Vivre

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"La vie est un mystère qu'il faut vivre et non un problème qu'il faut résoudre."
Gandhi


La nuit aura été longue. Et le sommeil n'aura pas été le refuge de Liz. Au lieu de ça, elle est assise sur son lit, les cheveux en bataille, des bleus sur le corps et des griffes sur les bras, les yeux bouffis par l'écoulement des larmes interminable. Quand le réveil sonne, il n'a comme réponse qu'un méchant coup de pied l'envoyant valser de l'autre côté de la chambre. L'école attendra, ce n'est pas pour elle. Avoir accepté qu'elle souffre lui aura certes détruit le moral, l'envoyant dans des abysses qu'elle ne connaissait pas encore, mais au moins, maintenant elle le sait. Elle se lève, descend les escaliers, se prépare un café et s'installe à table. Pas de petit frère, pas de papa, le calme complet. Elle ne demandait pas mieux. Son déjeuner ne sera pas accompagné de lecture, une première en sûrement dix années d'existence. Elle laisse un écoulement de pensées noirs comme son café lui torturer l'esprit.

La matinée passe vite. Et le téléphone aura sonné plus d'une fois. Sûrement l'école. Peur des représailles, des remarques qu'on lui ferait sur cet abandon si rapide, elle n'a pas osé décrocher une seule fois. Mais quand la sonnette de la maison retentira, elle n'a pas pu esquiver... Elle descendra pour ouvrir la porte, et quelle ne fût sa surprise en voyant Emma, bien sûr, mais aussi Matteo, l'ami parfait, celle dont elle s'avoue avoir été amoureuse avant le drame. Que serait une histoire sans une part de positivité? Sauf qu'ici, il n'y en a aucune...Liz les fera juste entrer sans dire un seul mot, et les deux fidèles amis prirent place dans le salon dans le même silence.

Liz reviendra de la cuisine avec deux cafés supplémentaires et leur donnèrent. Emma pris la parole en première.
« Tu n'es pas venue, alors on s'inquiétait..Matteo est venu me voir parce qu'il t'a vu hier. Il était content mais inquiet, il sentait que tu allais mal. »

Le jeune adolescent hocha la tête. Pour vous le décrire, il était toujours habillé simplement, pull jeans. Ses cheveux mis-longs bruns lui donnaient ce style de surfer un peu ridicule mais qui avait son charme, auprès de nombreuses élèves d'ailleurs. Il continua.
« J'ai été surpris quand je t'ai vue hier. Je pensais que tu ne reviendrais jamais...Mais j'ai aussi eu peur. À vrai dire, j'ai pensé que c'était mieux que tu restes chez toi, là où rien ne peut t'atteindre.. »

Liz enchaina.
« Je pensais que j'y arriverai. Mais rien n'y fait. Je ne serai jamais guérie. Je ne serai jamais moi-même. Je n'arriverai jamais à me remettre. À avancer. Peut-être que je ne suis juste pas faite pour vivre, que j'ai épuisé mes forces. »

Emma bondit sur ces mots, et foncera droit sur son amie. Mais remarquant ses blessures, elle se stop net, et comprend que le problème n'est plus de l'ordre de ce qu'une enfant de quatorze ans peut régler... Elle se contentera de s'asseoir et de venir prendre les mains de son amie. Matteo, lui, désemparé, n'osera dire un mot.

Au final, les amis restèrent dans ce silence pendant une trentaine de minutes. Emma finira par se lever et se dirigera vers la sortie, suivie de Matteo. Avant de sortir, l'adolescente aux cheveux noirs dira doucement.
"Elle aurait été fière de toi, ta maman. J'en suis sûr. Ne gâche pas cette fierté."
Lorsqu'elle aura claqué la porte derrière elle, Liz reçue une gifle absolument monumentale. Tout ce qu'elle s'efforçait d'effacer refît surface d'un coup. Un torrent de bonheur, de bons souvenirs, de bons moments passés avec sa mère, vinrent briser les dernières défenses solides de la jeune fille. Tiraillée entre profonde tristesse et infime bonheur de se rappeler de ça, des perles salées finirent par tomber sur ses joues alors qu'elle se dirigera vers sa chambre.

Une fois en haut, elle allumera son ordinateur et passa en revue tous ses écrits, se rendant compte que tout a un lien. Elle vient alors, sans aucun doute, publier ses écrits sur la toile, et referme ensuite directement son ordinateur. Au final, elle ne veut plus attendre pour aller à la mer. N'ayant pas eu de nouvelles de sa grand-mère depuis un petit temps, elle se décide d'appeler, prête à prendre en main sa vie, d'accepter ses faiblesses, et de se consacrer à ce qu'elle apprécie, ce qu'elle aime. Écrire. Ce, sans savoir que les chiffres augmentent à une vitesse record sur internet...

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