ÉCLIPSE

9 - H o m e

This is a place where I don't feel alone
This is a place where I feel at home
To Build A Home - The Cinematic Orchestra, Patrick Watson

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   Nolan observait Lysandro qui déposait minutieusement les ingrédients sur la pâte à pizza, les rondelles de tomates et de mozzarella, dans une disposition plutôt satisfaisante. Il chantonnait, aussi joyeux que s'il s'était trouvé auprès des anges, et Nolan souriait. C'était l'hiver mais le soleil timide venait chatouiller le bout de son nez à travers la fenêtre, d'une caresse plus qu'agréable.

   — C'est l'heure du café ! s'exclama Joshua en débarquant dans la cuisine. Nolan ?

   Il hocha la tête pour lui faire comprendre qu'il en désirait bien un, et il le regarda actionner la machine. C'était amusant pour lui d'être celui qui se faisait servir pour une fois. L'appareil se mit à trembler frénétiquement et du café s'en découla dans un vrombissement peu harmonieux.

   — Vas-y, s'écria Lysandro pour couvrir le vacarme. Plus de bruit !

   — Quel rabat-joie ! J'allais te servir une tasse mais je préfèrerais la renverser par-dessus le balcon plutôt que de te la donner.

   — Fais-donc et tu pourras te fourrer ta part de pizza ailleurs que dans la bouche.

   — Oh ! Mais je rêve ou Léo déteint sur toi, remarqua Joshua en s'adossant au plan de travail, son café à la main, après en avoir donné un à Nolan. Tu prends les mêmes manies vulgaires que lui.

   Nolan se cacha derrière sa boisson en buvant une gorgée, pendu aux lèvres des deux garçons pour suivre la conversation de près. Il avait à nouveau était invité à passer le week-end chez Lysandro et il se demandait si cela allait être l'occasion pour lui de revoir Léonard. Personne n'avait confirmer explicitement sa présence et inconsciemment, il l'attendait.

   — Bon..., soupira Ylan en les rejoignant dans la cuisine, il arrive quand Aslanov ? J'en ai marre d'attendre.

   Oh.

   Lysandro le réprimanda en lui reprochant de ne pas l'avoir aidé à faire à manger pour occuper son temps et Ylan se mit à ronchonner, trop fier pour avouer ses torts. Nolan sourit de plus belle.

   — Léo m'a dit qu'il était arrivé devant l'immeuble, annonça Sohenn.

   La sonnette retentit au même instant et le jeune homme de dix-huit ans ne perdit pas une seconde pour aller ouvrir alors que Lysandro se redressait et relevait la tête, tout sourire. Nolan le nota mentalement : les garçons se mettaient à rayonner lorsque Léonard débarquait.

   — Yo, salua le nouvel arrivant en faisant le signe de la victoire de sa main gauche.

   Nolan se retourna vers lui. Il portait une doudoune noire dans laquelle il s'était emmitouflé en la fermant jusqu'au cou pour y fourrer son menton.

   — C'est moi ou il fait de plus en plus froid à Paris ?

   — Espèce de faible, se moqua Ylan tandis que Sohenn récupérait son manteau.

   — C'est ça, gosse de riches. Josh, tu me fais un café, s'il te plaît ?

   Le barman atitré s'exécuta et Léonard se passa les mains sur le visage en soupirant. La nuit avait été longue et le trajet s'étant additionné à cette fatigue, il avait la sensation qu'il pourrait s'allonger sur le sol et dormir des mois, attendant que l'hiver passe. Il laissa son regard glisser de la fenêtre à Nolan qu'il vit pour la première fois depuis une semaine, et fut surpris de le voir là, dans cette cuisine. Ce dernier lui adressa un léger sourire, plus visible dans ses yeux que sur ses lèvres, auquel il répondit à peine, coupé dans son geste par une tasse tendue par l'aîné du groupe.