Nevra et moi étions toujours dans l'herbe, plongés dans le silence que nos deux âmes criaient. Je n'osai interrompre, peur de ne pas comprendre la signification de ce calme olympien. Je le ressentais avec beaucoup d'angoisse, j'avais pris une claque en réalisant les souffrances que mon vampire se retenait bien de dire, imaginer sa solitude était hors de ma portée, bien qu'actuellement je l'expérimentais plutôt bien, aucune expérience n'était identique, chacun ayant des ressentis différents, plus ou moins ancrés en nous, chacun portant sa croix comme bon leur semblait.La brise du vent vint rafraîchir mes idées, apportant avec elle l'appétit. Je tournai alors mon visage en direction de Nevra dont l'œil était toujours rivé sur le vide, plongé dans ses pensées. Je pris quelques secondes pour le regarder, analysant les traits de son visage, le temps changeait bien des choses mais certainement pas le charisme qui émanait de sa personne. Un sourire amusé étira mes lèvres, ce qui n'échappa que vampire qui m'en fit la remarque. Je secouais la tête ne souhaitant pas lui partager le fond de mon esprit, il n'avait pas besoin de ça pour entretenir son ego.
- Allons manger, me dit-il en se levant, retirant les quelques brins d'herbe accrochés à ses tissus
Je me levais et l'imitais, frottant à mon tour mes vêtements.
- Tu veux dire... manger ensemble ?
- Pourquoi as-tu l'air dubitative quant à ma proposition ?
- Cela ressemblait plus à un ordre, je n'ai eu l'impression d'avoir le choix, répondis-je pour le taquiner
- Effectivement, je n'attendais pas de réponse de ta part.Un sourire moqueur se dessina sur son visage resté fermé depuis. La gaieté lui allait bien. Je ne pus m'empêcher de le regarder attendrie, je voulais le voir heureux, je voulais qu'il le soit.
- Et bien ... Soupirai-je, je vois que tu as toujours l'habitude que les choses aillent dans ton sens.
- Certaines choses ne sont pas faites pour changer, répliqua-t-il sur le même ton.Sa réponse faisait écho à mon train de pensée quelques minutes plus tôt et je ne pus réfréner un léger rire. Son regard posé sur moi était doux, nous reprenions petit à petit nos repères en la présence de l'autre, notre amitié en avait prit un sacré coup mais cela ne m'effrayait pas, la vie m'avait accordé une seconde chance, je sentais bien qu'il était temps de se ressaisir et d'arrêter de se morfondre. Et je comptais bien entraîner Nevra avec moi dans cette aventure.
Sur le chemin, nous continuâmes de parler, des sujets moins lourds cette fois-ci comme les nombreuses gourdes de Chrome, les disputes presque futiles entre Mathieu et la demi-sœur de Huang Hua, ... le ton était léger, nous prenions le temps de marcher, j'arpentais des yeux le Refuge, des enfants s'amusaient entre eux et quand leurs regards croisaient les nôtres, je pouvais y voir beaucoup d'admiration à l'égard du vampire et, ce que j'interprétai être de la fascination, à mon égard.
Ce qui n'échappa pas à ma vision, fut que Nevra attirait toujours autant l'attention de la gente féminine, en effet, nombreuse avaient été les têtes se retournant sur son passage.
Il stoppa sa marche pour parler à l'un des habitants du Refuge, alors à mon tour, je le regardai.Nevra étaient de ceux qui avaient toujours eu les épaules pour encaisser, et aujourd'hui, plus que n'importe quand, cela irradiait de sa personne.
Soudain, quelque chose me revint en tête. J'avais oublié le livre d'alchimie de Mathieu au Jardin de la Musique.
Je chuchotai à Nevra de me retrouver au réfectoire et filai en direction des jardins.J'accélérai la cadence à chaque foulée, je ne voulais pas faire attendre le vampire, consciente qu'il me faisait presque grâce de sa présence. J'exagérai sans doute mais nombreux était ceux qui m'avaient affirmé que Nevra était très pris par son travail. Je ne voulais pas gâcher cette occasion.
En arrivant sur place, le livre était posé sur l'herbe, à l'endroit même où je l'avais laissé. Je fus quelque peu soulagée au fond de moi, Ezarel m'aurait très certainement sermonné pour avoir osé oublier un manuel d'alchimie, mais comme on disait chez moi : les absents ont toujours tort !
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The choice
FanfikceIl était face à moi. Je pouvais le reconnaître entre mille, il n'avait plus rien de l'homme que je connaissais mais je ressentais notre énergie commune. Comment était-ce possible ? J'étais dans un dilemme et je savais que le choix qui allait s'imp...