doucemement mais sûrement

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Trois semaines s’étaient donc écoulées, je commençais à trouver le temps long non pas qu’il me manquait quelque chose, la came, j’en avais à volonté, des amis je n’en avais pas avant, des potes de défonce seulement, ma famille un concept trop flou pour me manquer … J’avais vite compris que le fait d’être une copine de Malik dissuadait chacun de s’attarder avec moi, le temps d’une bière jamais plus. Je commençais a trouver ça moins amusant. Comme s’il lisait dans mes pensées, (j’en ai fait un bon délire paranoïaque), Malik est arrivé un soir, J’ai compris à sa tension que ce n’était pas comme d’habitude pour passer la nuit et repartir , il m’a demandé combien on avait, combien il restait . Il ne semblait ni déçu ni content…. Comme s’il savait déjà, Il m’a dit « tu veux continuer avec moi? » « ????euh, je sais pas on va faire quoi? » ce ne sont pas les termes employés mais en gros il me proposait de « se ranger ».

- « Mais je ne veux pas me ranger, tu veux dire tout arrêter, travailler ? »

-«  en mieux » m‘a -t-il dit .

La Porsche Cayenne, la maison a Tizzi Ouzzou, passer 9h par jour dans un open space…... Je n’avais pas de projet, mais surtout pas ceux la.

          On a quitté la Saône et Loire pour emménager sur Strasbourg, j’ai compris que c’était ses quartiers, sa vie. Du moins celle d’avant, avant la prison. Rien ne me surprenais plus avec Malik. Donc il n’y eu pas de visite d’appartement, pas de négociations avec les agences immobilières, pas de dossiers a monter, de cautionneurs à inventer, on a passé deux jours dans un camp de gitans, j’avais compris pour mon confort, ma sécurité  bref ma tranquillité de ne surtout pas poser de questions. On a vite « trouvé » ou plutôt obtenu un appartement un F2 , cette fois-ci en centre ville, un vieil appart avec collombage parquet, haut plafond….

-« Parfait il m’a dit je vais travailler, je m’appelle pas Malik mais Samir ». J’ai eu beaucoup de mal à me faire à ce nouveau prénom.

-« Et qu’est-ce tu vas faire comme travail? » Lui ai-je demandé ?

-« «Celui que j’ai toujours fait : ambulancier ! »

-« mais je croyais que pour etre ambulancier fallait pas avoir de casier!? » je n’ai pas eu de réponse. Il m’a poussé à choisir une formation…. Une qui ne coutait pas cher qui ne durerait pas trop longtemps, avec une sécurité de l’emploi. Un truc sans ambition ; j’ai choisi « Infirmière » on m’avait toujours dit que j’étais faite pour m’occuper des autres, j’ai préparé ce foutu concours en pure dilettante.

           Avec Samir. notre relation fraternelle a commencé à virer à l’inceste. Il commençait à bien m‘aimer. Je crois que ça commençait aussi à être réciproque. Il me touchait, inébranlable, sécurisant, sur de lui et parallèlement avec un coté infantile « on te donne le bon Dieu sans concessions » « on se connait ni d’Eve ni d’avant;…. » j’adorais sa dyslexie culturelle, je ne le reprenais même pas. Je lui ai quand même appris à lire et écrire c’est la seule chose qu’il ne m’ait jamais demandé. Je trouvais des bénéfices secondaires à cette relation de dépendance. « Tu es faite pour t’occuper des autres » m’avait-on toujours dit,  d’une certaine manière c’était  vrai. Si je n’avais pas été tout à fait certaine qu’il n’avait pas besoin de moi, je pense que l’aventure ce serait arrêtée là. Maintenant nous faisions l’amour, avec tendresse, (l’héroïne provoquant une absence fréquente d’orgasme, comme si elle voulait garder une omnipotence jouissive sur la personne.) je sais que c’était pour le plaisir et non la jouissance que nous y passions tant de temps. Tout se passait en silence, avec élégance et respect. Cela a créé une véritable complicité entre nous.

celui qui ne s'appelait pas MALIKWhere stories live. Discover now