Faux semblant

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Paraitre insensible, ne jamais pleurer, ne jamais se plaindre, toujours sourire. Consoler les gens, et se montrer chaleureuse même dans la douleur. Mon sourire est ma meilleure arme, et crois moi : je suis armée sans cesse. Je ne me sépare jamais de cette protection. Mais il arrive parfois qu'elle m'abandonne, peut-être en a-t-elle assez ? Je suis celle qui console, pas celle qui est consolée. Dans les histoires, il faut toujours une personne forte, qui reste là pour les autres mais qui n'a, en apparence, besoin de personne. Et cette personne là, c'est moi. Réputation de coeur de pierre, un déguisement qui me colle à la peau. Je ne peux m'en détacher, et mes larmes cachées entachent mes yeux. Personne ne voit la disparition de cette étincelle, le sourire est là.


Et puis un jour, je craque. Adieu la carapace, la voilà fissurée, brisée, tombée à mes pieds. J'essaye de la ramasser, de la reconstituer. De grandes bouffées d'oxygène, cligne des yeux et tourne le dos aux gens. Allez, tu peux le faire. Tu l'as déjà fait plein de fois, n'est-ce pas ? Mais cette fois là, c'est celle de trop. Retenir les larmes et la douleur, c'est trop dur. Je pars, j'ouvre des portes en panique, je dois me cacher, personne ne doit voir cette partie de moi. Où est passé mon arme ? Où est passé mon maquillage ?


Je tombe sur les genoux, et ma carapace est irrécupérable. Ma vision est trouble, et l'air me manque. Mes épaules s'agitent dans d'innombrables soubresauts. Et je sens une main sur mon épaule. Je la repousse, je me lève, cligne des yeux, respire.


"Tout va bien ?
- Oui, pourquoi ça n'irait pas ?
- Tu pleures...
- Non, non, du tout, allez ! Tout va toujours bien."


Je souris, et mes yeux se cachent. Simulacre au quotidien.

PessimismeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant