Chapitre sept

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Je finis par ouvrir les yeux en sursaut. J'ai la respiration courte, les oreilles qui bourdonnent et mon coeur qui implose dans ma cage thoracique. Je reste quelques minutes groggy à essayer de me remettre de la vision que j'ai eu quelques instant plus tôt. Ce n'était pas une hallucination, c'était plus que ça. Tout était si réel, si vrai que j'ai vraiment la sensation au plus profond de moi que quand ta peau a touché la mienne, ce que j'ai ressenti n'était pas imaginaire.

C'est la première fois que ce genre de chose arrive. D'habitude, je n'ai que le droit de regarder mes propres souvenirs sans faire partie de la scène, sans pouvoir agir. En temps normal, je suis assise au rang de spectatrice à regarder mon ancien-moi profitait de la vie avec l'innocence du futur mais aujourd'hui, le ciel a été clément envers moi et il m'a offert un cadeau inestimable. Quelques minutes supplémentaires à tes côtés.

Je devrais sûrement m'inquiéter de ce que je viens de vivre mais pourtant au plus profond de moi, je ne ressens que de la gratitude. Cette expérience a permis de chasser le manque qui ne fait que s'amplifier au fil des jours mais comme une bête féroce, il ne reste jamais bien longtemps éloigné de sa proie. Alors, il revient mais la bête ne compte pas continuer à me faire souffrir, cette fois-ci elle veut m'achever. Sans que j'y sois préparée, le premier coup est porté. Mon coeur est comprimé par un étau invisible qui m'asphyxie doucement. Mes muscles se raidirent à m'en faire craquer mes os, dans ma bouche un goût de cendre se mêle à ma respiration étouffée. Je lutte pour ne pas sombrer mais comment lutter face à cette bête assoiffée de douleur ?

J'ai toujours su que ça finirait pas arriver. Depuis que tu es mort, je m'efforce de tenir en laisse cette douleur et en particulier le manque de toi. Tu étais comme une drogue qui m'aidait à avancer pas après pas, qui m'aidait à ne pas m'effondrer et à penser au futur car j'ai toujours pensé qu'on avait la vie devant nous. Dans les jours où je me sentais perdue, il suffisait que je respire tes cheveux et que je te prenne contre moi pour que je retrouve mon chemin. Tu étais la boussole de ma vie qui me permettait de jamais me tromper de chemin et de toujours revenir chez nous. Je me suis battu sans relâche pour être maître de la situation malgré mes nombreuses descentes en enfer, mais viendrait un jour inévitable où elle finirait par ronger ses liens pour ensuite venir me dévaster de l'intérieur.

Après tout, j'attends perpétuellement que la mort vienne me délivrer de mes souffrance alors si cette délivrance se présente sous la forme dun être carnassier qui déchiquette mon coeur pour n'en laisser que des morceaux éparpillés à travers ce parc humide et désert, qu'il en soit ainsi alors...

Je finis par me recroqueviller sur ce banc et je me laisse porter par le son de ta voix. Mes yeux se ferment, les battements de mon coeur se font de plus en plus lent puis je lâche prise et je laisse la vie s'évaporer de mon corps.

De l'ombre à la lumière ( côté lumière )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant