« Kingdoms » - Kingdom (Recueil)

👑 Partie 1

     

           Lors d'une douce chute de neige, un petit garçon vêtu de plusieurs fourrures marchait d'un pas lent, la tête relevée vers le ciel. Il lâcha un léger rire lorsqu'un flocon de neige se posa sur son nez et bien vite, il tendit ses mains pour tenter d'attraper les suivants. Les cheveux du garçon volaient en suivant le vent, ils étaient si blancs qu'on pouvait les confondre avec la neige qui tombait du ciel et la fourrure qui le recouvrait, toute aussi blanche, le camouflait dans le paysage montagneux.

Au bout de quelques minutes, il coinça le bout de son gant droit entre ses dents pour le retirer, souhaitant sentir le froid des flocons au creux de sa main. Il ne le craignait pas tant que ça, il avait l'habitude. Son royaume était constamment recouvert de neige et, sous le joug des boyards, il passait de longues journées dehors, dans le froid.

Si cette condition n'était pas digne d'un futur roi, il pouvait au moins affirmer qu'il ressentait ce que son peuple vivait tous les jours. La faim, la misère, les vêtements troués et laissant le froid glisser sur la peau. Sa vie était bien loin de celle rêvée pour les Grands-Princes, il passait ses journées à trembler de peur, la crainte collant ses muscles comme du venin, l'angoisse serrant sa gorge comme un serpent. C'était injuste, pour un enfant de huit ans, de craindre pour sa vie chaque seconde qui passait.

Soudain, un mouvement à sa gauche attira son regard. Il décolla alors ses yeux du ciel pour les poser sur un petit oiseau qui s'approchait en sautillant. Le garçon sourit alors et s'accroupit, trempant sa fourrure dans la neige. Son gant tomba dans la poudreuse mais il ne s'en formalisa pas, il tendit sa main en direction de l'oisillon et claqua sa langue pour l'attirer. L'animal n'avança pas, penchant seulement sa tête, ses petits yeux fixés sur le garçon. Celui-ci planta alors sa main dans sa poche et en sortit le pauvre bout de pain qu'il traînait depuis deux jours. Il l'émietta et tendit une nouvelle fois son bras.

Cette fois-ci l'oiseau avança lentement, petit saut par petit saut, et vint picorer les miettes de pain. Le garçon sourit, n'osant pas bouger. Durant quelques secondes, il se contenta de l'observer, riant parfois en le voyant faire de petits sauts sur place.

Mais une fois que l'oisillon eut laissé sa main vide, il l'attrapa par le cou. Et alors que l'animal commençait à piailler, il sortit le petit couteau qu'il cachait dans son autre poche, éventra la bête d'un coup sec et l'observa mourir à petit feu.

En voyant la neige se teinter de rouge, un grand sourire étira ses lèvres.

   
  
   
  
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