Chapitre 1

588 39 11
                                    



Il la plaqua contre le mur alors qu'elle tentait de s'enfuir de la salle de cours. En cet instant-là, leurs visages étaient si proches que si l'un deux respiraient, leurs nez se toucheraient. Le professeur fut le premier à rompre la douloureuse distance. Transformant cette heure de colle en une tout autre punition.

— Buongiorno a tutti ragazzi !

Par réflexe, j'ai fermé mon ordinateur aussi vite que j'ai levé les yeux pour observer mon nouveau professeur d'italien. La précédente est en congé maternité depuis la semaine dernière, donc c'est son collègue qui la remplace – enfin !

Après deux ans de prépa et deux ans dans cette école, je reçois enfin le prix de ma détermination. Andrea Mancini est enfin devant moi. Il me lance un regard, armé d'un sourire, qui dévie sur mon ordinateur l'air de dire "tu vas en avoir besoin". Alors je le réouvre, quitte la page sur laquelle j'étais et tente, tant bien que mal, de me concentrer sur le cours.

Il se présente à tous. Raconte son histoire de famille que je connais par cœur, sa vie en Italie, puis son déménagement en France, avec son frère. Ils ont tous les deux été dans la même université de langue, puis le plus âgé, Alessandro, est devenu professeur de français en Italie. Tandis que lui, a poursuivi les études jusqu'au doctorat.

— Ce qui explique ma présence devant vous, si tout se passe bien, j'aurais ma soutenance de thèse à la fin de l'année.

Les étudiants autour de moi ne sont pas vraiment passionnés, en revanche les étudiantes le sont. J'entends des murmures à ma droite comme à ma gauche. Léana va s'en mordre les doigts de rater ça.

En parlant du loup, ma coloc arrive à point nommé dans la salle. Alors que n'importe quel autre professeur l'aurait renvoyée de là où elle vient, Andrea la laisse me rejoindre. Il précise, par contre, que ce sera la dernière fois qu'il accepte un retard. Je veux bien le croire... Léana bouscule tout le rang de l'amphi pour s'asseoir à côté de moi. Andrea nous lance un regard curieux mais continue la présentation du programme de semestre, déjà un peu entamé.

— Il est BG le prof, t'avais raison.

Pour une fois qu'elle veut bien l'admettre, je devrais l'enregistrer juste pour l'envoyer à nos amis et à ma famille. Quoique, ce ne serait peut-être pas judicieux d'envoyer les mots qui précédé à ma famille.

— Qu'est-ce que tu faisais ?

— Oh, trois fois rien, une fille a fait un malaise dans le bâtiment C donc j'ai dû l'accompagner chez l'infirmière.

— Ah oui trois fois rien, remarqué-je.

Léana a vraiment le cœur sur la main, ce qui, un jour, lui causera des problèmes, mais pour l'instant, c'est sa plus belle qualité. Elle ne se rend pas compte que la plupart des gens auraient laissé cette pauvre fille dans le mal pour ne pas arriver en retard en cours. Surtout dans cette école où tout est chronométré et chaque retard enregistré.

— Comme c'est la première fois que je vous ai, on va commencer par une évaluation... Ne vous inquiétez pas ce ne sera pas noté, je veux juste connaître votre niveau

Précise-t-il en entendant les plaintes qui s'élèvent dans la salle.

— Mais monsieur, les classes sont déjà faites par niveau.

— Oui, mais les tests de niveau ont été faits à votre entrée dans l'école, il y a deux ans ou trois ans pour certains. Entre temps, vous pouvez avoir changé, et puis en général, ces tests ne sont pas vraiment fiables parce que vous les faites depuis chez vous.

Les beaux mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant