3 - B l u e R a i n

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La pluie, c'est un drôle de sentiment ça
Comme si le ciel pleurait lui aussi
Les rues d'ame - Pxrple

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   Léonard fixait le vide, la pluie ruisselait sur la vitre du train et le temps ne faisait qu'empirer. Le paysage défilait à toute vitesse, les couleurs se mélangeaient pour ne ressembler plus qu'à un tableau d'art abstrait, du vert, du marron et du gris, beaucoup de gris.

Il appréciait ce genre de week-end passé sur Paris, il avait l'impression que ses problèmes se trouvaient à des kilomètres de lui et ses amis avaient le don de savoir lui changer les idées, même inconsciemment.

   Certes il était le plus jeune et, contrairement aux autres, il n'était pas majeur mais il se sentait « bien » avec eux. L'année précédente, Sohenn avait fait sa Terminale dans le même lycée que lui, ils s'étaient rencontrés à l'issu d'un projet organisé par leur école et le contact était bien passé entre eux. Sohenn connaissait Ylan qui habitait sur Paris avec ses parents, et ce dernier était déjà très proche de Lysandro et Joshua. Léonard avait eu un coup de foudre amical pour Lysandro ; cela n'avait pas été très facile au début mais depuis, il ne pouvait plus se passer de lui. Le groupe s'était formé tout naturellement et avait pris l'habitude de se retrouver sur Paris le week-end pour faire la fête ou simplement passer du bon temps ensemble.

   Seulement, ce week-end ne s'était pas déroulé comme prévu, il n'avait pas pu se perdre dans l'alcool comme d'habitude. Il y avait eu ce jeune homme, tout à fait banal, à vrai dire. Banal, mais pas aux yeux de Léonard qui en voulait à sa tête d'avoir de telles réactions.

   Son portable vibra dans sa poche, le tirant à sa rêverie, pourtant il ne bougea pas. Il voulait savoir qui était l'auteur de ce message, il voulait également connaître son contenu, il n'avait pas l'habitude de recevoir de SMS parce que personne ne pensait à lui écrire, mais il ne bougea pas. Son cœur lui faisait mal depuis qu'il avait quitté l'appartement de Lysandro, mais il n'aurait su expliquer pourquoi.

   Ce ne fut qu'au bout de dix minutes qu'il se décida enfin à regarder son téléphone.

   +33 7 ** ** ** ** :
Salut c'est Nolan un ami de Lysandro, brun, yeux bleus, légèrement stupide sur les bords... Enfin bref j'étais à la soirée ce week-end et je tenais encore à m'excuser si j'ai pu t'offenser avec mon comportement.

   Léonard esquissa un demi-sourire, mais à peine eut-il fini de lire le message qu'il rangea son téléphone portable dans sa poche sans répondre, reportant son attention sur l'extérieur qui n'était désormais plus qu'un nuancé de gris. Il répondrait plus tard, lorsqu'il trouverait l'envie et l'énergie de le faire.

   Il descendit du train aux alentours de treize heures trente. Il traversa la gare de Caen sans vraiment prêter attention au monde qui l'entourait, cela lui arrivait souvent lorsqu'il sortait seul, cette étrange impression de ne pas se sentir vivre.

   Arrivé dans la rue, son regard tomba directement dans celui de son frère, Augustin. Il reconnaissait avoir de la chance d'entretenir une bonne relation avec lui. Durant leur enfance, ils avaient dû faire les cent coups à leurs parents, duo malin formé de deux diablotins, mais il ne s'en souvenait pas. Ils étaient différents sur bien des points, à commencer par leur différence d'âge de six ans, mais ils arrivaient tout de même à rester proches et ne se chamaillaient que très peu.

   Il observa le jeune homme qui était emmitouflé dans une grosse veste, ses cheveux d'un blond doré étaient la définition même d'un champ de bataille, et sa main, aussi blanche et laiteuse que celle de Léonard, tenait fermement un parapluie vert pomme au-dessus de sa tête pour se protéger de la pluie. Une beauté digne d'Achille. Il offrait son sourire le plus chaleureux à son petit frère qui s'avança vers lui.

ÉCLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant