chute

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Paris ...les marins ont une femme dans chaque port, Samir avait un dealer dans chaque ville. Maurice, un gros camerounais est venu nous chercher à l'aéroport, on a filé sur Vitry je crois, dans un appart squat, Samir a sorti 1000 francs et on a eu presque 3 grammes de très très bonne came. Nous tremblions à peine capable de tracer des lignes. Maurice le camerounais avait l'air de bien connaitre Samir et je n'ai pas posé de questions (encore) quand il lui a préparé une injection. Samir a dit « Non, elle d'abord, fait lui une ligne »..... Je n'ai pas réfléchis deux secondes : « Non, je veux aussi un taquet! Vite » Samir m'a supplié, je lui ai dit que ce n'était pas le moment de parler de ce qu'il me permettait ou pas de faire, de faire du paternalisme....que je jurais de ne jamais le lui reprocher. Je me suis laissée faire, je n'ai raté aucun détails de la préparation. Maurice m'a dit « c'est du bonheur les chemins de fer d'une vierge »en parlant de mes veines.... La suite je n'en ai pas non plus perdu une miette, l'aiguille qui transperçait ma chair sans douleur. Le retour de piston je lui ai juste dit « doucement » il a rit « tu as peur de l'overdose, on a du narcan » Maurice ambulancier lui aussi était équipé d'ampoules de Narcan, l'antidote en cas d'O.D. « non, je n'ai pas peur c'est mon premier je veux savourer » il a appuyer sur le piston, en quelques secondes la salive est monté à ma bouche, mes muscles à l'unisson se sont détendus, ma mâchoire desserrée... je lui ai demandé de s'occuper de Samir j'allai finir toute seule, il restait encore un tiers de la seringue j'ai refait une tirette, remplie la seringue de sang et à toute allure j'ai envoyé ce qu'il restait j'ai enlevé l'aiguille, le sang s'est mis à couler abondamment Samir pas encore détendu m'a dit « non pisseuse, le garrot d'abord !il faut toujours enlever le garrot avant l'aiguille » c'était la première fois qu'il m'insultait et la dernière, de plus son insulte oscillait entre tendresse et culpabilité. Les instants qui ont suivis sont indescriptibles, allégresse me semble le meilleur adjectif suivi de volupté, ...... Si j'avais su que je ne revivrai jamais ça j'en aurai savouré encore d'avantage chaque seconde. Plus rien n'avait d'importance. Ni le passé, ni mon enfance de merde, ni l'avenir, ni remord ni regret, ni ce putain de tentative de viol collectif, ni ce bébé mort en moi a 4 mois, ni les fausses relations d'amitié entretenues, intéressées pour quelques grammes de tamien ni cette histoire précédente que je qualifiais de vie de « couple » .... A ce moment pas un doute pas le moindre doute...nada. Rien ne c'était jamais passé ces dernières années ni même le Canada ni l'avion. Rien qui n'est la moindre importance.

J'ai su à ce moment là que je ne ferai pas marche arrière facilement. J'ai alors au bout de quelques minutes repris mes esprits. J'ai regardé Samir, son visage à lui aussi s'était enfin apaisé, mais visiblement rien de comparable à ce que je vivais, j'ai compris que pour lui c'était déjà une vieille habitude. J'ai ressenti un amour sans limite à son égard, j'avais envie de lui. Pas sexuellement quelque chose de spirituel, d'humain, quelque chose que je n'avais jamais ressenti. Un truc je pense proche de cette dépendance consentie d'un nourrisson pour sa mère ou une connerie du genre. Il avait encore la pompe dans la jambe. Je venais de comprendre quelque chose. A l'époque où on avait eu nos premières relations sexuelles aux Creusots, il était arrivé un jour les bras brulés, je m'étais alarmée, je voulais l'emmener a l'hôpital. Mas avec son propre matériel d'ambulancier il s'était fait un bandage sur les deux avant-bras... une bagarre qui avait mal tournée « laisse tomber » m'avait-il dit et comme a chaque fois au début de notre relation j'avais laissé tomber. Je compris à cet instant précis qu'il s'était brulé les deux avant bras, renonçant du même coup à continuer de se shooter, pour que je ne découvre pas ce secret. Cela n'aurait rien changé, mais sur le moment je l'aimais encore plus d'avoir cherché à me protéger, à ne pas m'effrayer. Je l'aimais de m'offrir de lui cette protection aliénante, la domination de ses pulsions les plus violentes.... Il m'a reservé le meilleur. A ce moment là, je l'aurai épousé, lui aurait fait six enfants, renié tous mes principes immatures, serait allée a la mosquée chaque jour.... Je me serais faite autre. Je l'aimais au-delà de tout ce que je n'avais jamais ressenti. Mais je ne le sentais pas dans le meme trip, je l'ai supplié de ne pas me demander de parler. De nous trouver un coin, un hôtel pour dormir. Il m'a dit je t'emmène a l'hotel j'ai des gens à voir..... Non, non, non à nouveau un caprice, je le voulais lui maintenant. Partagé entre désir et nécessité il a encore cédé. Nous n'avons pas quitter l' hotel bon marché mais bien situé pendant pres de deux jours, tout ne fut que tendresse sans vulgarité sans fausses promesses pendant 48 heures jusqu'à ce que le besoin de se réapprovisionné se fasse ressentir et acheter des enceintes : de quoi lire le mp3. Les clips télé nous rendaient oufs. Nous avons dormi, fait l'amour, pris des douches nous sommes nourrit de jus de fruit, de viennoiseries.... Je crois avoir connu une vraie période de bien être partagé. Mais je ressentais en lui un besoin de plus en plus pressant, celui de parler. Et plus ce besoin m'était évident plus je m'inventai des stratégies pour fuir.....je ne faisais que retarder cet instantt et à aucun moment je n'ai préparé ce que je lui dirai...Je n'avais rien à lui dire je voulais juste perpétuer ce que notre relation était ad vitam aeternam... Mais ouais ouais une relation est faite pour évoluer ou s'achever. Je ne voulais ni l'un ni l'autre. Préc isément c'est sur « mon » incapacité à m'investir qu'on a maintes fois pleuré, discuté, qu'on s'est engueulés, réconciliés.... . Des concepts qu'on ne maîtrisaient même pas parfaitement ont fait surface : autonomie, indépendance, solitude, et cette vilaine rime : pas d'inquiétude..... Tu parles.

celui qui ne s'appelait pas MALIKWhere stories live. Discover now