Chapitre trois

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Je finis par m'approcher d'un des bancs qui bordent le manège mais ce n'est pas n'importe quel banc, c'est le notre. Il y a encore quelques mois de cela, j'ignorais qu'un simple banc pourrait être tellement important à mes yeux. On a passé tellement d'après-midi, de journée d'été, assis tout les deux sur ce banc à te regarder chevaucher ces chevaux majestueux. Tellement de temps à entendre tes rires envahir l'espace environnant, tellement d'heures passées à retrouver mon âme d'enfant en te voyant si épanouit et heureux. Tellement de moments partagés que j'espérais éternel mais qui tout compte fait ne sont qu'éphémères et temporaires.

Je finis par me ressaisir et j'essuie d'une main maladroite, les quelques larmes qui ont réussi à percer ma défense. Je prends une grande inspiration pour essayer de contenir ma douleur quelques temps encore puis je m'assois sur ce banc que je ne connais que trop bien. Il y a toujours cette même vue panoramique sur le manège mais pourtant quelques chose a changé, quelques chose est différent comme manquant. Je me rends assez vite compte que c'est toi qu'il manque à cette vue. Tu étais l'âme de ce manège, de ce parc, de cette ville, de cette vie ou en tout cas à mes yeux de maman. Tout est différent sans mon petit garçon dans les parages. Où que j'aille, quoi que je fasse, plus rien na la même saveur. Ma vie est terne et monotone, les jours passent et se ressemblent et je m'efforce juste de suivre le cours de la vie, en réalité je m'efforce de survivre dans un monde où tu n'es pas.

Je plonge ma main dans ma poche pour sentir le métal si réconfortant et à la fois effrayant. Elle est là, devant moi, brillante de mille feux alors que seul les ténèbres m'entourent. Ça fait plusieurs jours voir des mois que j'y pense sans arrêt. Depuis qu'on m'a annoncé qu'ils n'avaient rien pu faire pour te sauver, cette idée ne me quitte jamais. Comme une voix envoûtante qui me chuchote dans l'obscurité de la nuit que c'est la meilleure chose à faire pour ne plus ressentir cette douleur terrassant tout ce qu'il reste de mon petit coeur si fragile. Cette même douleur qui compresse mon coeur et qui m'empêche de respirer. La même encore qui me réveille haletante et tremblante en pleine nuit. Encore elle qui me miroite des images si réelles de toi et qui insuffle encore plus de venin dans mon corps.

L'amour s'est tellement beau et destructeur à la fois, comme une balance en parfaite équilibre sur laquelle il faut constamment veiller pour éviter qu'elle ne penche trop d'un côté.

De l'ombre à la lumière ( côté lumière )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant