Chapitre 2 - Cadrage

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Je me figeai quelques instants le temps de réaliser ce qu'il venait de se passer tout en me mordant la lèvre inférieure. Mes yeux se trouvaient devant une parka verte où pendait une écharpe de couleur marron, m'indiquant que je venais de rentrer dans quelqu'un et non pas dans un mur ou tout autre objet inanimé comme je l'espérais dans ce genre de situation. Je sentis mes joues se colorer instantanément. Ce n'était décidément pas mon jour, d'autant plus que je devais avoir une mine affreuse entre mes yeux rouges larmoyants et mon visage bouffi par mes pleurs. Mais la dernière chose que je voulais c'était de passer pour une impolie par simple fierté de cacher mon état du moment. Alors je me reculai instantanément je relevai les yeux dans le but de me confondre en excuses. Mon regard se posa sur une étincelle provenant de l'objet qu'il tenait dans l'une de ses mains. Il s'agissait d'un appareil photo qui avait l'air de bonne fortune, m'indiquant qu'il devait être connaisseur dans le domaine de la capture d'images. Mes yeux s'arrêtèrent sur cette mâchoire triangulaire pour remonter sur ce grain de beauté placé au coin des lèvres puis à ce regard gris envoutant, encadré par deux bandes violettes et dont quelques mèches brunes tombaient par-ci et là. Contrairement à ce que je m'attendais (et appréhendais, je devais l'avouer), je ne voyais aucun sentiment de colère se refléter dans les pupilles de cet inconnu. Il avait un regard tellement doux que ça en était déstabilisant. Une voix grave mais étonnement douce me parvint aux oreilles, m'extirpant de ma torpeur :

- Tout va bien ?

Je restai perplexe face à cette simple interrogation. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas été l'objet. Le ton et l'attitude de mon interlocuteur me semblaient sincères, ce qui me déstabilisai d'autant plus. Cependant, que répondre face à cela ? Devrais-je dire la vérité à un homme que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam que cela ne pourrait pas être pire ? Ou bien fallait-il faire comme le veut la coutume, dire que tout va bien quitte à sortir un énorme mensonge ? Je ne me voyais pas me confier sur mon état, d'autant plus que cette personne n'en avait probablement rien à faire. C'était certainement une question par politesse avant qu'il ne vaque à ses occupations en ayant oublié cet incident dans les minutes qui suivent. Alors, j'optai lâchement pour la seconde option.

- Oui. Veuillez m'excuser j'étais perdue dans mes pensées.

- Vous pleurez.

Etonnée par sa remarque, je portai mes mains encore tremblantes à mes joues que je sentis humides, et baissai la tête honteuse. J'avais envie de m'enterrer dans un trou de plusieurs mètres de profondeur tellement j'étais mal à l'aise d'être vue aussi vulnérable, aussi pathétique. Que pouvait-il bien penser de moi face à cette image que je lui renvoyais ?

- Ce n'est rien, fis-je doucement en essayant de retenir des larmes qui menaçaient de tomber à tout moment.

Il me fixa, visiblement peu convaincu par mes maigres justifications. Il faut dire que je n'avais pas réussi à donner à ma voix l'assurance que j'espérais.

- Puis-je au moins vous proposer un thé ? Pour ma part, cela me réconforte toujours quand j'ai un coup au moral, sourit-il gentiment.

- Vous ne me devez rien, me défendis-je. C'est plutôt moi qui devrais vous proposer cela pour le dérangement occasionné.

- Dans ce cas-là, j'accepte avec plaisir.

- Mais je...

- Allons-y, me coupa t-il en partant devant. Je connais un bon salon de thé à quelques mètres de là, vous m'en direz des nouvelles.

Je le regardai s'éloigner, bouche bée. Cet homme était vraiment curieux. Au lieu de s'énerver, de s'agacer ou tout simplement ignorer une personne comme moi, il s'était soucié de mon ressenti. C'était, je devais l'admettre, peu banal. Une petite voix à l'intérieur me disait de me méfier de ce genre de personne. Après tout, je venais d'en payer les frais il y a quelques heures à peine. Peut-être en faisait-il parti lui aussi. Et puis, qu'est ce qui me prouvait que ce n'était pas qu'un leurre ? Pourtant, une autre voix me disait que je pouvais lui faire confiance. Et c'est cette dernière que je décidai d'écouter. J'avais tout simplement envie de me changer les idées et extirper celles qui étaient trop sombres de ma tête.

Un peu de couleur | Kakashi x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant