j'ai fini par ramper jusqu'à chez moi, si vide sans mon âme. depuis, elle m'envoie de temps en temps — quand elle en a l'envie et le temps — une carte postale par notre lien effiloché, selon l'endroit où la mer l'a guidée, parce qu'elle a l'air bien décidée à ne pas la larguer comme les amarres du bateau qui l'a repêchée en criant "une âme à la mer !"
hier une plage côtière, aujourd'hui un coin de paradis — banlieue expulsée du ciel par le centre-ville paniqué —, demain le bout du monde (c'est-à-dire un bout, le plus éloigné parmi les centaines de petits bouts éparpillés sur la toile de la mer). je crois que mon âme est heureuse.
peut-être que c'est moi qui délire, parce que j'ai bu trop d'eau de mer. son goût amer ne quitte plus jamais ma bouche et je me noie en moi, ou ce qu'il en reste depuis que mon âme est partie. qu'est-ce qu'il reste ?
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effet mer
Kısa Hikayela mer vomit inlassablement ses trésors sur les plages désespérées. des déchets par milliers. des promesses brisées. mais toujours elle garde les âmes abandonnées, coquillages nacrés qu'elle a ramassés.