👑 Partie 7

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          Il l'avait remarqué mais après quelques mois, il ne s'en préoccupait déjà plus. Il ne se regardait même plus dans le miroir, il se contentait des regards au début intrigués puis au fur et à mesure effrayés qu'on lui lançait. Dann et les orphelins ne lui faisaient plus de remarques non plus. À la place, ils essayaient de limiter ses actes de plus en plus violents.

Car, depuis trois ans, ses cheveux blancs comme neige viraient mèche par mèche au noir. Et plus ils devenaient obscurs, plus cela semblait affecter sa personnalité déjà bancale. Désormais, il lui arrivait parfois de s'en prendre aux enfants, aux femmes. Si au début il s'amusait à légèrement les bousculer, il n'hésitait plus à les blesser en galopant dans les villages, heurtant les villageois sans s'en préoccuper, riant de leurs visages effrayés. Il faisait peur au peuple, il terrifiait les enfants, il était le cauchemar des animaux.

Et pourtant, il était toujours aussi normal avec les orphelins. Il les voyait de temps en temps, lorsque ceux-ci passaient au château ou lorsqu'il se déplaçait lui-même au village d'Ovno. Chiwoo avait bien grandi mais ne le dépassait toujours pas, Louis n'avait plus l'occasion de lui prêter ses affaires, Mujin et Arthur restaient généralement dans les cuisines, Dann était le plus proche de lui. Jahan était le seul des orphelins à ne jamais trop adresser la parole au tsar, cela durant depuis leur enfance. Le jeune homme n'avait jamais été très serein en sa présence, restant donc relativement à distance.

À ce jour, le royaume de Russie avait beaucoup évolué. Ivan le modernisait, lui redonnait sa splendeur d'autrefois bafouée par les boyards. Cela avait toujours été son objectif et il pouvait dire qu'il était fier des premières années de son règne. La seule tâche sombre à ce tableau était ses cheveux qui devenaient de plus en plus noirs, bien qu'il avait fini par ne plus s'en soucier.

« Quelle est ta requête ? »

Ivan était assis sur son trône, ayant décidé quelques jours plus tôt d'offrir cette journée à écouter son peuple en quête d'aide ou de soutien. L'homme face à lui releva la tête et bafouilla quelques mots avant de formuler pleinement ses tourments.

« Une maladie s'attaquant aux chevaux ravage mon village et j'ai bien peur qu'elle ne se propage.

- Où se trouve ton village ?

- À deux journées de marche, votre altesse. Il s'appelle Alvasky.

- À quoi la maladie ressemble-t-elle ?

- Elle attaque les intestins, les chevaux sont pris de coliques et meurent en un peu plus d'une journée.

- À quel rythme progresse-t-elle ?

- Je dirais que mon village a été contaminé entièrement en une semaine. Il ne reste qu'un ou deux chevaux encore saufs.

- Et à quel point ton village est-il grand ?

- Nous y sommes une soixantaine d'habitants. »

Tout cela fit soupirer le tsar.

On pouvait dire que le régime d'Ivan était pleinement basé sur le paradoxe : lui même déjà avait beau être quelqu'un d'intelligent et responsable, il pouvait être absolument tyrannique et cruel. Si son objectif était de redonner de l'importance au peuple, il n'hésitait cependant pas à s'en prendre à lui pour son plaisir personnel. De la même manière, reconstruire la Russie et la protéger était pour lui d'une importance capitale, mais cela ne l'empêchait pas de prendre des décisions excessivement radicales.

« Eh bien qu'on brûle ton village jusqu'à ce que la maladie soit entièrement décimée. Les maisons, les écuries, les champs. On ne sait pas d'où elle provient.

« Kingdoms » - Kingdom (Recueil)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant