Une douce lueur vint caresser mes paupières me faisant battre plusieurs fois des cils. Un agréable fil de lumière traversait ma chambre, ornant cette dernière d'une reposante atmosphère.
Je m'étirai de tout mon long, encore enveloppée dans mes draps, je me redressai sur les coudes. La fatigue tenait toujours mon corps après la nuit que je venais de passer. Je n'avais cessé de me torturer l'âme avec les paroles de Lance, c'était une des nombreuses choses que je détestai chez sa personne. Le fait qu'il ne parlait jamais dans le vent et que chacune des syllabes qui roulaient sous sa langue avaient une signification lourde de sens, s'écrasant dans mon esprit et résonnant de mille échos.Je n'avais pas su m'arrêter de réfléchir à Ezarel, à ce qu'il avait fait et surtout à ce que moi j'avais fait. Une partie de moi, très profonde, n'avait guère reculé devant l'affreuse tâche de me scander que le dragon avait dit une vérité. Lance avait tué, oui. Mais si je l'abhorrais tant c'était parce qu'il avait ôté la vie d'un de mes amis les plus proches et qu'il avait fait du mal aux personnes qui m'entouraient.
Ezarel m'avait avoué avoir commis un crime affreux, et je me souvins m'être forcée à ne prononcer aucun jugement et à faire taire mes pensées lorsqu'il m'avait révélé ses actes passés. J'avais décidé de fermer les yeux sur cette partie de sa vie. Parce que je l'aimai. Et parce que cela ne m'avait rien fait de l'apprendre sur un plan personnel.Ce qui différait également était le fait que je n'avais pas connu Ezarel à cette époque de sa vie, il ne m'avait pas fait de mal. Les personnes ayant été victimes de son sort ne m'environnaient pas, je n'avais pas eu cette souffrance par ricochet.
Non. Moi j'avais rencontré Ezarel, le chef de la garde Absynthe, l'elfe friand de miel et taquin. Celui qui éprouvait un fort dégoût lorsque des mains trop audacieuses osaient le toucher. Celui qui m'avait sauvé la vie de ma noyade, l'homme pour qui j'éprouvais un amour à m'en rendre folle.C'était cet homme-là que j'avais connu. Pas celui ayant décimé une population pour le bien de son clan durant une guerre.
Mais malheureusement, c'était le même homme. À un stade différent de sa vie.Je me laissai retomber sur le dos contre mon matelas, honteuse d'avoir émis un lien entre Ezarel et Lande. Honteuse d'avoir pu y trouver une similitude dans le chemin de pensées de ces deux hommes. Honteuse de laisser la voix de Lance avoir autant d'emprise sur moi.
Ezarel avait agi pour ouvrir une porte de secours à son peuple. Il avait jugé ce sort d'invocation nécessaire pour protéger les personnes qui rythmaient son quotidien. Ne laissant rien d'autre que du sang et des cadavres de l'autre côté.Comme Lance.
Je me tourmentai, me répétant inlassablement que Lance aussi avait dû réfléchir de la sorte. Il était animé d'une profonde rage envers ceux ayant laissé son peuple se sacrifier, laissant ses géniteurs donner leur vie pour un monde qu'ils ne verraient pas.
Je pestai pour moi-même, me bousillant le moral de ces réflexions à double tranchant. Cela ne servait à rien de ressasser ce qui avait déjà été fait ou dit. J'avais fais le choix de balayer d'un revers de main le passé de celui que j'aimai, je n'avais pas à revenir dessus sous prétexte qu'un dragon de glace s'était permit de fouiller dans le passé de celui-ci. Mes choix ne regardaient que moi, et surtout, je ne devais pas émettre de comparaison entre les actes d'Ezarel et ceux de Lance. Ces derniers étaient à différentes échelles, affrontant des souffrances qui n'étaient pas égales puisque l'une d'entre elles me concernait personnellement. C'était égoïste certes, mais je n'avais jamais affirmé ne pas l'être.
Je soupirai d'agacement, furieuse de plus parvenir à employer un minimum de résistance. Victime de mes réflexions usantes.
Je passai mes jambes par-dessus le matelas, je devais me préparer pour la journée qui s'annonçait. Je n'avais pas idée de ce qu'elle me réservait et quelque chose me disait qu'elle allait se montrer harassante. Je n'avais pas terminé mon entraînement qui avait été d'une médiocrité sans nom, j'en étais consciente. Mais après la conversation entretue hier avec mon chef de garde je doutais que ce dernier ne se donne la peine de poursuivre la session. Après tout, rien ne l'obligeait à me former -encore- au combat.
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The choice
FanficIl était face à moi. Je pouvais le reconnaître entre mille, il n'avait plus rien de l'homme que je connaissais mais je ressentais notre énergie commune. Comment était-ce possible ? J'étais dans un dilemme et je savais que le choix qui allait s'imp...