- Mais il n'y a pas à manger là bas ! Pas de... sang...

23 2 2
                                    

Ce qui se passa ensuite est vague, car Sannguy n'est plus là pour le raconter et Lutea n'y prêta pas grande attention. Voilà, tout aurait pu très bien se passer, Welwitschia et Sannguy seraient restées là pour toujours et auraient fini leurs jours en paix. Mais, il se trouve que pour se nourrir, Sannguy devait boire le sang des poissons et des rares autres nourritures qu'elle trouvait. Elle avait fini par s'y habituer et n'avait plus d'envies meurtrières, aussi tout se passait bien. Mais un jour, un jeune dragon dérapa de la falaise qui surplombait la plage et vint s'écraser juste sous le museau de l'Aile de Pluie. C'était un matin brumeux et plutôt sombre, bien qu'il fasse toujours noir sur l'ile volcanique. Lutea était alors partie en dormance. Mais lorsqu'elle découvrit le corps disloqué, Sannguy fut complètement submergée. Lutea revint d'un coup et, comme une tornade, elle chassa Sannguy, prit le contrôle de l'hôte, et se jeta sur la proie. Elle traina le cadavre jusqu'à un recoin rocheux au mépris de tous dangers et but goulument son sang jusqu'à la dernière goutte. Et à chaque gorgée du liquide encore chaud, Lutea se sentait reprendre une force qui l'avait depuis longtemps quittée. Toute sa malignité, sa malfaisance et sa ruse se mirent à l'oeuvre et elle eut bientôt un plan bien construit. Cependant, Sannguy avait gagné en force et elle chassa Lutea, lui intimant de ne pas revenir. Etonnement, celle-ci s'exécuta et elle se tapit dans les profondeurs obscurs du corps, peaufinant ses plans et attendant son heure. Sannguy se lava et chassa quelques poissons pour expliquer son absence, puis elle revint. Welwitschia venait de se lever. Elles se saluèrent et mirent à cuire leur petit déjeuner. Elles ne s'étaient jamais préoccupées de la fumée puisque l'ile entière fumait. Il y avait peu de distraction, cependant. Si l'Aile de Sable ne s'était jamais intéressée à l'étrange dragonnet né sous leurs yeux, l'Aile de Pluie avait pour lui un vif intérêt. Il se promenait régulièrement sur la plage et passait une bonne partie de son temps dans l'eau. Mais plus que tout, il aimait regarder le reflet des étoiles dans l'eau. Les Ailes de Nuit l'appelaient Mirétoile, Sannguy les avait entendu en parler de temps à autre. Hors ce dragonnet attirait aussi beaucoup l'attention de la population. Mais les deux dragonnes ne purent l'observer beaucoup plus longtemps. Les choses commencèrent à empirer lorsque Lutea se mit à remuer. Elle tenta quelques fois de reprendre le contrôle du corps, mais sans plus, et pas en déployant toute sa force. Non, elle attendit Le bon moment.

Sannguy pêchait tranquillement et ses écailles avaient pris la couleur des flots. Hors quelques Ailes de Nuit vinrent à ce moment se promener sur la plage d'ébène. Lutea prit Sannguy par surprise. Elle la chassa et agit vite. Elle s'élança vers les nouveaux arrivants et égorgea le premier. Les autres poussèrent des cris et deux prirent la fuite tendis que deux autres s'attaquaient à l'assaillante. Lutea avait d'excellents réflexes et une longue expérience des combats et les mit rapidement à terre, après quoi elle but leur sang et jeta leurs cadavres dans les flots déchainés. Puis elle s'enfuit et rentra dans la cachette. Sannguy reprit le contrôle mais s'effondra en pleurant. Welwitschia essaya de la consoler mais elle se parvenait à comprendre la cause du malheur de sa compagne.

- Elle... Elle essaie... Elle veut revenir... Je ne suis pas assez forte... gémissait l'Aile de Pluie.

Puis elle finit par s'endormir. Heureusement, les deux dragons qui s'étaient enfuis n'avaient pas été pris au sérieux et les disparitions n'étaient pas rares. Et sans cadavres, pas de preuves. Hors, la mer avait engloutis les corps. Mais Welwitschia s'inquiéta, bien qu'elle ne comprenne pas tous les enjeux. Elle ne savait pas quoi faire mais commença à se méfier. Hors, un jour, elle surprit une conversation d'Ailes de Nuit.

- Y parait que le volcan va bientôt exploser, disait l'un dont la voix était un peu plus aigu que médium et qui semblait lasse.

- C'est au moins la cinquième fois que je l'entends celle-là, grognait l'autre à la respiration sifflante et à la voix plus grave et éraillée.

Le sang de l'assassin (LRDF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant