✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖊𝖓𝖙𝖊 𝖍𝖚𝖎𝖙 ✝

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La peau de Rhym est blanche

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La peau de Rhym est blanche. Magnifiquement immaculée. Comme la surface d'une perle. Notre mort nous a tous effacé, mais elle... Elle persiste.

Pourtant, il n'y a pas plus effacée qu'elle, non ?

Allongée dans mes bras, tous deux dans le lit, je fais passer la pulpe de mes doigts sur ce qui la rend si magnifique. La noirceur de ses cheveux, la douceur de ses paupières, la tendresse de son ventre.

Enfermés dans notre chambre, on n'a que le plafond pour nous regarder.

Le huitième jour pointe le bout de son nez à travers les rideaux gris du lit et les vitraux. Je plisse légèrement les yeux tandis que j'essaye de me redresser et étouffe un grognement silencieux dans le creux de mon épaule. Rhym, dans une vaine tentative d'ignorer notre huitième session de purge, se roule sur le côté et enfouit son visage dans l'infinité de coussins soyeux qui composent ce lit. Elle a surement raison de faire ça, vu ce qu'on a subi hier, gratter la moindre seconde de répit avant de souffrir, encore et encore, face à un passé qui se fait de plus en plus létal.

Parce que ouais... Le plus sale de nous arrive à un terme.

Silencieux, je me glisse en dehors du lit et me dirige vers la porte de la chambre, ignorant mon reflet dans le grand miroir que j'avais vu en me réveillant pour la toute première fois. Putain, le moment où je me redressais en sursautant, nu comme un ver dans un lit du genre, face à mon reflet pâle, semble si loin. À présent, je suis habitué à voir des plumés et leurs auréoles lumineux. Des crocs, des invocations, des inscriptions en araméen, latin et ancien hébreux... Plus rien de tout ça ne me fait de l'effet. En revanche...

Je me retourne à demi vers Rhym dont je ne vois plus que les longs cheveux obscurs et hésite un moment avant d'ouvrir la porte.

Mais bon. Je suis le premier réveillé... Je suis donc le premier à affronter le huitième jour.

***

Je suis seul dans le couloir. Je suppose que Lucifer m'a recraché en avance, aujourd'hui. Je me laisse divaguer d'une porte fermée à une autre, rebondissant contre les murs froids de la Maison Grise en ignorant les mille et unes illustrations différentes qui semblent pourtant me suivre depuis leurs vitraux.

Il n'y a vraiment personne.

Même lorsque j'arrive dans la cathédrale centrale. Pas une auréole divine, pas une brise. Juste moi et l'horloge dont l'unique aiguille pointe désormais sur le huitième chiffre.

Je ne la quitte pas du regard, même lorsque j'enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon blanc.

L'aiguille semble si proche de la croix symbolisant le dix... Qu'est-ce qui se passera ensuite ? Est-ce qu'on sera enlevé de nos lits de force et envoyé à notre fameuse destination ? Est-ce qu'on tombera dans un sale trou brûlant ? Est-ce qu'on se fera kidnapper par une lumière blanche et chaleureuse ? Ou est-ce qu'on devra passer une entretien d'embauche ? Un moment où l'on devra définir qui nous sommes réellement ?

Until Heaven ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant