il disait avoir mérité ses 7 ans de schtar. Le simple fait qu'il estime les avoir mérités lui offrait de ma part un respect quasi-inconditionnel. Vu ses comportements psychopathiques je me doutais qu'il s'agissait de violences, ou des conséquences d'un truc impulsif genre brako... dans les deux cas je n'envisageais rien de prémédité, il n'y avait pas de trace de calcul chez lui, il était « authentique » avec le cœur pas avec la tête .... Cela faisait cinq jours qu'il avait franchit la grille de sortie, je me suis alors beaucoup interrogée sur ce a quoi avait pu ressembler ses premiers jours de liberté, ses premiers désirs, son premier repas, sa première nuit, sa première conversation, les gens prévenus, avait-il seulement prévenu quelqu'un? Quel était son entourage qui le laissait ainsi seul après 7 ans.... Et puis comment il avait atterrit a A. dans Ma ville chez Ludo et Kader? Chez ces gens là, que moi-même je connaissais et au moment même où je venais chez eux? Le mektoub, le destin m'a-t-il souvent ensuite répeté.........Mais 7 ans putain, il ne devait pas avoir que cassé quelques dents. S'il avait commis un homicide il aurait pris plus de dix ans... La seule chose que je ne lui ai jamais demandé c'est s'il avait été violent envers une femme ou des enfants. Il m'a juré sur la Mecque que non, et alors ça me suffisait. Je pense qu'outre les avantages que je lui apportais: une gueule d'ange, le genre de jeune fille a qui on donnait le Bon Dieu sans « concessions » (expression de sa créativité), pas de casier, pas de GàV, pas d'histoire.... Une fille qui commençait à peine a se faire connaitre, il m'aimait tout simplement bien. Je n'évoquerais pas ici mon état d'esprit d'alors , le mot qui s'en rapproche le plus devait être le cynisme et le désabusement, je paraissais fraîche, solide et indépendante, mais les évènements de la vie avait fait de moi quelqu'un pleine de contradictions, à la fois enthousiaste curieuse, et méfiante mais à par mes potes et plus largement les gens qui partageaient mon mode de vie underground j'étais plutôt mysanthrope. Quant à moi, Malik était devenu mon énigme et le simple fait de connaitre son prénom : Malik, était devenu mon passe, ma protection, et aussi ma fierté.
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celui qui ne s'appelait pas MALIK
Diversosune histoire improbable oú pour une fois drogue et amour se côtoient. une histoire terminée mais qui 15 ans plus tard n'arrive pas à se faire souvenir