Les beaux maux

Chapitre 3

Cinq heures plus tôt...

— Comme on se retrouve.

La poignée de la porte se redresse alors que ma pression disparaît. Les pas des ses chaussures cirées s'approchent de moi quand il réalise que je me suis arrêtée. Non. Il ne faut pas qu'il s'approche. Je me retourne, un masque de fausse gaieté sur le visage.

— C'est vrai, je pensais que vous nous aviez déjà oubliés, s'amuse-t-il.

Mince, il est trop proche. Enfin, pas trop proche comme dans les livres, mais trop proche comme trop beau. Entre voir ses traits parfaits de loin et ne pas voir ses défauts de près, il y a une différence. Il se trouve que lui, il s'en fiche, il est beau dans le noir comme dans la lumière. Et puis ce rire... mamma il venait de son cœur. Argh il faut qu'il se taise. Je creuse ma paume avec les ongles pour ne pas rougir ou dire une bêtise.

Je vais ouvrir la bouche mais il me précède :

— Comment vous oubliez... entre toi et Hippolyte, je pense que s'il fallait se souvenir de deux élèves, ce serait vous.

Il est encore à trois bons mètres de moi mais sa proximité méditerranéenne menace de faire un pas en ma direction. Je me tends. Il m'a reconnue. Il m'a reconnue... Ça veut dire qu'il se rappelle. Ça veut aussi dire qu'il se moque encore de moi.

Tous pareils.

— Je dois y aller.

Mes mots ne suivent pas mes actions. J'hésite entre lui foncer dessus et l'insulter. C'est tellement facile de céder à la colère avec eux. Au fond, je ne suis qu'une élève.

— Attends.

Mon débat intérieur se tait sur ce mot. Si je reste, ce n'est pas parce que j'en ai envie mais parce qu'il me l'a demandé. C'est tout.

— Ça me fait plaisir de te revoir.

Son ton est plus doux, plus timide. Il fait plus son âge quand il se balance d'un pied sur l'autre, la main dans les cheveux, son assurance derrière lui. J'ai tendance à oublier que son statut le force à prendre la tenure d'un homme qu'il n'est pas la plupart du temps. Je me demande comment il agit avec son frère, avec ses amis, avec sa familles.

Non. Je ne veux pas être attendrie par lui. C'est un adulte, plus vieux que moi, il est autant responsable de ses actions qu'un autre. Tout aussi menteur.

— Moi aussi, mens-je à moitié.

Mentir. Est-ce mentir si c'est le cas mais pas comme ça ? Je voulais le revoir, je suis venue dans cette école de merde pour lui. Mais je ne voulais pas voir la vérité en face. Voir dans ses yeux les remords mais surtout les « tu étais une parmi d'autre mais c'est pas grave, je te pardonne ». Pourquoi c'est à lui de me pardonner pour mes erreurs, surtout quand j'ai l'impression que ce n'en était pas une ? C'est lui l'erreur.

Argh. Il faut faire taire la voix misandre en moi qui veut haïr les hommes de cette terre, mais je ne veux pas céder à cette autre voix qui tremble d'obsession pour lui. Le juste milieu Clara, tu connais ?

— À propos de...

— Je suis votre élève maintenant, monsieur Mancini. Il vaut mieux que les relations restent claires afin de ne pas créer de problème au sein de l'établissement.

J'ai dégainé cette phrase d'une traite, d'une voix dure. Je l'ai apprise par cœur, dans l'idée de réussir à la formuler le jour où j'en aurais l'occasion. S'il a mis la première barrière, c'est à moi de mettre la dernière.

Son sourire se déforme dans un tic nerveux qui revient à la normale. Dans ses yeux, j'imagine une sorte de fierté qui ne colle pas bien à son renfrognement. Mes amies me disent que je ne lis pas très bien les émotions des gens, je commence à comprendre pourquoi.

— Tu as raison.

***

Les lectrices de BOU vous devez être trop déçues de cette histoire TvT, je promets que les prochains chapitres seront plus longs et intéressants.

Dites vous que j'ai écrit ce chapitre mais pas mes lettres de motivation pour parcoursup (bon heureusement je suis en étude sup donc mon avenir n'en dépend pas vraiment)

Pour celles qui me découvrent avec cette histoire, n'hésitez pas à aller voir l'autre histoire sur mon profil, elle a l'avantage d'être terminée...

Gros bisouuuuus

❤ Breemana ❤