la tête à l'envers

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elle est si près du bord de la mer. mon âme souille la bordure, hors d'elle. hors de moi, hors de question, je lui ordonne depuis ma baignoire craquelée de revenir me border, sinon ça va barder pour notre avenir.

alors mon âme sort hors de la mer, mais son bord la suit, l'abordant d'un air contrit "pourquoi tu pars ?" mon âme ne répond pas ; elle n'a toujours pas de bouche, rien qu'un trou bouché. c'est une bouche trou, et elle le sait : je le lui ai dit hier, elle bouche ce vide en moi, ce vide qui est moi depuis que les mots ont perdu leur sens quand j'ai regardé le monde la tête à l'envers.

"me laisse pas, j'me lasserai pas de toi", promet la mer. c'est aussi ce que ma mère prétendait, il y a des années. mon âme hésite, hérissée par nos pensées opposées.

la mer lui tend une embûche, mon âme trébuche. les vagues la tirent et l'attirent malgré elle vers la mer qui s'agite. mon âme cogite comme elle peut, mais elle n'a pas vraiment de cervelle non plus, je me sers d'elle souvent. 

effet merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant